J'ai lu Arne Naess et j'ai adoré y trouver 1/ une ontologie biologiste de l'homme (dans la nature, sans N) 2/ une plateforme éthique (on doit normaliser notre occupation du monde) 3/son pragmatisme socio-politique (on doit discuter avec tout le monde, multinationales comprises). Dans la même veine, lire Catherine Larrère et John Baird Callicott.
Très bonne vidéo, rien à dire ! Je ne savais pas que Murray Bookchin était à ce point opposé à la deep ecology. D'ailleurs, est-ce que tu compte faire une vidéo sur Bookchin et l'écologie sociale ? Encore bravo pour ton travail
Merci pour cette vidéo qui cherche à présenter la Deep Ecology de manière assez factuelle. Je l'ai trouvée surprenante par le ton assez ironique adopté, qui fait moins vulgarisation que critique à moitié assumée (elle est bien assumée plus loin dans la vidéo). Et surtout j'ai senti que le traitement allait être partial, et finalement partiel. La deep ecology a certes été posée par Naess mais il n'en est pas le seul penseur, loin de là, et cette philosophie traite aussi et surtout du rapport à la nature, à la vie, de la sensibilité humaine et non humaine. Il aurait pu être intéressant de regarder et partager d'autres auteurs, contemporains, comme Joanna Macy (une des plus connues et actives), ou des critiques de la critique de l'EP (ici Thierry Hoquet www.nonfiction.fr/article-2134-lecosophie-politique-et-humaine-darne-naess.htm ou Fabrice Flipo là www.cairn.info/revue-mouvements-2009-4-page-158.htm, d'ailleurs ce deuxième article est fort intéressant en soulignant notamment que Naess proposait une sagesse plutôt qu'une philosophie politique, une distinction à creuser/vulgariser ?). Enfin, à partir du moment où l'on aborde la question de la quantité factuelle d'humains sur Terre et de leur empreinte cumulée (carbone mais pas que), on s'expose au risque de reprise par les misanthropes, malthusiens, et fascistes. Comme souligné dans un autre commentaire, on peut se projeter dans une population mondiale plus réduite, qui a une empreinte cumulée (et per capita) nettement plus réduite, comme une partie des solutions dans la perspective d'un monde + vivable pour les humains et les autres qu'humains, sans automatiquement exonérer les (pays) plus riches des efforts de réduction, ni proposer des méthodes d'élimination directe ou passive d'humains déjà bien vivants. Sensibilité, compassion, justice, des éléments qu'on retrouve fortement dans l'écologie profonde (c'est ça aussi le biocentrisme).
Tout à fait, il aurait fallu beaucoup plus de temps pour entrer dans les détails. Depuis cette vidéo je me suis laissée dévier de la concision par mon envie de faire plus complet et plus précis, et si je devais recommencer, effectivement je raffinerais beaucoup plus, pour donner à entendre des voix différentes à propos de la Deep Ecology. Oui, c'est plus une "sagesse", pour le dire vite. Ceci dit, dans le cadre de l'écologie politique, les propos dépolitisés/dépolitisants ont du mal à trouver une place légitime et se font vite sonner les cloches, il me semble, justement parce que les conséquences de ces "sagesses" sont politiques, ça ne flotte pas dans le monde des concepts, ça amène vraiment les gens à agir dans le monde, ça a des conséquences. Du coup, les reproches semblent assez légitimes, mais oui, je suis tout à fait d'accord qu'il aurait fallu rééquilibrer le propos. En fait j'ai eu des scrupules, parce que je me suis dit : il y a vraiment trop de facho dans la deep ecology, ça serait quelque part dangereux de ne pas placer ça comme un point central de la présentation - surtout si elle doit être courte. Merci pour ton commentaire et les références :)
Très bonne synthèse, merci beaucoup ! (et ça fait du bien de voir des filles sur youtube, un peu de diversité que diable!). Question, avec quel logiciel fais-tu les schémas ?
Merci beaucoup pour cette vidéo qui évalue l’écologie profonde à partir de l’œuvre de Næss et ne caricature pas à ses thèses (et c’est très rare, même dans le monde de la « rigueur » universitaire) Je me permets juste deux petites précisions qui n’ont (presque) pas de conséquences : - l’ouvrage Écologie, communauté et style de vie est certes publié en anglais en 1989, mais une première édition en norvégien date de 1974 (un an après l’article fondateur donc). Il n’est pas écrit en réponse à une quelconque polémique qui était à l’époque inexistante et développe l’écosophie T indépendamment des points de la plateforme (dont les nauséabonds 4 et 5). - Les « 8 formules » (la plateforme) sont d’abord énoncées en 1984 dans un article rédigé avec George Sessions et visé avant tout à formuler ce qui serait « l’opinion la plus générale parmi les écologistes » de l’époque (dont beaucoup, dans le monde anglo-saxons, étaient [et sont, malheureusement] néo-malthusiens).
