Trente ans que je l'écoute, à différents moments d'une vie bien remplie qui n'a pas voulu s'interrompre, à plusieurs reprises. Léo lui rend justice je crois. On remercie, les poètes, les musiciens, l'âme du monde...
Arthur en avait 16 et Léo 70, et il était l’auteur et il en fût l’honneur... Voilà ce qu’est l’art, la création et la transmission, de l’adolescence au linceul.
Magnifique ! écoutez le bateau ivre sur le triple album de 1982, c'est sublime ! je ne sais pas s'il a été réédité en CD et puis il y a d'autres merveilles : Ludwig et l'imaginaire...je l'ai version vinyle et je ne me lasse pas d'écouter ce chef d'oeuvre. Léo, le génie de la chanson/poésie !
J ai eu la chance de voir Leo ferret à la medoquine en 1991 si je me rappelle bien un moment unique ce type dégageait une présence exceptionnelle après bien sur lui et la rencontre avec rimbaud le prince des poètes il va s en dire que je considère rimbaud comme le plus des poètes ayant jamais vécu la structure de ses textes générant des images sont comme une musique symphonique du coup la rencontre ferré et lui est juste gigantesque il y a un brin d ironie avec ses chants et ses sortes de cries et le phrase c est sublime
Merci leo je te connais depuis 35ans et le bateau ivre me chavire à chaque fois; oui je pleure. Et ( la violence et l 'ennui) n en parlons pas etc..........
@@chantal2776 Mais bien sûr que c'est Rimbaud, d'abord Rimbaud. Mis en voix par Ferré, ce n'est pas rien non plus. Je suppose que le poète serait assez fier du résultat. Bonne journée.
En 1982 j'avais 16 ans , j'étais loin d'écouter Léo Ferré,il était encore inaccessible pour mon petit cerveau d'ado mais chaque fois que je le voyais passer à la télé, il m'impressionnait et je savais qu'un jour je m'y plongerais avec délice
L'une des plus belles poésies d'Arthur Rimbaud mise en musique par Léo Ferré ♪ Le Bateau ivre ♪ "poème qui fait partie de son album L'Imaginaire (1982) où Il prend la liberté de transformer les deux premiers quatrains en refrain, répétés sept fois ....Cette belle poésie d'Arthur Rimbaud écrite à la fin de l'été 1871, alors qu'il était âgé de 17 ans est constituée de 25 quatrains d'alexandrins () Il raconte, à la première personne, un bateau sans maître, chahuté par les flots, qui finit par couler. Arthur Rimbaud a envoyé ce poème à Paul Verlaine avant de le rejoindre à Paris. () Quatrain est une strophe de quatre vers. Les alexandrins sont des vers de douze syllabes.
Le bateau ivre, Arthur Rimbaud Comme je descendais des Fleuves impassibles, Je ne me sentis plus guidé par les haleurs : Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles, Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs. J’étais insoucieux de tous les équipages, Porteur de blés flamands ou de cotons anglais. Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages, Les Fleuves m’ont laissé descendre où je voulais. Dans les clapotements furieux des marées, Moi, l’autre hiver, plus sourd que les cerveaux d’enfants, Je courus ! Et les Péninsules démarrées N’ont pas subi tohu-bohus plus triomphants. La tempête a béni mes éveils maritimes. Plus léger qu’un bouchon j’ai dansé sur les flots Qu’on appelle rouleurs éternels de victimes, Dix nuits, sans regretter l’oeil niais des falots ! Plus douce qu’aux enfants la chair des pommes sûres, L’eau verte pénétra ma coque de sapin Et des taches de vins bleus et des vomissures Me lava, dispersant gouvernail et grappin. Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème De la Mer, infusé d’astres, et lactescent, Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême Et ravie, un noyé pensif parfois descend ; Où, teignant tout à coup les bleuités, délires Et rhythmes lents sous les rutilements du jour, Plus fortes que l’alcool, plus vastes que nos lyres, Fermentent les rousseurs amères de l’amour ! Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes Et les ressacs et les courants : je sais le soir, L’Aube exaltée ainsi qu’un peuple de colombes, Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir ! J’ai vu le soleil bas, taché d’horreurs mystiques, Illuminant de longs figements violets, Pareils à des acteurs de drames très antiques Les flots roulant au loin leurs frissons de volets ! J’ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies, Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs, La circulation des sèves inouïes, Et l’éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs ! J’ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries Hystériques, la houle à l’assaut des récifs, Sans songer que les pieds lumineux des Maries Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs ! J’ai heurté, savez-vous, d’incroyables Florides Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux D’hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides Sous l’horizon des mers, à de glauques troupeaux ! J’ai vu fermenter les marais énormes, nasses Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan ! Des écroulements d’eaux au milieu des bonaces, Et les lointains vers les gouffres cataractant ! Glaciers, soleils d’argent, flots nacreux, cieux de braises ! Échouages hideux au fond des golfes bruns Où les serpents géants dévorés des punaises Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums ! J’aurais voulu montrer aux enfants ces dorades Du flot bleu, ces poissons d’or, ces poissons chantants. - Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades Et d’ineffables vents m’ont ailé par instants. Parfois, martyr lassé des pôles et des zones, La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux Montait vers moi ses fleurs d’ombre aux ventouses jaunes Et je restais, ainsi qu’une femme à genoux… Presque île, ballottant sur mes bords les querelles Et les fientes d’oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds. Et je voguais, lorsqu’à travers mes liens frêles Des noyés descendaient dormir, à reculons ! Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses, Jeté par l’ouragan dans l’éther sans oiseau, Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses N’auraient pas repêché la carcasse ivre d’eau ; Libre, fumant, monté de brumes violettes, Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur Qui porte, confiture exquise aux bons poètes, Des lichens de soleil et des morves d’azur ; Qui courais, taché de lunules électriques, Planche folle, escorté des hippocampes noirs, Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ; Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais, Fileur éternel des immobilités bleues, Je regrette l’Europe aux anciens parapets ! J’ai vu des archipels sidéraux ! et des îles Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur : - Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t’exiles, Million d’oiseaux d’or, ô future Vigueur ? Mais, vrai, j’ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes. Toute lune est atroce et tout soleil amer : L’âcre amour m’a gonflé de torpeurs enivrantes. Ô que ma quille éclate ! Ô que j’aille à la mer ! Si je désire une eau d’Europe, c’est la flache Noire et froide où vers le crépuscule embaumé Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche Un bateau frêle comme un papillon de mai. Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames, Enlever leur sillage aux porteurs de cotons, Ni traverser l’orgueil des drapeaux et des flammes, Ni nager sous les yeux horribles des pontons. Arthur Rimbaud, Poésies
En matière littéraire musicale intense grande belle au-delà de tout l'humain n'a rien produit de plus grand de plus beau de plus profond à vous faire penser que quelque chose existe au-delà de l'homme Quel vide son absence Depuis il n'y a plus rien
Al descender los Ríos impasibles, sentí que ya mis guías no halaban de las sirgas: Pieles Rojas chillones los habían tomado por blanco, fijándolos, desnudos, a postes de colores. Carguero de trigo flamenco o de algodón inglés, nunca me preocupé por las tripulaciones. Cuando hubo terminado la algarada, los ríos me dejaron ir adonde quería. Entre el furioso embate de las olas, yo, el anterior invierno más sordo que el cerebro de los niños, ¡corrí!: las Penínsulas que perdieron sus amarras no han padecido caos más soberbios. La tempestad bendijo mi despertar marino, diez noches he bailado más ligero que un corcho, sobre olas insaciables de víctimas, sin nostalgia del ojo necio de los fanales. Más dulce que a los niños la pulpa de las manzanas ácidas, penetró el agua verde mi cascarón de pino, y, dispersando arpeos y timón, me lavó de inmundicias y de manchas de vino. ¡Y, desde entonces, me he bañado en el poema del mar, de astros infundido y lactescente, devorando las ondas verdiazules, en las que, flotación lívida y arrobada, un ahogado pensativo desciende algunas veces; en las que, de repente, tiñendo los azules, delirios y ritmos lentos bajo las rutilaciones del día, más fuertes que el alcohol, más vastos que las liras, fermentan los rubores amargos del amor! Yo conozco los cielos que estallan en relámpagos, y las trombas, y las resacas, y las corrientes; conozco la tarde, el alba exaltada igual que un pueblo de palomas, y he visto algunas veces lo que el hombre creyó ver. He visto el sol bajo, manchado de místicos horrores, alumbrando con largos cuajarones morados, semejantes a actores de dramas muy antiguos, las olas que rodaban a lo lejos sus temblores de estrías. Soñé la noche verde de nieves deslumbradas, los besos que ascendían, lentos, hasta los ojos de los mares, la circulación de savias inauditas, y el despertar amarillo y azul de las fosforescencias sonoras. Seguí meses enteros, asaltando arrecifes, a las marejadas, semejantes a manadas histéricas, sin soñar que los pies luminosos de las Marías pudiesen aplastar el hocico a los Océanos jadeantes. Di, ¿sabéis?, con Floridas increíbles que mezclaban a flores de ojos de pantera y piel de hombre, arco-iris tendidos como bridas, bajo el horizonte de los mares, a glaucos rebaños. ¡He visto fermentar las marismas, enormes redes donde entre los juncos se pudre todo un Leviatán, derrumbamientos de aguas en medio de las calmas y lejanías cayendo en cataratas hacia los remolinos! ¡Glaciares, soles de plata, olas nacaradas, cielos de brasas, horribles varaderos en el fondo de los golfos oscuros, donde serpientes gigantes, devoradas de chinches, caen, con negros perfumes, de los árboles torcidos! Habría querido mostrar a los niños esas doradas de las ondas azules, esos pescados de oro, esos peces sonoros. Espumas de flores bendijeron mis zarpes y vientos inefables me dieron alas por instantes. A veces, el mar, cuyo sollozo hacía suaves mis bandazos, levantaba hacia mí, mártir cansado de los polos y de las zonas, sus sombrías flores de ventosas amarillas, y yo permanecía como una mujer arrodillada, península, en cuyos bordes rebotaban las querellas y el estiércol de los pájaros vocingleros de ojos claros, y yo vogaba mientras, a través de mis frágiles zunchos, de espaldas, bajaban a dormir los ahogados. Y yo, barco perdido bajo la cabellera de las ensenadas, arrojado por el huracán en el éter sin pájaros, yo, cuyo casco ebrio de agua no hubieran reflotado los Monitores ni los veleros del Hansa, libre, humeante, tripulado de brumas violetas, yo que horadaba el cielo enrojecido como un muro que muestra, confitura exquisita para los buenos poetas, liqúenes de sol y mocos de azur, yo, que corría manchado de lúnulas eléctricas, tabla loca, escoltada por negros hipocampos, cuando las canículas hundían los cielos ultramarinos de ardientes cráteres a golpes de garrote, yo, que temblaba oyendo gemir a cincuenta leguas el celo de los Behemots y de los Maelstroms espesos, hilandero eterno de los inmóviles azules, siento nostalgia de la Europa de antiguos parapetos. ¡He visto archipiélagos siderales!, islas cuyos cielos en delirio están abiertos al navegante: ¿es en esas noches sin fondo cuando duermes y te exilas, millón de aves de oro, oh futuro Vigor? Si, cierto, demasiado he llorado. Las auroras son crueles. Toda luna es atroz y todo sol amargo. El acre amor me ha henchido de embriagador letargo. ¡Oh, que mi quilla estalle! ¡Oh, que vaya a la mar! Si algún agua de Europa deseo, es el charco negro y frío, donde al caer la tarde embalsamada, en cuclillas y lleno de tristeza, un niño suelta un barco frágil como una mariposa de mayo. ¡No puedo ya, olas, bañado en vuestras languideces, arrebatar su estela a los cargueros de algodón, ni cruzar entre el orgullo de gallardetes y banderas, ni nadar bajo la mirada horrible de los pontones!
