Léo Ferré - Les poètes de sept ans (Rimbaud)

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  • Опубликовано: 6 сен 2024
  • Tiré du DVD "Léo Ferré chante les poètes" (1986 - Théâtre libertaire de Paris)
    Les Poètes de sept ans
    À M. P. Demeny.
    Et la Mère, fermant le livre du devoir,
    S'en allait satisfaite et très fière sans voir,
    Dans les yeux bleus et sous le front plein d'éminences,
    L'âme de son enfant livrée aux répugnances.
    Tout le jour, il suait d'obéissance ; très
    Intelligent ; pourtant des tics noirs, quelques traits
    Semblaient prouver en lui d'âcres hypocrisies.
    Dans l'ombre des couloirs aux tentures moisies,
    En passant il tirait la langue, les deux poings
    À l'aine, et dans ses yeux fermés voyait des points.
    Une porte s'ouvrait sur le soir : à la lampe
    On le voyait, là-haut, qui râlait sur la rampe,
    Sous un golfe de jour pendant du toit. L'été
    Surtout, vaincu, stupide, il était entêté
    À se renfermer dans la fraîcheur des latrines :
    Il pensait là, tranquille et livrant ses narines.
    Quand, lavé des odeurs du jour, le jardinet
    Derrière la maison, en hiver, s'illunait,
    Gisant au pied d'un mur, enterré dans la marne
    Et pour des visions écrasant son œil darne,
    Il écoutait grouiller les galeux espaliers.
    Pitié ! Ces enfants seuls étaient ses familiers
    Qui, chétifs, fronts nus, œil déteignant sur la joue,
    Cachant de maigres doigts jaunes et noirs de boue
    Sous des habits puant la foire et tout vieillots,
    Conversaient avec la douceur des idiots !
    Et si, l'ayant surpris à des pitiés immondes,
    Sa mère s'effrayait ; les tendresses, profondes,
    De l'enfant se jetaient sur cet étonnement.
    C'était bon. Elle avait le bleu regard, - qui ment !
    À sept ans, il faisait des romans, sur la vie
    Du grand désert, où luit la Liberté ravie,
    Forêts, soleils, rios, savanes ! - Il s'aidait
    De journaux illustrés où, rouge, il regardait
    Des Espagnoles rire et des Italiennes.
    Quand venait, l'œil brun, folle, en robes d'indiennes,
    - Huit ans, - la fille des ouvriers d'à côté,
    La petite brutale, et qu'elle avait sauté,
    Dans un coin, sur son dos, en secouant ses tresses,
    Et qu'il était sous elle, il lui mordait les fesses,
    Car elle ne portait jamais de pantalons ;
    - Et, par elle meurtri des poings et des talons,
    Remportait les saveurs de sa peau dans sa chambre.
    Il craignait les blafards dimanches de décembre,
    Où, pommadé, sur un guéridon d'acajou,
    Il lisait une Bible à la tranche vert-chou ;
    Des rêves l'oppressaient, chaque nuit, dans l'alcôve.
    Il n'aimait pas Dieu ; mais les hommes, qu'au soir fauve,
    Noirs, en blouse, il voyait rentrer dans le faubourg
    Où les crieurs, en trois roulements de tambour,
    Font autour des édits rire et gronder les foules.
    - Il rêvait la prairie amoureuse, où des houles
    Lumineuses, parfums sains, pubescences d'or,
    Font leur remuement calme et prennent leur essor !
    Et comme il savourait surtout les sombres choses,
    Quand, dans la chambre nue aux persiennes closes,
    Haute et bleue, âcrement prise d'humidité,
    Il lisait son roman sans cesse médité,
    Plein de lourds ciels ocreux et de forêts noyées,
    De fleurs de chair aux bois sidérals déployées,
    Vertige, écroulement, déroutes et pitié !
    - Tandis que se faisait la rumeur du quartier,
    En bas, - seul et couché sur des pièces de toile
    Écrue, et pressentant violemment la voile !