Quelle surprise! On voit tellement de vidéos de merde de pseudo savants sur RUclips, cf e-penser (non n'y allez pas!), qu'on désepère de tomber sur quelque chose d'intéressant. Et là on a une vidéo très claire, qui simplifie sans abêtir, sur un sujet essentiel. On comprend en tout cas que l'écologie non superficielle est absolument absente des débats qui agitent le monde médiatique. Merci pour cette vidéo, car vous réussissez parfaitement ce en quoi consiste ce travail de "vulgarisation", autrement dit vous donnez envie d'aller approfondir le sujet par ses propres lectures, contrairement à beaucoup de ces vidéos, non de vulgarisation mais "d'abrutisation", consistant à vous faire croire qu'en 5min vous êtes savant. Bravo et merci.
Intéressant (comme toujours) mais considérer David Foreman comme émanant de la Deep Ecology ainsi que sa fixation sur la population au point d'adopter des positions particulièrement nauséabondes est excessif car il me parait plus un avatar de Ehrlich et de son Popuiation Bomb paru en 1968 (et qui avait déjà soulevé le coeur de bien des écologistes). Après, il est certain que l'écocentrisme qui ne prend pas comme préalables des principes socio-politiques d'un Murray Bookchin (ou d'autres mais ceux là sont assez protecteurs) a de forts risques de finir dans l'escarcelle philosophique non pas des misanthropes mais des racistes, des eugénistes et autres régulateurs de populations. PS..Commentaire tardif car j'ai découvert la chaine il y a peu (benefice secondaire de la polémique de mai ou juin dernier) et je rattrape mon retard.
Vidéo très intéressante comme d'habitude ! J'ai juste une petite question d'ordre psychologique, comment fais tu pour lire et apprendre tant de chose sur l'écologie, sans pour autant tomber dans un pessimisme mortel ? Personnellement l'écologie ça me fascine aussi, mais plus j'en apprends sur le sujet, plus ça me tue le moral dans ma vie de tous les jours au point de presque vouloir oublier tout ce que j'ai appris sur l'écologie et l’effondrement, tellement je suis terrifié par cette perspective. Comment ne pas tomber dans un total nihilisme ou le cynisme ? C'est pas une question simple je sais, mais je serais curieux d'avoir un avis éclairé comme le tien sur cette question. Merci encore pour ton super travail de vulgarisation !
Eh bien, je pense que le fait de travailler, précisément, à se donner des outils de pensée, ça permet de prendre du recul sur les données qu'on brasse, sur les discours qui sont tenus sur elles. Ne pas rester dans le caractère viscéral de l'angoisse qu'un auteur veut communiquer, ça aide à se dire que paniquer ne va pas apporter grand chose. Comme pour tout ce qui est complexe, il ne faut pas foncer tête baissée mais bien analyser la situation, ce qu'on peut faire, ce qui est de notre ressort ou pas, etc. Et puis quoi qu'il arrive, c'était déjà prévu à la base qu'on va tous mourrir un jour. Donc inquiétude personnelle, non, en effet. Et inquiétude pour le monde en général : ça fait un sacré bout de temps qu'avec le nucléaire on est assis sur des morts en masse, qu'une immense partie de l'humanité crève de faim et est exploitée dans des conditions infâmes... Ce n'est pas qu'il faille s'habituer, mais paniquer ne va pas changer les choses ou les régler, bien au contraire. Et pour le moment on vit! C'est important ça :) si tu es déprimé par ces perspectives, je dirais: continu à te documenter mais en gardant bien en tête que ta portée d'action est limitée, qu'un discours catastrophiste n'est pas le seul discours existant, qu'on peut prendre la situation au sérieux sans crier "apocalypse !!" à chaque fin de phrase. Et aussi que tu es bien vivant, ce qui est une occupation en soi. Pas qu'il faille brûler la vie par les deux bouts: juste vivre et être heureux, c'est déjà pas mal, et comme tu n'es probablement pas superman, tu n'as pas à porter sur toi la responsabilité du monde entier. (Et sinon tu peux aussi lire un très beau roman de SF écrit par Jo Walton, "Mes vrais enfants", où il est question de guerre nucléaire, de maladie, de mort, mais aussi d'amour et de vie) Et bien sûr tu peux aussi décider que tu veux aussi agir d'une manière ou d'une autre, et alors te documenter sans jamais cesser et en interrogeant toujours le bien fondé de tes actions est une bonne base pour ne pas dépenser ton énergie en pure perte. Je ne sais pas si j'ai bien répondu à ta question, mais pour compléter: le nihilisme et le cynisme me semblant particulièrement prétentieux et irrespectueux de la vie des autres, ça ne me viendrait pas à l'idée de me lancer dans cette voie là. Donc: c'est pas bien joyeux mais on vit, il y a plein d'amour à donner et recevoir, des choses à vivre et à donner à vivre à d'autres. Ce serait dommage de cracher dessus (?) Et ça n'empêche pas d'agir, au contraire, ça donne de la force pour le faire de son mieux.
