Incroyable alliance de talents: la façon de déclamer, l'accompagnement musical, et la caméra, le tout porté par ce grand poème. Je ne me lasse jamais de voir, écouter. Le guitariste a eu une fin tragique .. on ne se frotte pas au génie sans danger je suppose..
Merci, la diction est parfaite, le texte est donné à la lettre, a la virgule près, sans une erreur et sans bavure, dans un rythme d'une cadence époustouflante, enchantée et délirante savamment accompagné par le trio musical. Ce que je qualifierai de "parlant-chanté" enchanté est merveille enchanteresse. J'ai écouté plusieurs fois, tant j'aime ce poème, les interprétations qui se suivent les unes et les autres, sur youtube : de Gérard Philipppe a Philippes Léotard en passant par Fanny Ardant ou Lèo Ferré, ou encore celle de Laurent Terzieff, qui m’apparaît être la meilleure. J'espère bien, un jour, vous voir en live... Bravo et encore merci. JPS
déférence gardée envers le grand Léo, les humbles troubadours sur lui surenchérissent , leur bateau est peut être moins ivre que le sien , mais nous mène vraiment très loin. C'est splendide.
Comme je descendais des Fleuves impassibles, Je ne me sentis plus guidé par les haleurs : Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles, Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs. J'étais insoucieux de tous les équipages, Porteur de blés flamands ou de cotons anglais. Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages, Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais. Dans les clapotements furieux des marées, Moi, l'autre hiver, plus sourd que les cerveaux d'enfants, Je courus ! Et les Péninsules démarrées N'ont pas subi tohu-bohus plus triomphants. La tempête a béni mes éveils maritimes. Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots Qu'on appelle rouleurs éternels de victimes, Dix nuits, sans regretter l'oeil niais des falots ! Plus douce qu'aux enfants la chair des pommes sûres, L'eau verte pénétra ma coque de sapin Et des taches de vins bleus et des vomissures Me lava, dispersant gouvernail et grappin. Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème De la Mer, infusé d'astres, et lactescent, Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême Et ravie, un noyé pensif parfois descend ; Où, teignant tout à coup les bleuités, délires Et rhythmes lents sous les rutilements du jour, Plus fortes que l'alcool, plus vastes que nos lyres, Fermentent les rousseurs amères de l'amour ! Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes Et les ressacs et les courants : je sais le soir, L'Aube exaltée ainsi qu'un peuple de colombes, Et j'ai vu quelquefois ce que l'homme a cru voir ! J'ai vu le soleil bas, taché d'horreurs mystiques, Illuminant de longs figements violets, Pareils à des acteurs de drames très antiques Les flots roulant au loin leurs frissons de volets ! J'ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies, Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs, La circulation des sèves inouïes, Et l'éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs ! J'ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries Hystériques, la houle à l'assaut des récifs, Sans songer que les pieds lumineux des Maries Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs ! J'ai heurté, savez-vous, d'incroyables Florides Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux D'hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides Sous l'horizon des mers, à de glauques troupeaux ! J'ai vu fermenter les marais énormes, nasses Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan ! Des écroulements d'eaux au milieu des bonaces, Et les lointains vers les gouffres cataractant ! Glaciers, soleils d'argent, flots nacreux, cieux de braises ! Échouages hideux au fond des golfes bruns Où les serpents géants dévorés des punaises Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums ! J'aurais voulu montrer aux enfants ces dorades Du flot bleu, ces poissons d'or, ces poissons chantants. - Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades Et d'ineffables vents m'ont ailé par instants. Parfois, martyr lassé des pôles et des zones, La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux Montait vers moi ses fleurs d'ombre aux ventouses jaunes Et je restais, ainsi qu'une femme à genoux... Presque île, ballottant sur mes bords les querelles Et les fientes d'oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds. Et je voguais, lorsqu'à travers mes liens frêles Des noyés descendaient dormir, à reculons ! Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses, Jeté par l'ouragan dans l'éther sans oiseau, Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses N'auraient pas repêché la carcasse ivre d'eau ; Libre, fumant, monté de brumes violettes, Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur Qui porte, confiture exquise aux bons poètes, Des lichens de soleil et des morves d'azur ; Qui courais, taché de lunules électriques, Planche folle, escorté des hippocampes noirs, Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ; Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais, Fileur éternel des immobilités bleues, Je regrette l'Europe aux anciens parapets ! J'ai vu des archipels sidéraux ! et des îles Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur : - Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t'exiles, Million d'oiseaux d'or, ô future Vigueur ? Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes. Toute lune est atroce et tout soleil amer : L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes. Ô que ma quille éclate ! Ô que j'aille à la mer ! Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache Noire et froide où vers le crépuscule embaumé Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche Un bateau frêle comme un papillon de mai. Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames, Enlever leur sillage aux porteurs de cotons, Ni traverser l'orgueil des drapeaux et des flammes, Ni nager sous les yeux horribles des pontons. Extrait de: Poésies (1870-1871) Arthur Rimbaud
Pas forcément. Ce poème là est particulièrement mélancolique. C'est l'histoire d'une dérive qui s'achève, le ton doit être dramatique. Le texte de Rimbaud est empli de regrets et de nostalgie. Le ton est parfaitement adéquat selon moi.