@@raynalpatrick Verlaine a aidé à publié ce poème, des 1871, c'est lui qui l'a retranscrit jusqu'à l'édition en 1882 je crois. A Rimbaud est arrivé à Paris en 1871 avec plusieurs poèmes , le bateau Ivre pourrait être inspiré de Jules Verne et son 20 millions sous les mers , d'après certains spécialistes de la poésie. Après vous avez peut-être raison, mais pas de trace de cette aide.
fantastique interpretation !! mai pour apecier si vous avez comme moi descendu des fleuves impasibles dans le monde entier , ca prend une autre dimention ! j ecoutais leo chanter le bateaux ivre sur un vieux cargo pourri en descendant le rio parana et je me surpris a getter les rives , inquiet ! fantastique ! merci leo : pierre xavier de chassot .
jean-claude 👍 On se sent moins seul.... Léo Ferré, si merveilleux sur certains poètes (Aragon, par ex), et si mauvais ici.... C'est grandiloquent, c'est superfétatoire, à grands coups de "Hééé", "Haaa" de "Héhéhé", de "Hahaha", de reprises en échos.... C'est pour faire plus lyrique, plus épique ??? C'est pas bon, pénible, et complètement à côté de la plaque. Je ne comprendrai jamais comment on peut s'extasier d'une telle interprétation bien lourdingue.
Entendu pour la 1ère fois lors d'un concert consacré aux poètes à La Courneuve, espace John Lennon, dans les années 80 ! Quelqu'un aurait-il une vidéo ou un audio de ce concert ?
Le texte est un espace libre, jamais à conquérir, mais à accompagner au grès des offres de l'esprit, du sens et des mots qui flottent dans l'âme du créateur. Celui qui se bat contre les mots a perdu d'avance. Sauf celui qui écoute et cherche à se dire et à se laisser saisir à travers sa plume et son humeur de l'instant peut comprendre Rimbaud, Verlaine, Baudelaire, Char, Bousquet, Davezies et bien d'autres. Mais toujours est-il que l'enjeu de la création littéraire n'est pas de comprendre ou d'aimer le texte ou l'auteur, mais de se retrouver soi-même dans ces univers intacts de la création littéraire et de se dire 'je suis un peu ça aussi' et qu'il y a du Rimbaud ou du Qaiss (le fou de Leila dans la poésie antique arabe) en chacun de nous, et que même si les peaux et les époques changent l'homme reste le même, et qu'il y a presque un peu d'éternité dans ce poème, un espace libre qui n’exclut personne et qui dure tant que l'homme est.
L'âme n'est pas au Créateur mais à la créature. Puisque qu'elle intermède l'oeuvre de la mise en scène, en assujetissant son rôle dans une belle tragédie. Cette forme englobe l'ose du moment s'y preneur de la dépendance du spectre visionner.
Французский язык мне не знаком, но интересно услышать как выглядит речь стихов Артюра Рембо на его родном языке в чтении носителей французского. Невероятное стихотворение, очень великое! Очень интересное и имеет множество переводов на русский язык, каждый перевод с индивидуальностью автора перевода и не знающий французский язык просто теряется в изумлении, какому переводу верить? Не лучше ли самому прочесть на французском языке стихотворение "Пьяный корабль" Артюра Рембо? Да, это лучше, но не всем дано, и не мне, потому читаю переводы и слушаю речь на французском, мне интересно.
Tu as raison l'ami. Ce poème est intraduisible. Érudit, symbolique, antique...des références, allusions, une forme, scansion, polysémie... la quintessence de la poésie française... tu as raison de l'écouter ainsi - comme un sortilège venu d'ailleurs.
Selon moi un morceau de cette envergure et avec toute l'émotion qu'il dégage (même si le poème reste très hermétique et difficile à comprendre), n'était pas à interpréter en public. En voyant Léo faire les 100 pas sur les planches et se forcer à rire, je ressens un sentiment de mal-être. Je salue cependant sa mémoire. Apprendre un poème aussi long et compliqué, ça ne doit pas être évident.
le poeme de rimbaud n est pas hemetique ni difficile a comprendre , mai il faut avoir naviguer sur des cargos , afronter des ciclones , en sortir blesser mais etonner d etre encore vivant , voire son cargo ami couler et descendre a reculon vers ces abimes cataractans et se poser a 4000 metres sous l ocean .l envie de repartir et la plus forte . descendre des fleuves impasibles et nager au milieux des piranias ! vivre et etre heureux avant d etre vieux . pierre_xavier de chassot .
Léo, je préfère la version de ton adorateur, Philippe Léotard : ruclips.net/video/qtEmFoTFgBM/видео.html. Elle est sobre et n'a pas besoin de musique, et puis Philippe ne bafouille pas. Ici, la star, c'est Rimbaud, pas toi. Cependant, ta version est magnifique.