Комментарии • 83

  • @claudelemaire7336
    @claudelemaire7336 2 года назад +11

    J'ai un amour profond pour Léo Ferré, que j'écoute depuis mes treize ans ,et que j'aime encore à soixante-dix ans

  • @alcyonis06270
    @alcyonis06270 13 лет назад +21

    mais quelle merveille,
    un bijou sertit, de l'art de mettre le rêve en chanson,
    je crois ne jamais pouvoir lire le poème de rimbaud, sans entendre ta voix,
    cela relève d'une messe à la gloire de la poésie,
    on se mettrait à genoux,
    tu as atteins la beauté pure, que personne n'atteins dans une vie,
    gloire à toi,
    tu es un génie

    • @unbeaunom
      @unbeaunom 4 года назад +2

      Vous parlez à un mort...

  • @JC-qu6gu
    @JC-qu6gu 3 года назад +16

    C'est infiniment juste, le poète, chanteur, philosophe, la condition humaine, est belle et sombre à la fois , sachons resté humble !

  • @DrLoopyToo
    @DrLoopyToo 3 года назад +15

    La réunion de deux génies. Clap, clap, clap !

  • @thorodin555
    @thorodin555 2 года назад +5

    Cette voix si extraordinaire. Et Rimbaud et Baudelaire

  • @ttopilott
    @ttopilott 2 года назад +5

    ..ce mec, lui seul, parvient TOUJOURS à me trouver les larmes
    Merci Léo

  • @aouadeneomar2744
    @aouadeneomar2744 4 года назад +16

    C'est trop beau d'écoute maitre Leo j'ai Replay 10 fois au moins ❤

    • @gna205
      @gna205 Год назад +1

      Love and like

  • @bachirsemdani7341
    @bachirsemdani7341 2 года назад +6

    Un grand artiste que j'écoute et à chacune de ses chansons ou poèmes je suis profondément touché que parfois je pleure tellement que souvent ma vie défile..c'est extra

    • @Jean-sw6lt
      @Jean-sw6lt Год назад

      les poètes sont hors du temps et toujours actuels

  • @pharaonalain8718
    @pharaonalain8718 4 года назад +9

    Je l'ai vue sur scène, dans ma ville, c'est un grand bonhomme, il s'asseyait et nous parlait.

    • @olaola-oy5xd
      @olaola-oy5xd 4 года назад

      A la fin du recital, il reclamait le silence tandis qu il s éloignait dans le noir...

    • @remi-tl5lp
      @remi-tl5lp 4 года назад +1

      Pas assez de place , il cherchait d'un œil si des sièges restaient libres et il plaçait lui même , une fois rien de trouvé, il a fait monter sur le coté de la scène les spectateurs qui avaient payés mais étaient debout.

  • @micheleo49
    @micheleo49 Год назад +2

    à sept ans, il faisait des romans sur la vie ! ......

  • @jeanreitzet9912
    @jeanreitzet9912 Год назад +5

    Un poète ! Un vrai ! Merci M.Ferré !

  • @kajalebiedzinska5032
    @kajalebiedzinska5032 2 года назад +7

    Thanks to this song, I have discovered and then fallen in love with Rimbaud. Thank you, Master!... ❤️

  • @hamidshahrokh3292
    @hamidshahrokh3292 Год назад +2

    Oh my God.
    I do not know how many times l have listented it since i was 20 years old.Now i am 75.
    How many times are lefted?
    Any how, Avec le tempes is my favorite for ever.

  • @pascalmalaurie1830
    @pascalmalaurie1830 2 года назад +3

    Ferré le plus grand artiste français du 20 siècle.

  • @DABELINE
    @DABELINE 3 года назад +5

    Poésie, poésie....Rimbaud par Léo Ferré.....LE BEAU.....

  • @michellafont8486
    @michellafont8486 2 года назад +2

    Leo tu es toujours là,

  • @bredouilleSKB
    @bredouilleSKB 4 года назад +9

    Splendides et intemporelles, l'interprétation et la poésie s'écoutent toute une vie et nous parlent intimement de nous.

  • @patrickalianehoffman1109
    @patrickalianehoffman1109 3 года назад +3

    Dans ce désert de la pensée en 2020, il y'a des oasis rafraîchissantes pour nos âmes malheureusement les chameaux on n'en manque pas...

  • @lotusbleu2348
    @lotusbleu2348 7 лет назад +16

    Léo c'est l'académie de l'art, je t'aime mon Léo.