@@GameOfHearth Je vois ce que tu veux dire oui. Je ne veux surtout pas tomber dans ces deux postures (le nihilisme et le cynisme), car ce sont des routes avec des valeurs dans lesquels je ne me reconnais pas, tout comme les discours du genre "faut réduire drastiquement la population". J'éprouve comme beaucoup une volonté de vouloir changer de société, mais les structures de dominations aux quelles nous sommes soumis me donne parfois un grand sentiment d'impuissance, et me fait culpabiliser sur mon incapacité à pouvoir changer les choses. Après c'est probablement lié aussi à cette culture individualiste qui met en avant un mythe du "Self-made man", où je ressens un paradoxe entre ma volonté de changer les choses et mes capacités réels conditionné par mon environnement social. Les changements doivent être structurels, alors je sais que toute ma bonne volonté à elle seule sera insuffisante pour "changer le monde". Le tout est de trouver ma place dans tout ça, afin que je puisse à la fois me sentir concerné par ce qui se passe, tout en prenant suffisamment de recule sur mes responsabilités individuels, pour ne pas que ça affecte mon bien être pour autant. J'ignore si on est beaucoup à se poser ce genre de question, mais en tout cas c'est gentil d'avoir répondu à mon commentaire avec autant de mots. :) PS : Ca tombe bien j'adore la SF, je vais me renseigner sur ce livre de Jo Walton, la fiction apporte aussi beaucoup de réponse, alors pourquoi pas !
C'est moi où il y a un lieu avec un certain véganisme ? D'ailleurs, à quand une vidéo sur ce thème, ou bien un thème apparenté ? (Cette vidéo vient en contradiction de la neutralité que tu revendiquais il y a peu. Est-ce changement de cap ?)
Ha non aucun lien ! Et non pas de changement de cap, simplement les taules de la deep ecology font partie de son histoire, un peu trop pour que je laisse ça de côté :)
@@GameOfHearth Ok, parce que ça contrastait quand même pas mal avec ton ton habituel. Après une ligne éditoriale n'est pas neutre non plus... Bref. Pour ce qui est du véganisme, j'ignore quelles thèses défendent les Singer et consort, mais la plupart des discours militants véganes que j'ai pu recevoir sentaient pas mal la deep ecology, pour le coup. C'est pour ça qu'un point sur la théorie pourrait avoir son intérêt, ce me semble. Et puis en tant que petite chaîne, tu ne risques pas de voir débarquer des hordes de mécontents si tu apportes des critiques. Note que pour ma part, j'ai une tendance plutôt très très végé, donc lorsque je dis ça, je n'ai même pas d'idée derrière la tête.
@@jacquesadit5123 ça tu l'as dit, pas de ligne éditoriale neutre :) je dirais que quand le bouchon poussé au point de ce que la deep ecology a produit comme discours (sans en produire de plus élaborés), c'est idiot de ne pas le faire remarquer frontalement. Après il est vrai que j'hésitais à en faire un format "duel" pour que la critique se passe de moi. Mais ça aurait réduit le temps accordé aux deux corpus opposés, ça aurait été dommage. Toujours ces problèmes de format, hah! oui, le veganisme c'est plus la question de la cause animale que celle de l'environnement en réalité. Mais le pattern de la deep ecology on le retrouve dans beaucoup de mouvements écologistes, on tourne même en boucle dessus! Pour ce qui est de la cause animale c'était un peu évoqué dans les exemples du livre d'Emilie Hache, "Ce à quoi nous tenons". Mais dans la prochaine vidéo sur l'écologie il est possible que je revienne sur ces questions de cohabitation interspécifique, à voir comment j'arrive à sortir ça !