oui mais c de a à z la même tonalité, remarquez à le récouter ça me plaît maintenant. Je l'aurais pas dit comme ça, enfin sans musique, sans musique vocale, j'y aurais trouvé plus de nuances, dans les contours, les couleurs de la composition.
Sublime. Je pleure . Merci.
C’est magnifique de simplicité et d’émotion, merci
l'interprétation est magnifique !
Incroyable alliance de talents: la façon de déclamer, l'accompagnement musical, et la caméra, le tout porté par ce grand poème. Je ne me lasse jamais de voir, écouter. Le guitariste a eu une fin tragique .. on ne se frotte pas au génie sans danger je suppose..
Merci,
la diction est parfaite, le texte est donné à la lettre, a la virgule près, sans une erreur et sans bavure, dans un rythme d'une cadence époustouflante, enchantée et délirante savamment accompagné par le trio musical. Ce que je qualifierai de "parlant-chanté" enchanté est merveille enchanteresse.
J'ai écouté plusieurs fois, tant j'aime ce poème, les interprétations qui se suivent les unes et les autres, sur youtube : de Gérard Philipppe a Philippes Léotard en passant par Fanny Ardant ou Lèo Ferré, ou encore celle de Laurent Terzieff, qui m’apparaît être la meilleure.
J'espère bien, un jour, vous voir en live...
Bravo et encore merci.
JPS
la meilleure interprétation de ce poème que j'aime tant. Précision de la récitante, intensité, émotion, Rimbaud est là, vraiment là. J'aime !!!!
Le poème est depuis toujours ce qu il est, sublime...!
La manière dont c'est livré ici relève du chef d'oeuvre...
Un fabuleux voyage … Merci les Indolents .
Mmpppppmmmmmpppmm
Sublime ! Original ! Merci !!😘⛵⚓🌊🌬🎶📚🔥
Je suis fan 😍 Excellent. Bravo. Merci !
Vraiment incroyable comme résultat.
Super création !!!
Maravilloso
Un seul mot me vient a l'esprit > Superbe !!!
déférence gardée envers le grand Léo, les humbles troubadours sur lui surenchérissent , leur bateau est peut être moins ivre que le sien , mais nous mène vraiment très loin. C'est splendide.
Super !
Excellent à tous points de vue
Le son et le jeu de la guitare est très inspirant
MERCI
çà déchire !
excellent ! et je sais qu'il ne faut pas comparer, mais cette interprétation est bien l'une des meilleures si ce n'est la meilleure
tremendo saludos de pico truncado
je t'aime
finalement j 'aime bien
Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.
J'étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais.
Dans les clapotements furieux des marées,
Moi, l'autre hiver, plus sourd que les cerveaux d'enfants,
Je courus ! Et les Péninsules démarrées
N'ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.
La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots
Qu'on appelle rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits, sans regretter l'oeil niais des falots !