  • @carolinecallu802
    @carolinecallu802 2 года назад +4

    Merveilleux léo ❤

  •  12 лет назад +21

    que de sensibilité....presque féminine ,tellement Léo est près de l 'enfant...
    quel bonheur d 'avoir un tel poète...merci

  • @debabuchiqueur3045
    @debabuchiqueur3045 3 года назад +4

    Ce poème magnifique . Tellement abouti

  • @gigi-nu8lp
    @gigi-nu8lp 4 года назад +5

    Il me fait aimer la poésie. Leo le maître

  • @alaincubeddu4490
    @alaincubeddu4490 4 года назад +12

    Et la Mère, fermant le livre du devoir,
    S'en allait satisfaite et très fière, sans voir,
    Dans les yeux bleus et sous le front plein d'éminences,
    L'âme de son enfant livrée aux répugnances.
    Tout le jour il suait d'obéissance ; très
    Intelligent ; pourtant des tics noirs, quelques traits
    Semblaient prouver en lui d'âcres hypocrisies.
    Dans l'ombre des couloirs aux tentures moisies,
    En passant il tirait la langue, les deux poings
    À l'aine, et dans ses yeux fermés voyait des points.
    Une porte s'ouvrait sur le soir : à la lampe,
    On le voyait, là-haut, qui râlait sur la rampe,
    Sous un golfe de jour pendant du toit. L'été
    Surtout, vaincu, stupide, il était entêté
    À se renfermer dans la fraîcheur des latrines :
    Il pensait là, tranquille et livrant ses narines.
    Quand, lavé des odeurs du jour, le jardinet
    Derrière la maison, en hiver, s'illunait,
    Gisant au pied d'un mur, enterré dans la marne
    Et pour des visions écrasant son œil darne,
    Il écoutait grouiller les galeux espaliers.
    Pitié ! Ces enfants seuls étaient ses familiers
    Qui, chétifs, fronts nus, œil déteignant sur la joue,
    Cachant de maigres doigts jaunes et noirs de boue
    Sous des habits puant la foire et tout vieillots,
    Conversaient avec la douceur des idiots !
    Et si, l'ayant surpris à des pitiés immondes,
    Sa mère s'effrayait ; les tendresses, profondes,
    De l'enfant se jetaient sur cet étonnement.
    C'était bon. Elle avait le bleu regard, — qui ment !
    À sept ans, il faisait des romans, sur la vie
    Du grand désert, où luit la Liberté ravie,
    Forêts, soleils, rives, savanes ! — Il s'aidait
    De journaux illustrés où, rouge, il regardait
    Des Espagnoles rire et des Italiennes.
    Quand venait, l'œil brun, folle, en robes d'indiennes,
    — Huit ans, — la fille des ouvriers d'à côté,
    La petite brutale, et qu'elle avait sauté,
    Dans un coin, sur son dos, en secouant ses tresses,
    Et qu'il était sous elle, il lui mordait les fesses,
    Car elle ne portait jamais de pantalons ;
    — Et, par elle meurtri des poings et des talons,
    Remportait les saveurs de sa peau dans sa chambre.
    Il craignait les blafards dimanches de décembre,
    Où, pommadé, sur un guéridon d'acajou,
    Il lisait une Bible à la tranche vert-chou ;
    Des rêves l'oppressaient chaque nuit dans l'alcôve.
    Il n'aimait pas Dieu ; mais les hommes, qu'au soir fauve,
    Noirs, en blouse, il voyait rentrer dans le faubourg
    Où les crieurs, en trois roulements de tambour,
    Font autour des édits rire et gronder les foules.
    — Il rêvait la prairie amoureuse, où des houles
    Lumineuses, parfums sains, pubescences d'or,
    Font leur remuement calme et prennent leur essor !
    Et comme il savourait surtout les sombres choses,
    Quand, dans la chambre nue aux persiennes closes,
    Haute et bleue, âcrement prise d'humidité,
    Il lisait son roman sans cesse médité,
    Plein de lourds ciels ocreux et de forêts noyées,
    De fleurs de chair aux bois sidérals déployées,
    Vertige, écroulements, déroutes et pitié !
    — Tandis que se faisait la rumeur du quartier,
    En bas, — seul, et couché sur des pièces de toile
    Écrue, et pressentant violemment la voile !

  • @nical5814
    @nical5814 3 года назад +3

    Que dire de plus ! Je ne sais pas qui sublime l'autre.