J'en suis à 15 minutes, et ça interpelle vachement, comme quoi finalement la plupart de ce qu'il dit et défend est sencé, presque matérilaiste j'ai envie de dire (genre des vérités très vagues qui n'avancent à rien, mais c'est matérialiste quand mème), et il suffit d'un peu de valeurs par la et d'un dogme "dépopulationniste" pour partir en mode full-éco-fascisme. J'ai 15 minutes d'apprentissages donc c'est pas comparable à l'analyse de notre Murray chéri, mais le coeur du problème j'ai plus l'impression que c'est le dépopulationisme que le gloubi-boulga de truc vagues. Les gloubi-boulgas de trucs vagues et libres d'interprétations ça fait du Rahbi, pas de l'éco-fascisme, c'est pas innofensif non-plus et c'est toujours une grosse épine dans le pied mais c'est plus centriste-donc-de-droite qu'autre chose, la ou certains concepts liés au dépopulationismes sont des autoroutes vers le fascisme et le primitivisme: malthusianisme, anti-natalisme, accélérationisme et décroissance notemment. Perso techniquement je suis anti-nataliste, accélérationiste et décroissant mais j'utilise jamais ces termes la car on les trouves dans la bouche de gens aux idéologies ignobles; et justement y'a aucune praxis à avoir à ces sujets car ce ne sont que des conséquence du progressisme, éduque les gens sans naturalisme/essentialisme et automatiquement ils feront moins de gosses et voudront plus du status-quo, c'est mathématique et c'est d'ailleurs pour ça qu'on sait que Malthus s'est planté et que la surpopulation ne pose aucun danger. C'est que mon avis après, et vive Igorrr aussi!
Un shirt Igorrr et de l'Ecologie profonde je suis obligé de m'abonner. Bref je découvre ta chaine elle à l'air cool :D PS: on est pas obligé de baisser la population mais simplement la réguler de sorte à mieux la répartir (fini les mégalopole et les cités-état). Les malthusiens d'aujourd'hui prennent le problème à l'envers. Réduire la population n'a rien d'écologique sauf si on considère l'écologie comme le fait de continuer de manger du macdo, de faire des we à Rome en avion etc. On consomme 3 planètes en France. Donc réduire la population reviendrait à continuer de consommer 3 planète sauf qu'on serait beaucoup moins à le faire au final ca passerait mais c'est absurde et immoral de vouloir sauver des vie en contrôlant celles des autres avant de se contrôler soi même bref Je sais pas si j'ai été clair XD J'ai pas réussi à lire tout le livre (Écologie, Communauté et Style de vie) mais je vois que j'ai quand même compris la même chose que toi. Et ca me rassure de voir que j'ai bien interprété XD J'y ai trouvé beaucoup de redondance, surtout que c'est vague comme tu dis, donc j'ai un peu sauté des pages et j'ai lu ce que je pensai essentiel. C'est copieux et philosophique mais bon...
J'ai bien aimé cette émission, érudite et bien construite comme toujours :) mais choqué par la phrase de conclusion : "... et pire, l'écologe profonde a creusé le fossé entre les sociétés humaines et leur lieu de vie". Vous évoquez les applications "wliderness" de l'écologie profonde ? C'est réducteur, je trouve.
Je trouve la vidéo très partiale. Je ne le suis pas moins, de l'autre côté ! De toute façon face au caractère extrême de l'effondrement globalisé de la vie sur Terre, ce n'est pas en repeignant les toits des Mac Do en vert (greenwashing) que l'on va limiter la hauteur de chute de notre civilisation capitaliste. Nous les humains, volons la capacité de charge des autres espèces qui maintiennent l'équilibre écosystémique. Nous sommes trop nombreux sur cette seule planète aux ressources limitées. D'ailleurs bon nombre d'espèces sont plus importants écologiquement que l'animal humain. On a besoin de radicalité, on a besoin d'écologie profonde. Dans l'histoire de l'humanité, aucun changement sociétal ne s'est fait avec de la supplication ou des jolis sourires (ou des pétitions en lignes...) ça a toujours été un rapport de force. Vive le biocentrisme ! Vive l'antispecisme !
J'ai lu Arne Naess et j'ai adoré y trouver 1/ une ontologie biologiste de l'homme (dans la nature, sans N) 2/ une plateforme éthique (on doit normaliser notre occupation du monde) 3/son pragmatisme socio-politique (on doit discuter avec tout le monde, multinationales comprises). Dans la même veine, lire Catherine Larrère et John Baird Callicott.
Je propose en sous-titre "petit manuel semi-dépolitisé d'éco-génocide".
Tellement
La vache le taf de tout ça c'est impressionnant votre travail. C'est un plaisir a suivre
12:00 : Il y a des leviers pour agir sur la démographie de façon non-contraignante : L'éducation, le planning familial, la retraite.
Très bonne vidéo, rien à dire ! Je ne savais pas que Murray Bookchin était à ce point opposé à la deep ecology.