Comme une hydre à têtes multiples, Ferre est chanteur, poète, homme de théâtre, professeur, et cette mémoire d'éléphant afin de mémoriser tous ces textes si compliqués à retenir, et pour que les mots sortent sans faillir. A moins que passionner par ce genre de poésie cela en facilite l'étude et l'apprentissage, mais alors il faut que cette passion viscérale lui soit river au corps et au cœur, car ce texte nous le connaissons surement mais pas cette interprétation qui le magnifie... Si vous êtes fan de Rimbaud, je vous conseille cette excellente bio : ruclips.net/video/u2h2c4A3PcA/видео.html
Le bateau ivre Arthur Rimbaud Comme je descendais des Fleuves impassibles, Je ne me sentis plus guidé par les haleurs : Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles, Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs. J’étais insoucieux de tous les équipages, Porteur de blés flamands ou de cotons anglais. Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages, Les Fleuves m’ont laissé descendre où je voulais. Dans les clapotements furieux des marées, Moi, l’autre hiver, plus sourd que les cerveaux d’enfants, Je courus ! Et les Péninsules démarrées N’ont pas subi tohu-bohus plus triomphants. La tempête a béni mes éveils maritimes. Plus léger qu’un bouchon j’ai dansé sur les flots Qu’on appelle rouleurs éternels de victimes, Dix nuits, sans regretter l’oeil niais des falots ! Plus douce qu’aux enfants la chair des pommes sûres, L’eau verte pénétra ma coque de sapin Et des taches de vins bleus et des vomissures Me lava, dispersant gouvernail et grappin. Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème De la Mer, infusé d’astres, et lactescent, Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême Et ravie, un noyé pensif parfois descend ; Où, teignant tout à coup les bleuités, délires Et rhythmes lents sous les rutilements du jour, Plus fortes que l’alcool, plus vastes que nos lyres, Fermentent les rousseurs amères de l’amour ! Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes Et les ressacs et les courants : je sais le soir, L’Aube exaltée ainsi qu’un peuple de colombes, Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir ! J’ai vu le soleil bas, taché d’horreurs mystiques, Illuminant de longs figements violets, Pareils à des acteurs de drames très antiques Les flots roulant au loin leurs frissons de volets ! J’ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies, Baisers montant aux yeux des mers avec lenteurs, La circulation des sèves inouïes, Et l’éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs ! J’ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries Hystériques, la houle à l’assaut des récifs, Sans songer que les pieds lumineux des Maries Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs ! J’ai heurté, savez-vous, d’incroyables Florides Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux D’hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides Sous l’horizon des mers, à de glauques troupeaux ! J’ai vu fermenter les marais énormes, nasses Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan ! Des écroulements d’eaux au milieu des bonaces, Et les lointains vers les gouffres cataractant ! Glaciers, soleils d’argent, flots nacreux, cieux de braises ! Échouages hideux au fond des golfes bruns Où les serpents géants dévorés des punaises Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums ! J’aurais voulu montrer aux enfants ces dorades Du flot bleu, ces poissons d’or, ces poissons chantants. - Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades Et d’ineffables vents m’ont ailé par instants. Parfois, martyr lassé des pôles et des zones, La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux Montait vers moi ses fleurs d’ombre aux ventouses jaunes Et je restais, ainsi qu’une femme à genoux… Presque île, ballottant sur mes bords les querelles Et les fientes d’oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds. Et je voguais, lorsqu’à travers mes liens frêles Des noyés descendaient dormir, à reculons ! Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses, Jeté par l’ouragan dans l’éther sans oiseau, Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses N’auraient pas repêché la carcasse ivre d’eau ; Libre, fumant, monté de brumes violettes, Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur Qui porte, confiture exquise aux bons poètes, Des lichens de soleil et des morves d’azur ; Qui courais, taché de lunules électriques, Planche folle, escorté des hippocampes noirs, Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ; Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais, Fileur éternel des immobilités bleues, Je regrette l’Europe aux anciens parapets ! J’ai vu des archipels sidéraux ! et des îles Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur : - Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t’exiles, Million d’oiseaux d’or, ô future Vigueur ? Mais, vrai, j’ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes. Toute lune est atroce et tout soleil amer : L’âcre amour m’a gonflé de torpeurs enivrantes. Ô que ma quille éclate ! Ô que j’aille à la mer ! Si je désire une eau d’Europe, c’est la flache Noire et froide où vers le crépuscule embaumé Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche Un bateau frêle comme un papillon de mai. Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames, Enlever leur sillage aux porteurs de cotons, Ni traverser l’orgueil des drapeaux et des flammes, Ni nager sous les yeux horribles des pontons. Arthur Rimbaud, Poésies
Beau poème de la mer de grand poète et parfaite interprétation de grand acteur. Bravo !
❤❤❤❤❤😂🎉🎉🎉🎉❤❤❤❤😂❤😢😢🎉🎉
❤❤❤😂❤❤❤❤❤❤😢😢😮🎉😢
Trente ans que je l'écoute, à différents moments d'une vie bien remplie qui n'a pas voulu s'interrompre, à plusieurs reprises. Léo lui rend justice je crois. On remercie, les poètes, les musiciens, l'âme du monde...
J'ai été élevée dedans, ( née en 1961) je l'ai vu 3 ou 4 fois sur scène, chaque fois qu'il passait, un genre de fil rouge de mon existence.
Canada. Le seul poète qui réussit à donner vie à un texte venant d un autre monde.
Merci pour ça, je crois qu'il faut que nous témoignons
Je suis née en 60 je n ai jamais cesser de l écouter
Un grand Monsieur @@frederiqueleduc184
Exemple de génie formidable
IMPOSSIBLE
D'ÉGALER
LÉO
QUAND IL CHANTE.
PERFECTION,
IL L'EXISTE
AVEC LUI
ON SE LAISSE
ENTRAÎNER
SUR LE
BÂTEAU IVRE.
La plus belle interprétation de Ferré c'est extraordinaire. Quel merveilleux poète ce Raimbaud il fallait bien Leo pour le dire aussi bien !!!
Arthur en avait 16 et Léo 70, et il était l’auteur et il en fût l’honneur... Voilà ce qu’est l’art, la création et la transmission, de l’adolescence au linceul.
Magnifique ! écoutez le bateau ivre sur le triple album de 1982, c'est sublime ! je ne sais pas s'il a été réédité en CD et puis il y a d'autres merveilles : Ludwig et l'imaginaire...je l'ai version vinyle et je ne me lasse pas d'écouter ce chef d'oeuvre. Léo, le génie de la chanson/poésie !
Que c'est bon mon vieux Léo que je suis allée voir une vingtaine de fois :
J ai eu la chance de voir Leo ferret à la medoquine en 1991 si je me rappelle bien un moment unique ce type dégageait une présence exceptionnelle après bien sur lui et la rencontre avec rimbaud le prince des poètes il va s en dire que je considère rimbaud comme le plus des poètes ayant jamais vécu la structure de ses textes générant des images sont comme une musique symphonique du coup la rencontre ferré et lui est juste gigantesque il y a un brin d ironie avec ses chants et ses sortes de cries et le phrase c est sublime
Magnifiquement beau, ça te prend les tripes !
Merci leo je te connais depuis 35ans et le bateau ivre me chavire à chaque fois; oui je pleure. Et ( la violence et l 'ennui) n en parlons pas etc..........
La mémoire et la mer c'est aussi ça la poésie
je tremble et je frémis à en pleurer quand j'entends ce Ferré-là chanter Rimbaud de cette manière ! merciiiiiiiiiiii
So true dessin du chemin de vie merci R et F
Que dire de la beauté lorsqu'elle nous porte au plus haut. Infinie tendresse à ce superbe artiste qui nous aura offert " la poésie dans la rue".
des années se sont écoulées depuis que j'ai lu ce poème pour la dernière fois.