  • @boriskeller-v5r
    @boriskeller-v5r 11 лет назад +10

    Formidable, superbe, incroyable comme un miracle.

  • @daisyledez9462
    @daisyledez9462 6 лет назад +8

    plus que remarquable interprétation . Fabuleux !

  • @filetaraigtravers8340
    @filetaraigtravers8340 6 лет назад +6

    Grand monsieur , Monsieur Ferré

  • @franciscodeassisganeodemel7334
    @franciscodeassisganeodemel7334 4 года назад +7

    Fantastic interpretative power, perfect but beyond perfection. Léo is God!!

  • @alexcamara6690
    @alexcamara6690 2 года назад +3

    Un peu hésitant par moment, mais belle interprétation. Je suis allé voir Leo 3 fois dans les années 80. Toujours de grands moments même si j'aurais aimé voir des musiciens plutôt qu'une bande son

  • @floutierroland4838
    @floutierroland4838 4 года назад +5

    Merci, serveur éclairé de la poésie... Seules paroles libre des poètes.

  • @kame028
    @kame028 14 лет назад +5

    c est tout simplement magique avec ce grand archimede du verbe

  • @vivianeciampi4275
    @vivianeciampi4275 Год назад +1

    Je l'écoute en boucle !

  • @raynalpatrick
    @raynalpatrick 12 лет назад +3

    LEO tu metaphores ,tu euphemisnes . tu pleonasmes tu contrepetris ,,,, tu ressases,,ETtout ca,,sans absinthe,,,, ,l'alchimiste de la langue francaise c'est toi THE BEST EVER!!,,CONGRATS...

  • @michellafont8486
    @michellafont8486 2 года назад +1

    Léo pour toujours

  • @lotusbleu7032
    @lotusbleu7032 3 года назад +3

    Léo indétrônable.

  • @91oldman
    @91oldman 9 лет назад +9

    trés haut de gamme

  • @kame028
    @kame028 14 лет назад +3

    la vie est parfois dure j aurai aimer voir encore leo et pouvoir decouvrir ces nouveautes

  • @micasa65
    @micasa65 14 лет назад +4

    une de mes chansons favorites de Ferré ... triste et belle

  • @dbono471
    @dbono471 2 года назад +2

    Toujours aussi beau !

  • @hamidshahrokh3292
    @hamidshahrokh3292 Год назад +1

    ♥️♥️♥️♥️♥️

  • @soniasonice9471
    @soniasonice9471 Год назад +1

    Je la dore!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

  • @christinebellanger2770
    @christinebellanger2770 2 года назад +1

    Ferré, Ferrat...

  • @PierreSIBANARCO
    @PierreSIBANARCO 10 лет назад +5

    Tout simplement.. : MERCI !!!!
    Pierrot

  • @Hamrize
    @Hamrize 12 лет назад +5

    il a une voix super :)

  • @JMCTelQuel
    @JMCTelQuel 12 лет назад +7

    Le grand LÉO!

  • @dbono471
    @dbono471 4 года назад +2

    grand merci Mathieu...!

  • @jempy06
    @jempy06 3 года назад +3

    Le sommet de l'art ......

  • @foued3894
    @foued3894 3 месяца назад

    Rimbaud avait 17 ans quand il a écrit ce poème !!!

  • @denissimon4862
    @denissimon4862 4 года назад +7

    Envie de relire Rimbaud.

  • @lesvideoperdudeyoutube3201
    @lesvideoperdudeyoutube3201 3 года назад +1

    COOL

  • @claudealain4533
    @claudealain4533 2 года назад +3

    Malgré que je sois muet, mais pas sourd, devant une telle beauté, je n'aurais pas voulu être en plus cul de jatte, ce qui m'aurait interdit de pouvoir "les" applaudir à genoux, je préfère rester sans voix.

  • @TheEvivzorglub
    @TheEvivzorglub 3 года назад +1

    Sublime...

