🙏 Merci aux personnes qui s’engageront dans le projet en passant par ce lien : fr.tipeee.com/arthuryasmine. P.-S. - Un dossier réunissant toutes les émissions ‘Un siècle d’écrivains’ dédiées à un poète est désormais disponible : ruclips.net/p/PLkAOfciczii__SaXW9hTBX6CpG5aefMjj.
Tel qu'en Lui-même enfin l'éternité le change Le poète suscite avec un glaive nu Son siècle épouvanté de n'avoir pas connu Que la mort triomphait dans cette voix étrange Stéphane Mallarmé (Le tombeau d'Edgar Poe - 1898)
📖 Pour une anthologie poétique en éclats, un texte de Louis Aragon : "Le temps des mots croisés" Ô soleil de minuit sans sommeil solitude Dans les logis déserts d'hommes où vous veillez Épouses d'épouvante elles font leur étude Des monstres grimaçants autour de l'oreiller Qui donc a déchaîné la peur cette bannie Et barbouillé de bleu panique les carreaux Le sable sous le toit Dans le cœur l'insomnie Personne ne lit plus le sort dans les tarots Sorciers vous pouvez seuls danser dans la bruyère Elles ne veulent plus savoir si tu leur mens Amour qui les courbas mieux qu'aucune prière Quand la Gare de l'Est eut mangé leurs amants Femmes qui connaissez enfin comme nous-mêmes Le paradis perdu de nos bras dénoués Entendez-vous nos voix qui murmurent Je t'aime Et votre lèvre à l'air donne un baiser troué Absence abominable absinthe de la guerre N'en es-tu pas encore amèrement grisée Nos jambes se mêlaient t'en souviens-tu naguère Et je savais pour toi ce que ton corps faisait Nous n'avons pas assez chéri ces heures doubles Pas assez partagé nos songes différents Pas assez regardé le fond de nos yeux troubles Et pas assez causé de nos cœurs concurrents Si ce n'est pas pourtant pour que je te le dise Pourquoi m'arrive-t-il d'entendre ou de penser Si les nuages font au jour des mèches grises Et si les arbres noirs se mettent à danser Écoute Dans la nuit mon sang bat et t'appelle Je cherche dans le lit ton poids et ta couleur Faut-il que tout m'échappe et si ce n'est pas elle Que me fait tout cela Je ne suis pas des leurs Je ne suis pas des leurs puisqu'il faut pour en être S'arracher à sa peau vivante comme à Bar L'homme de Ligier qui tend vers la fenêtre Squelette par en haut son pauvre cœur barbare Je ne suis pas des leurs puisque la chair humaine N'est pas comme un gâteau qu'on tranche avec le fer Et qu'il faut à ma vie une chaleur germaine Qu'on ne peut détourner le fleuve de la mer Je ne suis pas des leurs enfin parce que l'ombre Est faite pour qu'on s'aime et l'arbre pour le ciel Et que les peupliers de leur semence encombrent Le vent porteur d'amour d'abeilles et de miel Je suis à toi Je suis à toi seule J'adore La trace de tes pas le creux où tu te mis Ta pantoufle perdue ou ton mouchoir Va dors Dors mon enfant craintif Je veille c'est promis Je veille Il se fait tard La nuit du moyen-âge Couvre d'un manteau noir cet univers brisé Peut-être pas pour nous mais cessera l'orage Un jour et reviendra le temps des mots croisés
La chronologie est plusieurs fois confuse et ne rend pas un Aragon tel qu'en lui-même. Quant à l'adhésion au Parti communiste, rien n'est dit du rôle du groupe surréaliste et tout se passe comme si c'était une adhésion ne concernant qu'Aragon lui-même et André Breton.
🗝 Pour entrer dans l’univers d'Aragon, un seul livre, une seule édition, une seule clé : _Œuvres poétiques complètes_ dans l’édition de la Pléiade dirigée par Olivier Barbarant (en deux tomes).