Je vais dormir. J'écouterai demain. Merci.
j'en pleure! quel magnifique récitant!🤩
Aahh, la poésie et la musique...
Merci Léo pour cette descente dans le temps !
Ça sent l'éternité 💕
Humain
FERRÉ !! BAUDELAIRE !!! La folie en osmose!!! Fabuleux......
Arthur Rimbaud, Paul Verlaine, l'âge d'or de la poésie française.
LOVE❤Léo chante dans son théâtre parisien préféré le TOP Déjazet à Paris. J'y étais et c'était sublime.🎼🎵🎶👌👌👌🇫🇷❤❤❤
Moi aussi
j'ai assisté à son récital à l'espace balard
Leo esr un tres grand maitre. C est lui qui m tout appris. C est lui qui m a donne acces a ce qu il y a de plus haut.
C'est ça la poésie. Ou alors ce n'est presque rien. Donc, c'est ça. Et c'est tout. Merci Ferré.
Damso il est pas mal aussi
merci Rimbaud , peut etre aussi , non ?
@@chantal2776 Mais bien sûr que c'est Rimbaud, d'abord Rimbaud. Mis en voix par Ferré, ce n'est pas rien non plus. Je suppose que le poète serait assez fier du résultat. Bonne journée.
Et damso?
Dems Dems
MAGNIFIQUE NOUS VOGUONS GRACE A LÉO..........
En 1982 j'avais 16 ans , j'étais loin d'écouter Léo Ferré,il était encore inaccessible pour mon petit cerveau d'ado mais chaque fois que je le voyais passer à la télé, il m'impressionnait et je savais qu'un jour je m'y plongerais avec délice
Quelle merveille Leo ferre L'unique Merci pour cette poésie avec ta musique !!❤❤
Extraordinairement Magnifique !
Fascinant Léo Ferré ! belle poésie et composition . Merci.
Fabuleux de plus mon premier vinyle
@@michelgermain8673fabuleux oui mais il a prononcé des choses immondes sur les femmes
Toujours la leo
Je ne connais pas cette chanson. .. Merveilleux love.. Merci beaucoup
!!!..
ça me met le coeur à l'envers... à chaque fois.... écrit par un ado de 17 ans... et chanté par Ferré...
De l art pur
L'une des plus belles poésies d'Arthur Rimbaud mise en musique par Léo Ferré ♪ Le Bateau ivre ♪ "poème qui fait partie de son album L'Imaginaire (1982) où Il prend la liberté de transformer les deux premiers quatrains en refrain, répétés sept fois ....Cette belle poésie d'Arthur Rimbaud écrite à la fin de l'été 1871, alors qu'il était âgé de 17 ans est constituée de 25 quatrains d'alexandrins () Il raconte, à la première personne, un bateau sans maître, chahuté par les flots, qui finit par couler. Arthur Rimbaud a envoyé ce poème à Paul Verlaine avant de le rejoindre à Paris.
() Quatrain est une strophe de quatre vers. Les alexandrins sont des vers de douze syllabes.
Magnifique musique sur un poème sublime tu m accompagnera au dernier chemin quand je passerai le fleuve.
Je ne sais pas comment il faisait pour diffuser tout se flot de paroles sans prompteur ! Un artiste hors norme.
C'est d'une telle beauté
MERVEILLEUX LÉO.
MERCI
Comment peut-il envoyer tant de textes un extra. Terrestre
Huge love from Brazil.
Rimbaud… D'autant plus vraie dans sa bouche, dans ses gestes, dans sa vie!
En effet Ferré est un poète incontournable , un génie !
Rimbaud était un pur génie
@@Olymp773Le Rimbe ? Un trafiquant d’armes et d’individus. Renseignez-vous
Admirable
A papy
Que j ai jamais connu
Je te restent ce soir
A mes deux grand mère
Merci pour tout
Ce que vous m avez
Le bateau ivre, Arthur Rimbaud
Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.
J’étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
Les Fleuves m’ont laissé descendre où je voulais.
Dans les clapotements furieux des marées,
Moi, l’autre hiver, plus sourd que les cerveaux d’enfants,
Je courus ! Et les Péninsules démarrées
N’ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.
La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus léger qu’un bouchon j’ai dansé sur les flots
Qu’on appelle rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits, sans regretter l’oeil niais des falots !
Plus douce qu’aux enfants la chair des pommes sûres,
L’eau verte pénétra ma coque de sapin
Et des taches de vins bleus et des vomissures
Me lava, dispersant gouvernail et grappin.
Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d’astres, et lactescent,
Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;
Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
Et rhythmes lents sous les rutilements du jour,
Plus fortes que l’alcool, plus vastes que nos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de l’amour !
Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
Et les ressacs et les courants : je sais le soir,
L’Aube exaltée ainsi qu’un peuple de colombes,
Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir !
J’ai vu le soleil bas, taché d’horreurs mystiques,
Illuminant de longs figements violets,
Pareils à des acteurs de drames très antiques
Les flots roulant au loin leurs frissons de volets !
J’ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs,
La circulation des sèves inouïes,
Et l’éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !
J’ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries
Hystériques, la houle à l’assaut des récifs,
Sans songer que les pieds lumineux des Maries
Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs !
J’ai heurté, savez-vous, d’incroyables Florides
Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux
D’hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides
Sous l’horizon des mers, à de glauques troupeaux !
J’ai vu fermenter les marais énormes, nasses
Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan !
Des écroulements d’eaux au milieu des bonaces,
Et les lointains vers les gouffres cataractant !
Glaciers, soleils d’argent, flots nacreux, cieux de braises !
Échouages hideux au fond des golfes bruns
Où les serpents géants dévorés des punaises
Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums !
J’aurais voulu montrer aux enfants ces dorades
Du flot bleu, ces poissons d’or, ces poissons chantants.
- Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades
Et d’ineffables vents m’ont ailé par instants.
Parfois, martyr lassé des pôles et des zones,
La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux
Montait vers moi ses fleurs d’ombre aux ventouses jaunes
Et je restais, ainsi qu’une femme à genoux…
Presque île, ballottant sur mes bords les querelles
Et les fientes d’oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds.