  • @claudeartephiuspairoux179
    @claudeartephiuspairoux179 6 лет назад +4

    Les Poètes De Sept Ans
    LEO FERRÉ
    Ce titre est extrait de l'album : Les Poetes:verlaine Et Rimbaud (vol.4)Année de sortie : 1964Label : Barclay Et la Mère, fermant le livre du devoir,
    S'en allait satisfaite et très fière, sans voir,
    Dans les yeux bleus et sous le front plein d'éminences,
    L'âme de son enfant livrée aux répugnances.
    Tout le jour il suait d'obéissance ; très
    Intelligent ; pourtant des tics noirs, quelques traits
    Semblaient prouver en lui d'âcres hypocrisies.
    Dans l'ombre des couloirs aux tentures moisies,
    En passant il tirait la langue, les deux poings
    À l'aine, et dans ses yeux fermés voyait des points.
    Une porte s'ouvrait sur le soir : à la lampe,
    On le voyait, là-haut, qui râlait sur la rampe,
    Sous un golfe de jour pendant du toit. L'été
    Surtout, vaincu, stupide, il était entêté
    À se renfermer dans la fraîcheur des latrines :
    Il pensait là, tranquille et livrant ses narines.
    Quand, lavé des odeurs du jour, le jardinet
    Derrière la maison, en hiver, s'illunait,
    Gisant au pied d'un mur, enterré dans la marne
    Et pour des visions écrasant son œil darne,
    Il écoutait grouiller les galeux espaliers.
    Pitié ! Ces enfants seuls étaient ses familiers
    Qui, chétifs, fronts nus, œil déteignant sur la joue,
    Cachant de maigres doigts jaunes et noirs de boue
    Sous des habits puant la foire et tout vieillots,
    Conversaient avec la douceur des idiots !
    Et si, l'ayant surpris à des pitiés immondes,
    Sa mère s'effrayait ; les tendresses, profondes,
    De l'enfant se jetaient sur cet étonnement.
    C'était bon. Elle avait le bleu regard, — qui ment !
    À sept ans, il faisait des romans, sur la vie
    Du grand désert, où luit la Liberté ravie,
    Forêts, soleils, rives, savanes ! — Il s'aidait
    De journaux illustrés où, rouge, il regardait
    Des Espagnoles rire et des Italiennes.
    Quand venait, l'œil brun, folle, en robes d'indiennes,
    — Huit ans, — la fille des ouvriers d'à côté,
    La petite brutale, et qu'elle avait sauté,
    Dans un coin, sur son dos, en secouant ses tresses,
    Et qu'il était sous elle, il lui mordait les fesses,
    Car elle ne portait jamais de pantalons ;
    — Et, par elle meurtri des poings et des talons,
    Remportait les saveurs de sa peau dans sa chambre.
    Il craignait les blafards dimanches de décembre,
    Où, pommadé, sur un guéridon d'acajou,
    Il lisait une Bible à la tranche vert-chou ;
    Des rêves l'oppressaient chaque nuit dans l'alcôve.
    Il n'aimait pas Dieu ; mais les hommes, qu'au soir fauve,
    Noirs, en blouse, il voyait rentrer dans le faubourg
    Où les crieurs, en trois roulements de tambour,
    Font autour des édits rire et gronder les foules.
    — Il rêvait la prairie amoureuse, où des houles
    Lumineuses, parfums sains, pubescences d'or,
    Font leur remuement calme et prennent leur essor !
    Et comme il savourait surtout les sombres choses,
    Quand, dans la chambre nue aux persiennes closes,
    Haute et bleue, âcrement prise d'humidité,
    Il lisait son roman sans cesse médité,
    Plein de lourds ciels ocreux et de forêts noyées,
    De fleurs de chair aux bois sidérals déployées,
    Vertige, écroulements, déroutes et pitié !
    — Tandis que se faisait la rumeur du quartier,
    En bas, — seul, et couché sur des pièces de toile
    Écrue, et pressentant violemment la voile !

    • @filetaraigtravers8340
      @filetaraigtravers8340 6 лет назад

      merci

    • @michelfurfari3072
      @michelfurfari3072 4 года назад +1

      Léo ferré un poète du 20 e siècle quand n'oubliez jamais merci pour té chanson inoubliable je viendrai te voir dans ta tombe pour ton respect que tu as u de tout le monde repose en paix merci

  • @jihered
    @jihered 5 лет назад +3

    les premices du bateau ivre...

