23 janvier 2025
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- Опубликовано: 4 фев 2025
- Albert Camus :Les origines d'un génie
Né à Mondovi, près de Constantine en Algérie, le 17 novembre 1913, Camus a fait très tôt l’expérience de la dureté de la vie. Son père, Lucien Camus, mobilisé comme soldat dans le premier régiment de zouaves, est mort sur les champs de bataille le 11 octobre 1914, laissant derrière lui une veuve et deux enfants devenus pupilles de la nation. Avec son frère Lucien, Albert a grandi chez une grand-mère autoritaire dans un modeste logement de la rue de Lyon, à Belcourt, un quartier populaire en périphérie d’Alger. Leur mère, Catherine Hélène Sintés Camus, femme de ménage, d'origine espagnole, analphabète et en partie sourde, a incarné avec dignité la force silencieuse des foyers ouvriers d'Algérie, où pauvreté et résilience allaient souvent de pair.
La pauvreté et l'ombre d'un père absent ont gravé en Camus un sens aigu de la justice et une solidarité ardente envers les démunis. Il portait en lui un attachement presque sacré pour sa mère, dont l'amour profond l'enveloppait. Cette femme illettrée, silencieuse et vivant sous l'emprise menaçante de sa propre mère, semblait porter un fardeau invisible. Avec une poignante mélancolie, Camus disait souvent : "J’aime ma maman avec désespoir." C’est à elle qu’il dédia son roman Le Premier Homme, lui rendant hommage avec ces mots bouleversants : "À toi qui ne pourras jamais lire ce livre."
À cinq ans, Albert Camus est entré à l’école communale de la rue Aumerat. Sage et éveillé, il s’est distingué rapidement. Son instituteur, Louis Germain, a décelé chez lui un potentiel exceptionnel. Malgré les inquiétudes de sa mère, qui craignait de ne pas pouvoir financer ses études, l’instituteur, véritable père de substitution, l’a soutenu et encouragé à passer le concours des bourses. Grâce à ses efforts et à cet appui, Albert a décroché une bourse qui lui a permis de poursuivre sa scolarité, une chance rare pour un enfant issu d’un milieu modeste.
Sous le soleil écrasant de son Algérie natale, Albert Camus a découvert la passion du football. Gardien de but du Racing Universitaire d’Alger, il a goûté à l’éclat du jeu simple et spontané. Dans Le Premier Homme, il évoque ces souvenirs lumineux, il disait : "On pouvait jouer au football, le plus souvent, avec une balle en chiffon et des équipes de gosses, arabes et français, qui se formaient spontanément." Le football lui a laissé une empreinte indélébile. Plus tard, il confiait que tout ce qu’il savait de la morale, il le devait au football, liant ainsi pour toujours l’éthique du jeu à celle de la vie.
Destiné à embrasser peut-être une carrière professionnelle en football, Camus a dû pourtant renoncer. En décembre 1930, à seulement 17 ans, le jeune Albert a découvert qu’il était atteint de tuberculose. Ce diagnostic a bouleversé sa vie : il a dû abandonner ses études au lycée, renoncer à jouer au football, et même s’interdire de nager dans cette mer bleu azur d'Alger, qu’il admirait tant. Hospitalisé, il a enduré un traitement lourd dont l’efficacité restait incertaine, affrontant ainsi, avec une résilience silencieuse, la fragilité de son existence.
À sa sortie de l'hôpital, Albert Camus a quitté sa famille pour se rendre en convalescence chez son oncle Gustave Acault, un boucher de profession, fervent voltairien et anarchiste. Cet oncle éclairé lui a offert l’accès à une riche bibliothèque et l’a vivement encouragé à explorer les grands classiques de la littérature, éveillant ainsi son goût pour la lecture et la réflexion. Ironie d’un destin tragique : la tuberculose, qui a forcé Camus à abandonner les gants de gardien de but, l’a poussé, par un étrange retournement, à saisir la plume de l’écrivain. Privé des terrains de jeu, il a trouvé dans l’écriture un autre espace où déployer sa quête de sens et sublimer les épreuves de son existence. Plus tard, il écrira : « J’ai eu envie d’être écrivain vers 17 ans, et en même temps j’ai su obscurement que je le serais. »
En octobre 1931, Albert Camus reprend ses études de philosophie dans la classe de Jean Grenier, auteur d’un essai remarquable intitulé Les Îles. Dans cet ouvrage, Grenier explore des thèmes comme l’évasion, l’imaginaire et la quête de soi, utilisant les îles comme métaphore de l’idéal, du refuge, de l’inaccessible et de la solitude. Ce livre exerce une profonde influence sur Camus. Grenier lui fait également découvrir l’œuvre d’André de Richaud, qui devient une autre source d’inspiration majeure. À cette époque, Camus découvre également des penseurs comme Schopenhauer et Pascal, ainsi que des écrivains tels que Dostoïevski, André Gide et André Malraux, dont les œuvres nourriront ses réflexions sur l’absurde et la condition humaine.
Mais l’influence majeure reste celle de Friedrich Nietzsche. Camus dira plus tard : « Je dois à Nietzsche une partie de ce que je suis. » Tous deux, unis par une souffrance physique - la syphilis pour Nietzsche, la tuberculose pour Camus...
✍️Néjib Baccouchi
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Très belle vidéo, merci du partage!
Merci beaucoup pour votre retour ! Ça me fait vraiment plaisir que la vidéo vous ait plu👌