Et je voguais, lorsqu’à travers mes liens frêles
Des noyés descendaient dormir, à reculons !
Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,
Jeté par l’ouragan dans l’éther sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses
N’auraient pas repêché la carcasse ivre d’eau ;
Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves d’azur ;
Qui courais, taché de lunules électriques,
Planche folle, escorté des hippocampes noirs,
Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques
Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ;
Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues
Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais,
Fileur éternel des immobilités bleues,
Je regrette l’Europe aux anciens parapets !
J’ai vu des archipels sidéraux ! et des îles
Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur :
- Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t’exiles,
Million d’oiseaux d’or, ô future Vigueur ?
Mais, vrai, j’ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer :
L’âcre amour m’a gonflé de torpeurs enivrantes.
Ô que ma quille éclate ! Ô que j’aille à la mer !
Si je désire une eau d’Europe, c’est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche
Un bateau frêle comme un papillon de mai.
Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,
Enlever leur sillage aux porteurs de cotons,
Ni traverser l’orgueil des drapeaux et des flammes,
Ni nager sous les yeux horribles des pontons.
Arthur Rimbaud, Poésies
Tu la pris sur poetica tu as fais du copier coller
Merci 🙏
En matière littéraire musicale intense grande belle au-delà de tout l'humain n'a rien produit de plus grand de plus beau de plus profond à vous faire penser que quelque chose existe au-delà de l'homme
Quel vide son absence
Depuis il n'y a plus rien
ha mon dieu! quel choc!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Al descender los Ríos impasibles, sentí que ya mis guías
no halaban de las sirgas: Pieles Rojas chillones los habían
tomado por blanco, fijándolos, desnudos, a postes de colores.
Carguero de trigo flamenco o de algodón inglés, nunca me
preocupé por las tripulaciones. Cuando hubo terminado la
algarada, los ríos me dejaron ir adonde quería.
Entre el furioso embate de las olas, yo, el anterior invierno
más sordo que el cerebro de los niños, ¡corrí!: las Penínsulas que perdieron sus amarras no han padecido caos más
soberbios.
La tempestad bendijo mi despertar marino, diez noches he
bailado más ligero que un corcho, sobre olas insaciables de
víctimas, sin nostalgia del ojo necio de los fanales.
Más dulce que a los niños la pulpa de las manzanas ácidas,
penetró el agua verde mi cascarón de pino, y, dispersando
arpeos y timón, me lavó de inmundicias y de manchas
de vino.
¡Y, desde entonces, me he bañado en el poema del mar, de
astros infundido y lactescente, devorando las ondas verdiazules, en las que, flotación lívida y arrobada, un ahogado
pensativo desciende algunas veces;
en las que, de repente, tiñendo los azules, delirios y ritmos
lentos bajo las rutilaciones del día, más fuertes que el alcohol, más vastos que las liras, fermentan los rubores amargos del amor!
Yo conozco los cielos que estallan en relámpagos, y las trombas, y las resacas, y las corrientes; conozco la tarde, el alba
exaltada igual que un pueblo de palomas, y he visto algunas veces lo que el hombre creyó ver.
He visto el sol bajo, manchado de místicos horrores, alumbrando con largos cuajarones morados, semejantes a actores de dramas muy antiguos, las olas que rodaban a lo lejos sus temblores de estrías.
Soñé la noche verde de nieves deslumbradas, los besos que
ascendían, lentos, hasta los ojos de los mares, la circulación
de savias inauditas, y el despertar amarillo y azul de las fosforescencias sonoras.
Seguí meses enteros, asaltando arrecifes, a las marejadas,
semejantes a manadas histéricas, sin soñar que los pies luminosos de las Marías pudiesen aplastar el hocico a los
Océanos jadeantes.
Di, ¿sabéis?, con Floridas increíbles que mezclaban a flores
de ojos de pantera y piel de hombre, arco-iris tendidos
como bridas, bajo el horizonte de los mares, a glaucos
rebaños.
¡He visto fermentar las marismas, enormes redes donde entre los juncos se pudre todo un Leviatán, derrumbamientos
de aguas en medio de las calmas y lejanías cayendo en cataratas hacia los remolinos!
¡Glaciares, soles de plata, olas nacaradas, cielos de brasas,
horribles varaderos en el fondo de los golfos oscuros, donde
serpientes gigantes, devoradas de chinches, caen, con negros
perfumes, de los árboles torcidos!
Habría querido mostrar a los niños esas doradas de las ondas azules, esos pescados de oro, esos peces sonoros. Espumas de flores bendijeron mis zarpes y vientos inefables me
dieron alas por instantes.
A veces, el mar, cuyo sollozo hacía suaves mis bandazos, levantaba hacia mí, mártir cansado de los polos y de las zonas, sus sombrías flores de ventosas amarillas, y yo permanecía como una mujer arrodillada,
península, en cuyos bordes rebotaban las querellas y el estiércol de los pájaros vocingleros de ojos claros, y yo vogaba mientras, a través de mis frágiles zunchos, de espaldas,
bajaban a dormir los ahogados.
Y yo, barco perdido bajo la cabellera de las ensenadas, arrojado por el huracán en el éter sin pájaros, yo, cuyo casco
ebrio de agua no hubieran reflotado los Monitores ni los
veleros del Hansa,
libre, humeante, tripulado de brumas violetas, yo que horadaba el cielo enrojecido como un muro que muestra,
confitura exquisita para los buenos poetas, liqúenes de sol
y mocos de azur,
yo, que corría manchado de lúnulas eléctricas, tabla loca,
escoltada por negros hipocampos, cuando las canículas
hundían los cielos ultramarinos de ardientes cráteres a golpes de garrote,
yo, que temblaba oyendo gemir a cincuenta leguas el celo
de los Behemots y de los Maelstroms espesos, hilandero
eterno de los inmóviles azules, siento nostalgia de la Europa de antiguos parapetos.
¡He visto archipiélagos siderales!, islas cuyos cielos en delirio están abiertos al navegante: ¿es en esas noches sin fondo cuando duermes y te exilas, millón de aves de oro, oh
futuro Vigor?
Si, cierto, demasiado he llorado. Las auroras son crueles.