La suspension des abonnements soviétiques aux Lettres françaises n'a pas pour cause unique la défense de Soljenitsyne, Pierre Daix est bien placé pour le savoir, puisqu'il était rédacteur en chef du journal, mais a pour cause toute une série de prises de positions, depuis plusieurs années déjà, contre les manquements à la liberté en Union soviétique, prises de positions qui continuerons jusqu'à la mort du journal. C'est en 1962 que Pierre Daix écrit son article sur "Une journée d'Ivan Denissovitch" ; or, Les Lettres françaises, suites à l'arrêt des abonnements soviétiques qui ont lieu quatre ans avant, soit en 1968, à l'époque où Aragon préface "La plaisanterie" de Milan Kundera dans laquelle il qualifie l'invasion de Prague par les troupes du Pacte de Varsovie de "Biafra de l'esprit", Les Lettres françaises, disais-je, meurent en 1972, soit dix ans après les premières réceptions, en France, de l'œuvre du dissident soviétique. Décidément, Pierre Daix a besoin d'un Aragon à la mesure de ses propres changements idéologiques qui finiront par le conduire à la table d'un des plus "grands" patrons français : François Pinault.
"Désastre politique" : pour un homme, Aragon, qui n'a jamais été d'une seule pièce, toujours écartelé par les bruits du temps, toujours morcelé dans sa propre identité, toujours fragmenté par les désespoir d'une "vie gâchée", - dixit Aragon lui-même - toujours éclaté par les désordres du monde, l'expression qui lui est là accolée est bien pauvre, pauvre comme cette image que Pierre Daix donne d'un Aragon tel qu'en lui-même, lui-même étant à vrai dire Pierre Daix lui-même.
🙏 Merci aux personnes qui s’engageront dans le projet en passant par ce lien : fr.tipeee.com/arthuryasmine.
P.-S. - Un dossier réunissant toutes les émissions ‘Un siècle d’écrivains’ dédiées à un poète est désormais disponible : ruclips.net/p/PLkAOfciczii__SaXW9hTBX6CpG5aefMjj.
Merci pour ce "Siècle" que je n'avais pas.
Tel qu'en Lui-même enfin l'éternité le change
Le poète suscite avec un glaive nu
Son siècle épouvanté de n'avoir pas connu
Que la mort triomphait dans cette voix étrange
Stéphane Mallarmé (Le tombeau d'Edgar Poe - 1898)
magnifique reportage
📖 Pour une anthologie poétique en éclats, un texte de Louis Aragon : "Le temps des mots croisés"
Ô soleil de minuit sans sommeil solitude
Dans les logis déserts d'hommes où vous veillez
Épouses d'épouvante elles font leur étude
Des monstres grimaçants autour de l'oreiller
Qui donc a déchaîné la peur cette bannie
Et barbouillé de bleu panique les carreaux
Le sable sous le toit Dans le cœur l'insomnie
Personne ne lit plus le sort dans les tarots
Sorciers vous pouvez seuls danser dans la bruyère
Elles ne veulent plus savoir si tu leur mens
Amour qui les courbas mieux qu'aucune prière
Quand la Gare de l'Est eut mangé leurs amants
Femmes qui connaissez enfin comme nous-mêmes
Le paradis perdu de nos bras dénoués
Entendez-vous nos voix qui murmurent Je t'aime
Et votre lèvre à l'air donne un baiser troué
Absence abominable absinthe de la guerre
N'en es-tu pas encore amèrement grisée
Nos jambes se mêlaient t'en souviens-tu naguère
Et je savais pour toi ce que ton corps faisait
Nous n'avons pas assez chéri ces heures doubles
Pas assez partagé nos songes différents
Pas assez regardé le fond de nos yeux troubles
Et pas assez causé de nos cœurs concurrents
Si ce n'est pas pourtant pour que je te le dise
Pourquoi m'arrive-t-il d'entendre ou de penser
Si les nuages font au jour des mèches grises
Et si les arbres noirs se mettent à danser