D'ailleurs, est-ce que tu compte faire une vidéo sur Bookchin et l'écologie sociale ?
Encore bravo pour ton travail
Merci c'est très intéressant 👌🏻
J'aurai mis le temps, mais j'ai enfin vu cette super vidéo !
Merci pour cette vidéo qui cherche à présenter la Deep Ecology de manière assez factuelle. Je l'ai trouvée surprenante par le ton assez ironique adopté, qui fait moins vulgarisation que critique à moitié assumée (elle est bien assumée plus loin dans la vidéo). Et surtout j'ai senti que le traitement allait être partial, et finalement partiel. La deep ecology a certes été posée par Naess mais il n'en est pas le seul penseur, loin de là, et cette philosophie traite aussi et surtout du rapport à la nature, à la vie, de la sensibilité humaine et non humaine. Il aurait pu être intéressant de regarder et partager d'autres auteurs, contemporains, comme Joanna Macy (une des plus connues et actives), ou des critiques de la critique de l'EP (ici Thierry Hoquet www.nonfiction.fr/article-2134-lecosophie-politique-et-humaine-darne-naess.htm ou Fabrice Flipo là www.cairn.info/revue-mouvements-2009-4-page-158.htm, d'ailleurs ce deuxième article est fort intéressant en soulignant notamment que Naess proposait une sagesse plutôt qu'une philosophie politique, une distinction à creuser/vulgariser ?).
Enfin, à partir du moment où l'on aborde la question de la quantité factuelle d'humains sur Terre et de leur empreinte cumulée (carbone mais pas que), on s'expose au risque de reprise par les misanthropes, malthusiens, et fascistes. Comme souligné dans un autre commentaire, on peut se projeter dans une population mondiale plus réduite, qui a une empreinte cumulée (et per capita) nettement plus réduite, comme une partie des solutions dans la perspective d'un monde + vivable pour les humains et les autres qu'humains, sans automatiquement exonérer les (pays) plus riches des efforts de réduction, ni proposer des méthodes d'élimination directe ou passive d'humains déjà bien vivants. Sensibilité, compassion, justice, des éléments qu'on retrouve fortement dans l'écologie profonde (c'est ça aussi le biocentrisme).
Tout à fait, il aurait fallu beaucoup plus de temps pour entrer dans les détails. Depuis cette vidéo je me suis laissée dévier de la concision par mon envie de faire plus complet et plus précis, et si je devais recommencer, effectivement je raffinerais beaucoup plus, pour donner à entendre des voix différentes à propos de la Deep Ecology. Oui, c'est plus une "sagesse", pour le dire vite. Ceci dit, dans le cadre de l'écologie politique, les propos dépolitisés/dépolitisants ont du mal à trouver une place légitime et se font vite sonner les cloches, il me semble, justement parce que les conséquences de ces "sagesses" sont politiques, ça ne flotte pas dans le monde des concepts, ça amène vraiment les gens à agir dans le monde, ça a des conséquences. Du coup, les reproches semblent assez légitimes, mais oui, je suis tout à fait d'accord qu'il aurait fallu rééquilibrer le propos. En fait j'ai eu des scrupules, parce que je me suis dit : il y a vraiment trop de facho dans la deep ecology, ça serait quelque part dangereux de ne pas placer ça comme un point central de la présentation - surtout si elle doit être courte.
Merci pour ton commentaire et les références :)
Je ne connaissais pas cette doctrine, merci pour cette vidéo.
💐
oh un sweet d'igorrr, ça c'est une femme de goût !
Très bonne synthèse, merci beaucoup ! (et ça fait du bien de voir des filles sur youtube, un peu de diversité que diable!). Question, avec quel logiciel fais-tu les schémas ?
Pour le moment c'est krita, capturé par OBS. Mais je remplace bientôt Krita par Xjournal++ (tout est du logiciel libre)
@@GameOfHearth Et en plus c'est du logiciel libre ! Raison de plus d'adorer cette chaîne !
Merci beaucoup pour cette vidéo qui évalue l’écologie profonde à partir de l’œuvre de Næss et ne caricature pas à ses thèses (et c’est très rare, même dans le monde de la « rigueur » universitaire)
Je me permets juste deux petites précisions qui n’ont (presque) pas de conséquences :
- l’ouvrage Écologie, communauté et style de vie est certes publié en anglais en 1989, mais une première édition en norvégien date de 1974 (un an après l’article fondateur donc). Il n’est pas écrit en réponse à une quelconque polémique qui était à l’époque inexistante et développe l’écosophie T indépendamment des points de la plateforme (dont les nauséabonds 4 et 5).