Toda luna es atroz y todo sol amargo. El acre amor me ha
henchido de embriagador letargo. ¡Oh, que mi quilla estalle! ¡Oh, que vaya a la mar!
Si algún agua de Europa deseo, es el charco negro y frío,
donde al caer la tarde embalsamada, en cuclillas y lleno de
tristeza, un niño suelta un barco frágil como una mariposa de mayo.
¡No puedo ya, olas, bañado en vuestras languideces, arrebatar su estela a los cargueros de algodón, ni cruzar entre
el orgullo de gallardetes y banderas, ni nadar bajo la mirada horrible de los pontones!
Un interprète extraordinaire......💖💖💖
TEXTE - MUSIQUE NOUS FAIT VOYAGER DANS UN AUTRE MODE - SIDERALE
N’oubliez jamais
Automne 1986 Théâtre Déjazet Concert inoubliable
La mémoire et le mer .......du bateau ivre...une tempête. Oui oui....
deux genies reunis
Merci à vous deux . 'Barde à vous' Délivresse
Maravilhoso!!!!
Un des plus grands poèmes de Rimbaud
CERTAINEMENT ....MAIS DIRAI S JE,,,BIEN AIDE PAR VERLAINE '
@@raynalpatrick Verlaine a aidé à publié ce poème, des 1871, c'est lui qui l'a retranscrit jusqu'à l'édition en 1882 je crois. A Rimbaud est arrivé à Paris en 1871 avec plusieurs poèmes , le bateau Ivre pourrait être inspiré de Jules Verne et son 20 millions sous les mers , d'après certains spécialistes de la poésie.
Après vous avez peut-être raison, mais pas de trace de cette aide.
fantastique interpretation !! mai pour apecier si vous avez comme moi descendu des fleuves impasibles dans le monde entier , ca prend une autre dimention ! j ecoutais leo chanter le bateaux ivre sur un vieux cargo pourri en descendant le rio parana et je me surpris a getter les rives , inquiet ! fantastique ! merci leo : pierre xavier de chassot .
C'était des cadavres passant sur la Meuse près du moulin à Charleville. Sa maison sur le quai. Loin de la roche.
Tu me manques !Je t'aime.
Fantastique
Rimbaud n à pas besoin de ce tintamarre musical ni du ricanement propre à Leo, qui vient s égarer là
jean-claude 👍 On se sent moins seul....
Léo Ferré, si merveilleux sur certains poètes (Aragon, par ex), et si mauvais ici....
C'est grandiloquent, c'est superfétatoire, à grands coups de "Hééé", "Haaa" de "Héhéhé", de "Hahaha", de reprises en échos.... C'est pour faire plus lyrique, plus épique ???
C'est pas bon, pénible, et complètement à côté de la plaque.
Je ne comprendrai jamais comment on peut s'extasier d'une telle interprétation bien lourdingue.
Un génie
Entendu pour la 1ère fois lors d'un concert consacré aux poètes à La Courneuve, espace John Lennon, dans les années 80 !
Quelqu'un aurait-il une vidéo ou un audio de ce concert ?
La poesie est vivante
Et j'ai vu quelques fois ce que l'Homme a cru voir
Le texte est un espace libre, jamais à conquérir, mais à accompagner au grès des offres de l'esprit, du sens et des mots qui flottent dans l'âme du créateur. Celui qui se bat contre les mots a perdu d'avance. Sauf celui qui écoute et cherche à se dire et à se laisser saisir à travers sa plume et son humeur de l'instant peut comprendre Rimbaud, Verlaine, Baudelaire, Char, Bousquet, Davezies et bien d'autres. Mais toujours est-il que l'enjeu de la création littéraire n'est pas de comprendre ou d'aimer le texte ou l'auteur, mais de se retrouver soi-même dans ces univers intacts de la création littéraire et de se dire 'je suis un peu ça aussi' et qu'il y a du Rimbaud ou du Qaiss (le fou de Leila dans la poésie antique arabe) en chacun de nous, et que même si les peaux et les époques changent l'homme reste le même, et qu'il y a presque un peu d'éternité dans ce poème, un espace libre qui n’exclut personne et qui dure tant que l'homme est.
L'âme n'est pas au Créateur mais à la créature.
Puisque qu'elle intermède l'oeuvre de la mise en scène, en assujetissant son rôle dans une belle tragédie.
Cette forme englobe l'ose du moment s'y preneur de la dépendance du spectre visionner.
super, vrai
@@veroniquecoulombel7244ce Ferré était un connard et un sacré misogyne
Ferré à 1 +sur Brassens et Brel (que j'adore), c'est le don musical et sur scène, quelle mémoire !chanter des poèmes de 10 minutes et + !
JE SOUSCRIS à votre remarque sur la prodigieuse mémoire nécessaire pour " chanter " ce long et difficile poème
@@jean-lucbersou758ce Ferré était un connard et un sacré misogyne
Qui est au service de Qui? Peu importe.On ne guerit pas de Rimbaud, on ne guérit pas de Léo, ni du Bateau.
Léo a toute légitimité pour reprendre Rimbaud il n'aurait pas été désavoué je crois.
Énorme !
mi ha sempre accompagnato, sono francese solo per quello..
Si Rimbaud avait su composé, ça aurait donné quoi?
Merci M.LEO
la musique empêche de comprendre malgré quelques étincelles
Французский язык мне не знаком, но интересно услышать как выглядит речь стихов Артюра Рембо на его родном языке в чтении носителей французского. Невероятное стихотворение, очень великое! Очень интересное и имеет множество переводов на русский язык, каждый перевод с индивидуальностью автора перевода и не знающий французский язык просто теряется в изумлении, какому переводу верить? Не лучше ли самому прочесть на французском языке стихотворение "Пьяный корабль" Артюра Рембо? Да, это лучше, но не всем дано, и не мне, потому читаю переводы и слушаю речь на французском, мне интересно.
Tu as raison l'ami. Ce poème est intraduisible. Érudit, symbolique, antique...des références, allusions, une forme, scansion, polysémie... la quintessence de la poésie française... tu as raison de l'écouter ainsi - comme un sortilège venu d'ailleurs.
respect aux morts
Je suis Azor Maxo l'auteur de ce poème
Que dire ...
