Richesse et bonheur de découvrir la littérature d'aujourd'hui, de notre pays, de trouver et retrouver le chemin des langues qui font notre terroir, notre diversité, de l'écoute. Émotion particulière puisque j'ai entendu dans la bouche de ces jeunes femmes les langues de mes deux grand-mères, qui m'ont bercé: occitan et espagnol. Aborder ce thème de la littérature en France, en choisissant ces femmes, jeunes, dans plusieurs langues, dont l'occitan, langue de France malgré la difficulté à se faire reconnaître, et l'espagnol, langue marquée de l'image de l'immigration et du fascisme européen assumé, cela renvoie à la fois au statut dominateur du français dans notre culture, et à tout ce qui a souffert d'être différent en ce pays: être femme, être jeune, être occitane, alsacienne, kabyle ou peule, être immigré, être révolutionnaire et populaire... Je n'osais plus espérer ce bonheur-là, aujourd'hui, tant la honte a enfoui très profond ces trésors. C'est un peu comme un viol: comme à une si jeune et belle femme à qui on arrache ses promesses de vie, et qui enfouit l'acte destructeur au plus profond, jusqu'à le cacher totalement au plus profond de son inconscient. Il en est de ces langues arrachées comme des génocides: des générations après on évite le sujet, on agresse qui veut remettre le lourd passé sur la table. On se construit blessé, on n'est plus qu'un zombie acculturé. J'aimerais maintenant entendre aussi breton et basque et toutes les autres langues, celles issues de l'immigration et des échanges: l'arabe, le kabyle...et pourquoi pas aussi les dialectes de ces langues, y compris les dialectes français. Mais pas seulement que dans les belles lettres, dans la bouches de belles et jeunes femmes, pas seulement pour entendre des pagnolades, des blagues de derrière le tas de fumier, j'aimerais les entendre dire mon nom, des langues pour apprendre les mathématiques, pour lire le journal, pour signer un contrat d'embauche. Merci à l'Université Permanente pour cette initiative émancipatrice. Cela nous éclaire dans les débats de société. D'un coté, les uns ont peur de la diversité, craignant qu'elle détruise l'édifice entier, quand c'est le monolinguisme, la religion royale unique, le centralisme parisien, le libéralisme totalitaire, la république colonisatrice qui nous mettent en souffrance. Et d'un autre coté, un vieux cheval de retour, sur la gauche, arriviste à souhait, autrefois dans le premier clan, s'aperçoit aujourd'hui que ne devrait plus subsister que créolisation, métissage à l'exception de toute expression propre, et il le fait savoir dans un journal bourgeois au nom si mal porté: quel serait alors le concert des cultures? Il n'y aurait plus rencontre! Son projet est en réalité totalitaire: il faudrait que les citoyens soient échangeables comme les pièces de rechange d'une bagnole! En cela, l'Université Permanente remplit bien des objectifs attendus: être le lieu d'une réflexion nouvelle, en prise avec l'époque et ses acteurs réels, en faisant voler en éclat les vieux tabous. Nous sommes ce qui bouge, nous sommes le peuple éclairé, debout, nous sommes Babylone.
Richesse et bonheur de découvrir la littérature d'aujourd'hui, de notre pays, de trouver et retrouver le chemin des langues qui font notre terroir, notre diversité, de l'écoute.
Émotion particulière puisque j'ai entendu dans la bouche de ces jeunes femmes les langues de mes deux grand-mères, qui m'ont bercé: occitan et espagnol.
Aborder ce thème de la littérature en France, en choisissant ces femmes, jeunes, dans plusieurs langues, dont l'occitan, langue de France malgré la difficulté à se faire reconnaître, et l'espagnol, langue marquée de l'image de l'immigration et du fascisme européen assumé, cela renvoie à la fois au statut dominateur du français dans notre culture, et à tout ce qui a souffert d'être différent en ce pays: être femme, être jeune, être occitane, alsacienne, kabyle ou peule, être immigré, être révolutionnaire et populaire...
Je n'osais plus espérer ce bonheur-là, aujourd'hui, tant la honte a enfoui très profond ces trésors. C'est un peu comme un viol: comme à une si jeune et belle femme à qui on arrache ses promesses de vie, et qui enfouit l'acte destructeur au plus profond, jusqu'à le cacher totalement au plus profond de son inconscient. Il en est de ces langues arrachées comme des génocides: des générations après on évite le sujet, on agresse qui veut remettre le lourd passé sur la table. On se construit blessé, on n'est plus qu'un zombie acculturé.
J'aimerais maintenant entendre aussi breton et basque et toutes les autres langues, celles issues de l'immigration et des échanges: l'arabe, le kabyle...et pourquoi pas aussi les dialectes de ces langues, y compris les dialectes français. Mais pas seulement que dans les belles lettres, dans la bouches de belles et jeunes femmes, pas seulement pour entendre des pagnolades, des blagues de derrière le tas de fumier, j'aimerais les entendre dire mon nom, des langues pour apprendre les mathématiques, pour lire le journal, pour signer un contrat d'embauche.
Merci à l'Université Permanente pour cette initiative émancipatrice.
Cela nous éclaire dans les débats de société. D'un coté, les uns ont peur de la diversité, craignant qu'elle détruise l'édifice entier, quand c'est le monolinguisme, la religion royale unique, le centralisme parisien, le libéralisme totalitaire, la république colonisatrice qui nous mettent en souffrance. Et d'un autre coté, un vieux cheval de retour, sur la gauche, arriviste à souhait, autrefois dans le premier clan, s'aperçoit aujourd'hui que ne devrait plus subsister que créolisation, métissage à l'exception de toute expression propre, et il le fait savoir dans un journal bourgeois au nom si mal porté: quel serait alors le concert des cultures? Il n'y aurait plus rencontre! Son projet est en réalité totalitaire: il faudrait que les citoyens soient échangeables comme les pièces de rechange d'une bagnole!
En cela, l'Université Permanente remplit bien des objectifs attendus: être le lieu d'une réflexion nouvelle, en prise avec l'époque et ses acteurs réels, en faisant voler en éclat les vieux tabous. Nous sommes ce qui bouge, nous sommes le peuple éclairé, debout, nous sommes Babylone.