- Les « 8 formules » (la plateforme) sont d’abord énoncées en 1984 dans un article rédigé avec George Sessions et visé avant tout à formuler ce qui serait « l’opinion la plus générale parmi les écologistes » de l’époque (dont beaucoup, dans le monde anglo-saxons, étaient [et sont, malheureusement] néo-malthusiens).
Merci pour ces précisions ! J'avais connaissance de la seconde, mais pas de la première !
Quelle surprise! On voit tellement de vidéos de merde de pseudo savants sur RUclips, cf e-penser (non n'y allez pas!), qu'on désepère de tomber sur quelque chose d'intéressant. Et là on a une vidéo très claire, qui simplifie sans abêtir, sur un sujet essentiel. On comprend en tout cas que l'écologie non superficielle est absolument absente des débats qui agitent le monde médiatique. Merci pour cette vidéo, car vous réussissez parfaitement ce en quoi consiste ce travail de "vulgarisation", autrement dit vous donnez envie d'aller approfondir le sujet par ses propres lectures, contrairement à beaucoup de ces vidéos, non de vulgarisation mais "d'abrutisation", consistant à vous faire croire qu'en 5min vous êtes savant. Bravo et merci.
pour info: classement de la chaine: DV_PG channelPscore=:252.66367
Intéressant (comme toujours) mais considérer David Foreman comme émanant de la Deep Ecology ainsi que sa fixation sur la population au point d'adopter des positions particulièrement nauséabondes est excessif car il me parait plus un avatar de Ehrlich et de son Popuiation Bomb paru en 1968 (et qui avait déjà soulevé le coeur de bien des écologistes). Après, il est certain que l'écocentrisme qui ne prend pas comme préalables des principes socio-politiques d'un Murray Bookchin (ou d'autres mais ceux là sont assez protecteurs) a de forts risques de finir dans l'escarcelle philosophique non pas des misanthropes mais des racistes, des eugénistes et autres régulateurs de populations. PS..Commentaire tardif car j'ai découvert la chaine il y a peu (benefice secondaire de la polémique de mai ou juin dernier) et je rattrape mon retard.
Vidéo très intéressante comme d'habitude ! J'ai juste une petite question d'ordre psychologique, comment fais tu pour lire et apprendre tant de chose sur l'écologie, sans pour autant tomber dans un pessimisme mortel ? Personnellement l'écologie ça me fascine aussi, mais plus j'en apprends sur le sujet, plus ça me tue le moral dans ma vie de tous les jours au point de presque vouloir oublier tout ce que j'ai appris sur l'écologie et l’effondrement, tellement je suis terrifié par cette perspective. Comment ne pas tomber dans un total nihilisme ou le cynisme ? C'est pas une question simple je sais, mais je serais curieux d'avoir un avis éclairé comme le tien sur cette question. Merci encore pour ton super travail de vulgarisation !
Eh bien, je pense que le fait de travailler, précisément, à se donner des outils de pensée, ça permet de prendre du recul sur les données qu'on brasse, sur les discours qui sont tenus sur elles. Ne pas rester dans le caractère viscéral de l'angoisse qu'un auteur veut communiquer, ça aide à se dire que paniquer ne va pas apporter grand chose. Comme pour tout ce qui est complexe, il ne faut pas foncer tête baissée mais bien analyser la situation, ce qu'on peut faire, ce qui est de notre ressort ou pas, etc. Et puis quoi qu'il arrive, c'était déjà prévu à la base qu'on va tous mourrir un jour. Donc inquiétude personnelle, non, en effet. Et inquiétude pour le monde en général : ça fait un sacré bout de temps qu'avec le nucléaire on est assis sur des morts en masse, qu'une immense partie de l'humanité crève de faim et est exploitée dans des conditions infâmes... Ce n'est pas qu'il faille s'habituer, mais paniquer ne va pas changer les choses ou les régler, bien au contraire. Et pour le moment on vit! C'est important ça :) si tu es déprimé par ces perspectives, je dirais: continu à te documenter mais en gardant bien en tête que ta portée d'action est limitée, qu'un discours catastrophiste n'est pas le seul discours existant, qu'on peut prendre la situation au sérieux sans crier "apocalypse !!" à chaque fin de phrase. Et aussi que tu es bien vivant, ce qui est une occupation en soi. Pas qu'il faille brûler la vie par les deux bouts: juste vivre et être heureux, c'est déjà pas mal, et comme tu n'es probablement pas superman, tu n'as pas à porter sur toi la responsabilité du monde entier. (Et sinon tu peux aussi lire un très beau roman de SF écrit par Jo Walton, "Mes vrais enfants", où il est question de guerre nucléaire, de maladie, de mort, mais aussi d'amour et de vie)
Et bien sûr tu peux aussi décider que tu veux aussi agir d'une manière ou d'une autre, et alors te documenter sans jamais cesser et en interrogeant toujours le bien fondé de tes actions est une bonne base pour ne pas dépenser ton énergie en pure perte.