EBLOUIE ? OUI !
Beaucoup écoutent le chant des sirènes…
Si tu as pas écouté ta mère et ta grand-mère❤, écoute la rue.
Selon moi un morceau de cette envergure et avec toute l'émotion qu'il dégage (même si le poème reste très hermétique et difficile à comprendre), n'était pas à interpréter en public. En voyant Léo faire les 100 pas sur les planches et se forcer à rire, je ressens un sentiment de mal-être.
Je salue cependant sa mémoire. Apprendre un poème aussi long et compliqué, ça ne doit pas être évident.
de plus il repete les 2 premieres strophes à chaque fois .. c'est aussi pr moi , trop " pesant"... ??
le poeme de rimbaud n est pas hemetique ni difficile a comprendre , mai il faut avoir naviguer sur des cargos , afronter des ciclones , en sortir blesser mais etonner d etre encore vivant , voire son cargo ami couler et descendre a reculon vers ces abimes cataractans et se poser a 4000 metres sous l ocean .l envie de repartir et la plus forte . descendre des fleuves impasibles et nager au milieux des piranias ! vivre et etre heureux avant d etre vieux . pierre_xavier de chassot .
Et pourtant combien de fois sa mémoire lui a-t-elle joué de mauvais tours? Réécoutez l'Alhambra de 1961...!
hmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmmm
Subliminal
mon dieu quel calvaire
AU DD
non
Si
Quelle ruine You tubes avec sa pub a gogo
Quelle ruine You tubes avec sa pub a gogo
Que pensez-vous de ma version rap? 🙂
ruclips.net/video/NGBtIxfEk-w/видео.html
Léo, je préfère la version de ton adorateur, Philippe Léotard : ruclips.net/video/qtEmFoTFgBM/видео.html. Elle est sobre et n'a pas besoin de musique, et puis Philippe ne bafouille pas. Ici, la star, c'est Rimbaud, pas toi. Cependant, ta version est magnifique.
Quelle ruine You tubes avec sa pub a gogo
Eric behr
C'est insupportable.
c'est nul......Autant j ai aimé green a force de faire
GROS CON
Comme une hydre à têtes multiples, Ferre est chanteur, poète, homme de théâtre, professeur, et cette mémoire d'éléphant afin de mémoriser tous ces textes si compliqués à retenir, et pour que les mots sortent sans faillir.
A moins que passionner par ce genre de poésie cela en facilite l'étude et l'apprentissage, mais alors il faut que cette passion viscérale lui soit river au corps et au cœur, car ce texte nous le connaissons surement mais pas cette interprétation qui le magnifie...
Si vous êtes fan de Rimbaud, je vous conseille cette excellente bio :
ruclips.net/video/u2h2c4A3PcA/видео.html
Excellente, en effet !!!
Le bateau ivre
Arthur Rimbaud
Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.
J’étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
Les Fleuves m’ont laissé descendre où je voulais.
Dans les clapotements furieux des marées,
Moi, l’autre hiver, plus sourd que les cerveaux d’enfants,
Je courus ! Et les Péninsules démarrées
N’ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.
La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus léger qu’un bouchon j’ai dansé sur les flots
Qu’on appelle rouleurs éternels de victimes,
Dix nuits, sans regretter l’oeil niais des falots !
Plus douce qu’aux enfants la chair des pommes sûres,
L’eau verte pénétra ma coque de sapin
Et des taches de vins bleus et des vomissures
Me lava, dispersant gouvernail et grappin.
Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d’astres, et lactescent,
Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême
Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;
Où, teignant tout à coup les bleuités, délires
Et rhythmes lents sous les rutilements du jour,
Plus fortes que l’alcool, plus vastes que nos lyres,
Fermentent les rousseurs amères de l’amour !
Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes
Et les ressacs et les courants : je sais le soir,
L’Aube exaltée ainsi qu’un peuple de colombes,
Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir !
J’ai vu le soleil bas, taché d’horreurs mystiques,
Illuminant de longs figements violets,
Pareils à des acteurs de drames très antiques
Les flots roulant au loin leurs frissons de volets !
J’ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,
Baisers montant aux yeux des mers avec lenteurs,
La circulation des sèves inouïes,
Et l’éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !
J’ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries
Hystériques, la houle à l’assaut des récifs,
Sans songer que les pieds lumineux des Maries
Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs !
J’ai heurté, savez-vous, d’incroyables Florides
Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux
D’hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides
Sous l’horizon des mers, à de glauques troupeaux !
J’ai vu fermenter les marais énormes, nasses
Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan !
Des écroulements d’eaux au milieu des bonaces,
Et les lointains vers les gouffres cataractant !
Glaciers, soleils d’argent, flots nacreux, cieux de braises !
Échouages hideux au fond des golfes bruns
Où les serpents géants dévorés des punaises
Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums !
J’aurais voulu montrer aux enfants ces dorades
Du flot bleu, ces poissons d’or, ces poissons chantants.
- Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades
Et d’ineffables vents m’ont ailé par instants.
Parfois, martyr lassé des pôles et des zones,
La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux
Montait vers moi ses fleurs d’ombre aux ventouses jaunes
Et je restais, ainsi qu’une femme à genoux…
Presque île, ballottant sur mes bords les querelles
Et les fientes d’oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds.
Et je voguais, lorsqu’à travers mes liens frêles
Des noyés descendaient dormir, à reculons !
Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,
Jeté par l’ouragan dans l’éther sans oiseau,
Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses
N’auraient pas repêché la carcasse ivre d’eau ;
Libre, fumant, monté de brumes violettes,
Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur
Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,
Des lichens de soleil et des morves d’azur ;
Qui courais, taché de lunules électriques,
Planche folle, escorté des hippocampes noirs,
Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques
Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ;
Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues
Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais,
Fileur éternel des immobilités bleues,
Je regrette l’Europe aux anciens parapets !
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Million d’oiseaux d’or, ô future Vigueur ?
Mais, vrai, j’ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer :
L’âcre amour m’a gonflé de torpeurs enivrantes.
Ô que ma quille éclate ! Ô que j’aille à la mer !
Si je désire une eau d’Europe, c’est la flache
Noire et froide où vers le crépuscule embaumé
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