Écoute Dans la nuit mon sang bat et t'appelle
Je cherche dans le lit ton poids et ta couleur
Faut-il que tout m'échappe et si ce n'est pas elle
Que me fait tout cela Je ne suis pas des leurs
Je ne suis pas des leurs puisqu'il faut pour en être
S'arracher à sa peau vivante comme à Bar
L'homme de Ligier qui tend vers la fenêtre
Squelette par en haut son pauvre cœur barbare
Je ne suis pas des leurs puisque la chair humaine
N'est pas comme un gâteau qu'on tranche avec le fer
Et qu'il faut à ma vie une chaleur germaine
Qu'on ne peut détourner le fleuve de la mer
Je ne suis pas des leurs enfin parce que l'ombre
Est faite pour qu'on s'aime et l'arbre pour le ciel
Et que les peupliers de leur semence encombrent
Le vent porteur d'amour d'abeilles et de miel
Je suis à toi Je suis à toi seule J'adore
La trace de tes pas le creux où tu te mis
Ta pantoufle perdue ou ton mouchoir Va dors
Dors mon enfant craintif Je veille c'est promis
Je veille Il se fait tard La nuit du moyen-âge
Couvre d'un manteau noir cet univers brisé
Peut-être pas pour nous mais cessera l'orage
Un jour et reviendra le temps des mots croisés
Il 'a pas l'amour heureux?
Dit Aragon.
Oui, vous l'avez choisi et tenu juqu'à la mort.
C'est votre histoire fondue.
La chronologie est plusieurs fois confuse et ne rend pas un Aragon tel qu'en lui-même. Quant à l'adhésion au Parti communiste, rien n'est dit du rôle du groupe surréaliste et tout se passe comme si c'était une adhésion ne concernant qu'Aragon lui-même et André Breton.
🗝 Pour entrer dans l’univers d'Aragon, un seul livre, une seule édition, une seule clé : _Œuvres poétiques complètes_ dans l’édition de la Pléiade dirigée par Olivier Barbarant (en deux tomes).
Une édition magnifique !
Ah ce cher Aragon.. merci de nous en donner sa plus belle représentation !
La suspension des abonnements soviétiques aux Lettres françaises n'a pas pour cause unique la défense de Soljenitsyne, Pierre Daix est bien placé pour le savoir, puisqu'il était rédacteur en chef du journal, mais a pour cause toute une série de prises de positions, depuis plusieurs années déjà, contre les manquements à la liberté en Union soviétique, prises de positions qui continuerons jusqu'à la mort du journal.
C'est en 1962 que Pierre Daix écrit son article sur "Une journée d'Ivan Denissovitch" ; or, Les Lettres françaises, suites à l'arrêt des abonnements soviétiques qui ont lieu quatre ans avant, soit en 1968, à l'époque où Aragon préface "La plaisanterie" de Milan Kundera dans laquelle il qualifie l'invasion de Prague par les troupes du Pacte de Varsovie de "Biafra de l'esprit", Les Lettres françaises, disais-je, meurent en 1972, soit dix ans après les premières réceptions, en France, de l'œuvre du dissident soviétique.
Décidément, Pierre Daix a besoin d'un Aragon à la mesure de ses propres changements idéologiques qui finiront par le conduire à la table d'un des plus "grands" patrons français : François Pinault.
"Désastre politique" : pour un homme, Aragon, qui n'a jamais été d'une seule pièce, toujours écartelé par les bruits du temps, toujours morcelé dans sa propre identité, toujours fragmenté par les désespoir d'une "vie gâchée", - dixit Aragon lui-même - toujours éclaté par les désordres du monde, l'expression qui lui est là accolée est bien pauvre, pauvre comme cette image que Pierre Daix donne d'un Aragon tel qu'en lui-même, lui-même étant à vrai dire Pierre Daix lui-même.
Et tu vas continuer à écrire longtemps comme ça.
continueR
@@leidetpatrick4196 Effectivement, très grosse faute ! Merci de me l'avoir signalée.