Je ne sais pas si j'ai bien répondu à ta question, mais pour compléter: le nihilisme et le cynisme me semblant particulièrement prétentieux et irrespectueux de la vie des autres, ça ne me viendrait pas à l'idée de me lancer dans cette voie là. Donc: c'est pas bien joyeux mais on vit, il y a plein d'amour à donner et recevoir, des choses à vivre et à donner à vivre à d'autres. Ce serait dommage de cracher dessus (?) Et ça n'empêche pas d'agir, au contraire, ça donne de la force pour le faire de son mieux.
@@GameOfHearth Je vois ce que tu veux dire oui. Je ne veux surtout pas tomber dans ces deux postures (le nihilisme et le cynisme), car ce sont des routes avec des valeurs dans lesquels je ne me reconnais pas, tout comme les discours du genre "faut réduire drastiquement la population". J'éprouve comme beaucoup une volonté de vouloir changer de société, mais les structures de dominations aux quelles nous sommes soumis me donne parfois un grand sentiment d'impuissance, et me fait culpabiliser sur mon incapacité à pouvoir changer les choses. Après c'est probablement lié aussi à cette culture individualiste qui met en avant un mythe du "Self-made man", où je ressens un paradoxe entre ma volonté de changer les choses et mes capacités réels conditionné par mon environnement social. Les changements doivent être structurels, alors je sais que toute ma bonne volonté à elle seule sera insuffisante pour "changer le monde". Le tout est de trouver ma place dans tout ça, afin que je puisse à la fois me sentir concerné par ce qui se passe, tout en prenant suffisamment de recule sur mes responsabilités individuels, pour ne pas que ça affecte mon bien être pour autant. J'ignore si on est beaucoup à se poser ce genre de question, mais en tout cas c'est gentil d'avoir répondu à mon commentaire avec autant de mots. :)
PS : Ca tombe bien j'adore la SF, je vais me renseigner sur ce livre de Jo Walton, la fiction apporte aussi beaucoup de réponse, alors pourquoi pas !
@@adama6795 bonne lecture et merci!
Réponse très chouette et assez juste à une inquiétude qu'ont beaucoup de gens. Si tu en as l'envie ça ferait un chouette sujet de vidéo je pense :)
@@bojjibestboy c'est pas trop dans la ligne éditoriale mais je peux toujours essayer :))
C'est moi où il y a un lieu avec un certain véganisme ? D'ailleurs, à quand une vidéo sur ce thème, ou bien un thème apparenté ?
(Cette vidéo vient en contradiction de la neutralité que tu revendiquais il y a peu. Est-ce changement de cap ?)
Ha non aucun lien !
Et non pas de changement de cap, simplement les taules de la deep ecology font partie de son histoire, un peu trop pour que je laisse ça de côté :)
Pour la thématique veganisme je ne sais pas! Mais je note que ça intéresse, j'y penserai.
@@GameOfHearth Ok, parce que ça contrastait quand même pas mal avec ton ton habituel. Après une ligne éditoriale n'est pas neutre non plus... Bref. Pour ce qui est du véganisme, j'ignore quelles thèses défendent les Singer et consort, mais la plupart des discours militants véganes que j'ai pu recevoir sentaient pas mal la deep ecology, pour le coup. C'est pour ça qu'un point sur la théorie pourrait avoir son intérêt, ce me semble. Et puis en tant que petite chaîne, tu ne risques pas de voir débarquer des hordes de mécontents si tu apportes des critiques.
Note que pour ma part, j'ai une tendance plutôt très très végé, donc lorsque je dis ça, je n'ai même pas d'idée derrière la tête.
@@jacquesadit5123 ça tu l'as dit, pas de ligne éditoriale neutre :) je dirais que quand le bouchon poussé au point de ce que la deep ecology a produit comme discours (sans en produire de plus élaborés), c'est idiot de ne pas le faire remarquer frontalement. Après il est vrai que j'hésitais à en faire un format "duel" pour que la critique se passe de moi. Mais ça aurait réduit le temps accordé aux deux corpus opposés, ça aurait été dommage. Toujours ces problèmes de format, hah!
oui, le veganisme c'est plus la question de la cause animale que celle de l'environnement en réalité. Mais le pattern de la deep ecology on le retrouve dans beaucoup de mouvements écologistes, on tourne même en boucle dessus! Pour ce qui est de la cause animale c'était un peu évoqué dans les exemples du livre d'Emilie Hache, "Ce à quoi nous tenons". Mais dans la prochaine vidéo sur l'écologie il est possible que je revienne sur ces questions de cohabitation interspécifique, à voir comment j'arrive à sortir ça !