  • @bastianlancel417
    @bastianlancel417 10 лет назад +11

    Rimbaud en serait fier

    • @dbono471
      @dbono471 4 года назад

      j'en suis convaincu Bastian

  • @miguelpalacios1609
    @miguelpalacios1609 Год назад +1

    Et la Mère, fermant le livre du devoir
    S’en allait satisfaite et très fière, sans voir,
    Dans les yeux bleus et sous le front plein d’éminences
    L’âme de son enfant livrée aux répugnances
    Tout le jour il suait d’obéissance; très
    Intelligent; pourtant des tics noirs, quelques traits
    Semblaient prouver en lui d’âcres hypocrisies
    Dans l’ombre des couloirs aux tentures moisies
    En passant il tirait la langue, les deux poings
    A l’aine, et dans ses yeux fermés voyait des points
    Une porte s’ouvrait sur le soir : à la lampe
    On le voyait, là-haut, qui râlait sur la rampe
    Sous un golfe de jour pendant du toit. L’été
    Surtout, vaincu, stupide, il était entêté
    A se renfermer dans la fraîcheur des latrines
    Il pensait là, tranquille et livrant ses narines
    Quand, lavé des odeurs du jour, le jardinet
    Derrière la maison, en hiver, s’illunait
    Gisant au pied d’un mur, enterré dans la marne
    Et pour des visions écrasant son œil darne
    Il écoutait grouiller les galeux espaliers
    Pitié! Ces enfants seuls étaient ses familiers
    Qui, chétifs, fronts nus, œil déteignant sur la joue
    Cachant de maigres doigts jaunes et noirs de boue
    Sous des habits puant la foire et tout vieillots
    Conversaient avec la douceur des idiots!
    Et si, l’ayant surpris à des pitiés immondes
    Sa mère s’effrayait; les tendresses, profondes
    De l’enfant se jetaient sur cet étonnement
    C’était bon. Elle avait le bleu regard, qui ment!
    A sept ans, il faisait des romans sur la vie
    Du grand désert, où luit la Liberté ravie
    Forêts, soleils, rives, savanes! Il s’aidait
    De journaux illustrés où, rouge, il regardait
    Des Espagnoles rire et des Italiennes
    Quand venait, l’œil brun, folle, en robes d’indiennes
    Huit ans, la fille des ouvriers d’à côté
    La petite brutale, et qu’elle avait sauté
    Dans un coin, sur son dos en secouant ses tresses
    Et qu’il était sous elle, il lui mordait les fesses
    Car elle ne portait jamais de pantalons
    Et, par elle meurtri des poings et des talons
    Remportait les saveurs de sa peau dans sa chambre
    Il craignait les blafards dimanches de décembre
    Où, pommadé, sur un guéridon d’acajou
    Il lisait une Bible à la tranche vert-chou
    Des rêves l’oppressaient chaque nuit dans l’alcôve
    Il n’aimait pas Dieu; mais les hommes, qu’au soir fauve
    Noirs, en blouse, il voyait rentrer dans le faubourg
    Où les crieurs, en trois roulements de tambour
    Font autour des édits rire et gronder les foules
    Il rêvait la prairie amoureuse, où des houles
    Lumineuses, parfums sains, pubescences d’or
    Font leur remuement calme et prennent leur essor!
    Et comme il savourait surtout les sombres choses
    Quand, dans la chambre nue aux persiennes closes
    Haute et bleue, âcrement prise d’humidité
    Il lisait son roman sans cesse médité
    Plein de lourds ciels ocreux et de forêts noyées
    De fleurs de chair aux bois sidérals déployées
    Vertige, écroulements, déroutes et pitié!
    Tandis que se faisait la rumeur du quartier
    En bas, seul, et couché sur des pièces de toile
    Écrue, et pressentant violemment la voile!

  • @kame028
    @kame028 13 лет назад +3

    pour moi leo c est un peu l academie de l art
    les autorites francaises devraient y penser a donner a cette institution le nom de leo

  • @w.w.70s
    @w.w.70s 3 года назад

    Masrerclass

  • @michelekotianski2387
    @michelekotianski2387 Год назад

    Tu manques….. hommage à Max… maximes des cieux… Nice… jade… et pensée à sa fille… pensée tout court…❤️

  • @raynalpatrick
    @raynalpatrick 12 лет назад +4

    ARAGON l'avait compris quand il a dit....je cite....il a fallut re/inventer la poesie a cause de LEO, EXTRA CE LOUIS....

