Thomas d’Aquin : l’âme en tension par Camille de Belloy

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  • Опубликовано: 18 окт 2024
  • Les principaux textes où Thomas d’Aquin traite de l’âme humaine révèlent une pensée en tension constante. Dans une lignée qu’on dira aristotélicienne, l’âme est définie par lui comme « acte » et « forme » du corps sensible, selon son rapport à la nature spécifique et complète de l’être humain. Cette vigoureuse conception de l’âme écarte tout dualisme de l’âme et du corps, et dissipe du même coup un spiritualisme faussement chrétien qui réduirait la personne à sa seule âme. C’est même ce qui permet à l’Aquinate de dégager les traits constitutifs du corps humain. Mais si l’âme est forme du corps, si elle est à ce point liée au corps, comment ne disparaîtrait-elle pas avec lui, à la mort ? À cette question le pur hylémorphisme aristotélicien n’apporte pas de réponse. D’où, dans une lignée plus augustinienne, voire platonicienne, l’accent tout aussi fort mis par Thomas sur l’indépendance de l’âme, sa « subsistence ». Cette subsistence, l’âme humaine (anima) ne la tient pas de sa nature spécifique de forme du corps, mais de cela seul qu’elle est « esprit » (mens) ou « intellect » (intellectus), c’est-à-dire en tant qu’elle possède la puissance spirituelle la plus haute, qu’elle partage avec les substances dites « séparées », les créatures spirituelles.
    On tâchera de montrer que cette tension, qui jamais ne se relâche sous la plume de Thomas d’Aquin, ne trahit pas chez lui une oscillation indécise entre deux traditions de pensée concurrentes ou incompatibles. Elle est plutôt la marque d’une vision originale et propre, d’une attention aiguë portée à l’objet même, car c’est bien l’âme humaine qui, constitutivement, essentiellement, est en tension, « aux confins », dit Thomas, des réalités corporelles et des réalités spirituelles.
    Camille DE BELLOY, ENS-Ulm, agrégé de philosophie, licencié en théologie, docteur en philosophie, est religieux dominicain. Il est maître de conférences à la Faculté de philosophie de l’Université catholique de Lyon.
    Ouvrages en rapport avec le thème du colloque :
    • Dieu comme soi-même. Connaissance de soi et connaissance de Dieu selon Thomas d’Aquin : l’herméneutique d’Ambroise Gardeil, Paris, Vrin (« Bibliothèque thomiste » 63), 2014.
    • Je crois et je parlerai, Paris, Cerf, 2021.

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