@@GameOfHearth Tout un programme... j'ai hâte de voir la suite !
J'en suis à 15 minutes, et ça interpelle vachement, comme quoi finalement la plupart de ce qu'il dit et défend est sencé, presque matérilaiste j'ai envie de dire (genre des vérités très vagues qui n'avancent à rien, mais c'est matérialiste quand mème), et il suffit d'un peu de valeurs par la et d'un dogme "dépopulationniste" pour partir en mode full-éco-fascisme. J'ai 15 minutes d'apprentissages donc c'est pas comparable à l'analyse de notre Murray chéri, mais le coeur du problème j'ai plus l'impression que c'est le dépopulationisme que le gloubi-boulga de truc vagues.
Les gloubi-boulgas de trucs vagues et libres d'interprétations ça fait du Rahbi, pas de l'éco-fascisme, c'est pas innofensif non-plus et c'est toujours une grosse épine dans le pied mais c'est plus centriste-donc-de-droite qu'autre chose, la ou certains concepts liés au dépopulationismes sont des autoroutes vers le fascisme et le primitivisme: malthusianisme, anti-natalisme, accélérationisme et décroissance notemment. Perso techniquement je suis anti-nataliste, accélérationiste et décroissant mais j'utilise jamais ces termes la car on les trouves dans la bouche de gens aux idéologies ignobles; et justement y'a aucune praxis à avoir à ces sujets car ce ne sont que des conséquence du progressisme, éduque les gens sans naturalisme/essentialisme et automatiquement ils feront moins de gosses et voudront plus du status-quo, c'est mathématique et c'est d'ailleurs pour ça qu'on sait que Malthus s'est planté et que la surpopulation ne pose aucun danger.
C'est que mon avis après, et vive Igorrr aussi!
Un shirt Igorrr et de l'Ecologie profonde je suis obligé de m'abonner. Bref je découvre ta chaine elle à l'air cool :D
PS: on est pas obligé de baisser la population mais simplement la réguler de sorte à mieux la répartir (fini les mégalopole et les cités-état).
Les malthusiens d'aujourd'hui prennent le problème à l'envers. Réduire la population n'a rien d'écologique sauf si on considère l'écologie comme le fait de continuer de manger du macdo, de faire des we à Rome en avion etc. On consomme 3 planètes en France. Donc réduire la population reviendrait à continuer de consommer 3 planète sauf qu'on serait beaucoup moins à le faire au final ca passerait mais c'est absurde et immoral de vouloir sauver des vie en contrôlant celles des autres avant de se contrôler soi même bref Je sais pas si j'ai été clair XD
J'ai pas réussi à lire tout le livre (Écologie, Communauté et Style de vie) mais je vois que j'ai quand même compris la même chose que toi. Et ca me rassure de voir que j'ai bien interprété XD
J'y ai trouvé beaucoup de redondance, surtout que c'est vague comme tu dis, donc j'ai un peu sauté des pages et j'ai lu ce que je pensai essentiel. C'est copieux et philosophique mais bon...
J'ai bien aimé cette émission, érudite et bien construite comme toujours :) mais choqué par la phrase de conclusion : "... et pire, l'écologe profonde a creusé le fossé entre les sociétés humaines et leur lieu de vie". Vous évoquez les applications "wliderness" de l'écologie profonde ? C'est réducteur, je trouve.
Je trouve la vidéo très partiale.
Je ne le suis pas moins, de l'autre côté !
De toute façon face au caractère extrême de l'effondrement globalisé de la vie sur Terre, ce n'est pas en repeignant les toits des Mac Do en vert (greenwashing) que l'on va limiter la hauteur de chute de notre civilisation capitaliste. Nous les humains, volons la capacité de charge des autres espèces qui maintiennent l'équilibre écosystémique. Nous sommes trop nombreux sur cette seule planète aux ressources limitées. D'ailleurs bon nombre d'espèces sont plus importants écologiquement que l'animal humain.
On a besoin de radicalité, on a besoin d'écologie profonde. Dans l'histoire de l'humanité, aucun changement sociétal ne s'est fait avec de la supplication ou des jolis sourires (ou des pétitions en lignes...) ça a toujours été un rapport de force.
Vive le biocentrisme ! Vive l'antispecisme !