    • @remi-tl5lp
      @remi-tl5lp 4 года назад

      .. Il faudra récrire l'histoire littéraire un peu différemment, à cause de Léo Ferré , dixit Aragon .

  • @MauriceVictorVial
    @MauriceVictorVial 5 лет назад +4

    Les poètes de sept ans
    Arthur Rimbaud
    Et la Mère, fermant le livre du devoir,
    S’en allait satisfaite et très fière, sans voir,
    Dans les yeux bleus et sous le front plein d’éminences
    L’âme de son enfant livrée aux répugnances.
    Tout le jour il suait d’obéissance ; très
    Intelligent ; pourtant des tics noirs, quelques traits,
    Semblaient prouver en lui d’âcres hypocrisies.
    Dans l’ombre des couloirs aux tentures moisies,
    En passant il tirait la langue, les deux poings
    À l’aine, et dans ses yeux fermés voyait des points.
    Une porte s’ouvrait sur le soir : à la lampe
    On le voyait, là-haut, qui râlait sur la rampe,
    Sous un golfe de jour pendant du toit. L’été
    Surtout, vaincu, stupide, il était entêté
    À se renfermer dans la fraîcheur des latrines :
    Il pensait là, tranquille et livrant ses narines.
    Quand, lavé des odeurs du jour, le jardinet
    Derrière la maison, en hiver, s’illunait,
    Gisant au pied d’un mur, enterré dans la marne
    Et pour des visions écrasant son œil darne,
    Il écoutait grouiller les galeux espaliers.
    Pitié ! Ces enfants seuls étaient ses familiers
    Qui, chétifs, fronts nus, œil déteignant sur la joue,
    Cachant de maigres doigts jaunes et noirs de boue
    Sous des habits puant la foire et tout vieillots,
    Conversaient avec la douceur des idiots !
    Et si, l’ayant surpris à des pitiés immondes,
    Sa mère s’effrayait ; les tendresses, profondes,
    De l’enfant se jetaient sur cet étonnement.
    C’était bon. Elle avait le bleu regard, - qui ment !
    À sept ans, il faisait des romans, sur la vie
    Du grand désert, où luit la Liberté ravie,
    Forêts, soleils, rives, savanes ! - Il s’aidait
    De journaux illustrés où, rouge, il regardait
    Des Espagnoles rire et des Italiennes.
    Quand venait, l’œil brun, folle, en robes d’indiennes,
    À Huit ans, - la fille des ouvriers d’à côté,
    La petite brutale, et qu’elle avait sauté,
    Dans un coin, sur son dos, en secouant ses tresses,
    Et qu’il était sous elle, il lui mordait les fesses,
    Car elle ne portait jamais de pantalons ;
    - Et, par elle meurtri des poings et des talons,
    Remportait les saveurs de sa peau dans sa chambre.
    Il craignait les blafards dimanches de décembre,
    Où, pommadé, sur un guéridon d’acajou,
    Il lisait une Bible à la tranche vert-chou ;
    Des rêves l’oppressaient chaque nuit dans l’alcôve.
    Il n’aimait pas Dieu ; mais les hommes, qu’au soir fauve,
    Noirs, en blouse, il voyait rentrer dans le faubourg
    Où les crieurs, en trois roulements de tambour,
    Font autour des édits rire et gronder les foules.
    - Il rêvait la prairie amoureuse, où des houles
    Lumineuses, parfums sains, pubescences d’or,
    Font leur remuement calme et prennent leur essor !
    Et comme il savourait surtout les sombres choses,
    Quand, dans la chambre nue aux persiennes closes,
    Haute et bleue, âcrement prise d’humidité,
    Il lisait son roman sans cesse médité,
    Plein de lourds ciels ocreux et de forêts noyées,
    De fleurs de chair aux bois sidérals déployées,
    Vertige, écroulements, déroutes et pitié !
    - Tandis que se faisait la rumeur du quartier,
    En bas, - seul, et couché sur des pièces de toile
    Écrue, et pressentant violemment la voile !
    26 mai 1871
    Arthur Rimbaud, Poésies

  • @kame028
    @kame028 13 лет назад +6

    pour moi l art a perdu son maitre..

  • @inouemilou
    @inouemilou 7 месяцев назад

    Ju suis un chien dans la rue