L’impromptu de Versailles - Pascal Ruiz joue Molière

Поделиться
HTML-код
  • Опубликовано: 15 сен 2024
  • MOLIÈRE.
    En très peu d’années, Molière est devenu l’homme de théâtre le plus en vue du Royaume de France : farceur fêté (c’est-à-dire comédien comique en vogue), chef de troupe protégé du Roi, auteur avec lequel il faut désormais, semble-t-il, compter.
    Mais la troupe de l’Hôtel de Bourgogne, officiellement première troupe de France, a pris ombrage de cette progression ravageuse. Elle contre-attaque, fédérant aussi bien le mouvement d’agacement légitime des marquis (ouvertement moqués chez Molière), la jalousie de certains auteurs « à la traîne » et l’aigreur des farceurs d’hier bien dépassés par ces nouveaux talents du Palais-Royal, ce lieu à la mode où l’on affiche régulièrement les succès que sont « Les précieuses ridicules », « Le cocu imaginaire » et le tout récent « L’école des femmes ».
    Mais une fois redites les accusations d’écriture vulgaire aux sous-entendus scabreux (accusations qui visent le triomphe de « L’école des femmes » - voir notre vidéo de « La critique de L’école des femmes, sur cette chaîne), par quels autres côtés attaquer Molière ?
    1. Son talent de tragédien (comprenez « d’acteur sérieux »)
    2. Sa vie privée légèrement sulfureuse : après avoir vécu pendant des années avec la belle et célèbre Madeleine Béjart, il a épousé une Armande Béjart, présentée comme la très jeune sœur de Madeleine, et dont beaucoup de pistes laissent supposer qu’elle est plutôt sa fille.
    Bien formulées, ces deux facettes peuvent être de nature à griller l’acteur et l’homme, même protégé par le Roi… et par le succès.
    Alors ces deux seules faiblesses sont exploitées soudain sans réserve :
    1. Molière devient, en quelques jours, selon une rumeur qui enfle, un très mauvais « tragédien », ridicule par son impuissance d’acteur dans ce qui est le seul registre digne de respect du côté des érudits ou des nobles.
    2. Molière a peut-être… épousé sa propre fille !
    Une pièce d’un inconnu nommé Boursault est jouée à l’Hôtel de Bourgogne, résumant ce portrait à charge. Elle s’intitule d’ailleurs « Le portrait du peintre ». Mal écrite, elle fait tout de même rire, car la méchanceté gratuite et l’attaque frontale sidèrent et dérident ceux qui ne sont pas délicats.
    Molière répond en deux semaines, profitant de la commande d’un impromptu pour une fête à la Cour. Sa réponse peut passer à la postérité. Tour à tour tableau de la vie d’une troupe, peinture des répétitions et des préparatifs d’un spectacle dans l’urgence, témoignage sur le jeu des acteurs à l’âge classique, « L’impromptu de Versailles », créé en octobre 1663, sera souvent imité, presque toujours évoqué, jamais égalé. Les pages finales, dont est extraite la tirade filmée ici, sont uniques dans le genre théâtral. Molière y répond à la seconde accusation, celle de l’inceste, après avoir, au fil des scènes précédentes, longuement fait fi des autres moqueries. Réponse mémorable. Un auteur est monté sur une scène uniquement pour jouer son propre rôle et pouvoir dire ouvertement, entouré de toutes les vedettes féminines de sa troupe… qu’il ne répondra pas à la calomnie que l’on répand sur lui.
    Réaction du Roi ? Soutien total à son comédien fétiche. Louis XIV, dès la naissance du premier fils de Molière et d’Armande Béjart, proposera d’en être le parrain ! En toute simplicité.
    Mauvaises langues, calomnies et insultes se taisent… pour un bon moment.

Комментарии • 4