Plus douce qu'aux enfants la chair des pommes sûres,
L'eau verte pénétra ma coque de sapin
Et des taches de vins bleus et des vomissures
Me lava, dispersant gouvernail et grappin.
Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d'astres, et lactescent,
Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;
Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
Et rhythmes lents sous les rutilements du jour,
Plus fortes que l'alcool, plus vastes que nos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de l'amour !
Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
Et les ressacs et les courants : je sais le soir,
L'Aube exaltée ainsi qu'un peuple de colombes,
Et j'ai vu quelquefois ce que l'homme a cru voir !
J'ai vu le soleil bas, taché d'horreurs mystiques,
Illuminant de longs figements violets,
Pareils à des acteurs de drames très antiques
Les flots roulant au loin leurs frissons de volets !
J'ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs,
La circulation des sèves inouïes,
Et l'éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !
J'ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries
Hystériques, la houle à l'assaut des récifs,
Sans songer que les pieds lumineux des Maries
Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs !
J'ai heurté, savez-vous, d'incroyables Florides
Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux
D'hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides
Sous l'horizon des mers, à de glauques troupeaux !
J'ai vu fermenter les marais énormes, nasses
Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan !
Des écroulements d'eaux au milieu des bonaces,
Et les lointains vers les gouffres cataractant !
Glaciers, soleils d'argent, flots nacreux, cieux de braises !
Échouages hideux au fond des golfes bruns
Où les serpents géants dévorés des punaises
Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums !
J'aurais voulu montrer aux enfants ces dorades
Du flot bleu, ces poissons d'or, ces poissons chantants.
- Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades
Et d'ineffables vents m'ont ailé par instants.
Parfois, martyr lassé des pôles et des zones,
La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux
Montait vers moi ses fleurs d'ombre aux ventouses jaunes
Et je restais, ainsi qu'une femme à genoux...
Presque île, ballottant sur mes bords les querelles
Et les fientes d'oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds.
Et je voguais, lorsqu'à travers mes liens frêles
Des noyés descendaient dormir, à reculons !
Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,
Jeté par l'ouragan dans l'éther sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses
N'auraient pas repêché la carcasse ivre d'eau ;
Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves d'azur ;
Qui courais, taché de lunules électriques,
Planche folle, escorté des hippocampes noirs,
Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques
Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ;
Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues
Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais,
Fileur éternel des immobilités bleues,
Je regrette l'Europe aux anciens parapets !
J'ai vu des archipels sidéraux ! et des îles
Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur :
- Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t'exiles,
Million d'oiseaux d'or, ô future Vigueur ?
Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer :
L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes.
Ô que ma quille éclate ! Ô que j'aille à la mer !
Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.
Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
Enlever leur sillage aux porteurs de cotons,
Ni traverser l'orgueil des drapeaux et des flammes,
Ni nager sous les yeux horribles des pontons.
Extrait de:
Poésies (1870-1871)
Arthur Rimbaud
inspirés par Noir Désir ? Nonobstant : bien inspirés tout court.
Magnifique...
Que pensez-vous de ma version rap? 🙂
ruclips.net/video/NGBtIxfEk-w/видео.html
Superbe votre interprétation.
En partage
ruclips.net/video/1Y30E3qOMPQ/видео.html
роковой бабец!!!
Стихотворение ему так идет !!!
c plus léger Rimbaud, même ce poème, ton trop dramatique parfois
Pas forcément. Ce poème là est particulièrement mélancolique. C'est l'histoire d'une dérive qui s'achève, le ton doit être dramatique. Le texte de Rimbaud est empli de regrets et de nostalgie. Le ton est parfaitement adéquat selon moi.
oui mais c de a à z la même tonalité, remarquez à le récouter ça me plaît maintenant. Je l'aurais pas dit comme ça, enfin sans musique, sans musique vocale, j'y aurais trouvé plus de nuances, dans les contours, les couleurs de la composition.
insister sans doute sur le vertige du mystère de la dérive justement, avec un accent de hiatus mélancolique dans la 3ème partie.
C est émouvant sans pathos et sans affectation