"L'isolement" d'Alphonse de Lamartine : lecture

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  • Опубликовано: 18 сен 2024
  • Poème d'Alphonse de Larmartine paru en 1820 dans le recueil "Méditations poétiques"
    Texte :
    L'isolement
    Souvent sur la montagne, à l'ombre du vieux chêne,
    Au coucher du soleil, tristement je m'assieds ;
    Je promène au hasard mes regards sur la plaine,
    Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds.
    Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes ;
    Il serpente, et s'enfonce en un lointain obscur ;
    Là le lac immobile étend ses eaux dormantes
    Où l'étoile du soir se lève dans l'azur.
    Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres,
    Le crépuscule encor jette un dernier rayon ;
    Et le char vaporeux de la reine des ombres
    Monte, et blanchit déjà les bords de l'horizon.
    Cependant, s'élançant de la flèche gothique,
    Un son religieux se répand dans les airs :
    Le voyageur s'arrête, et la cloche rustique
    Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts.
    Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente
    N'éprouve devant eux ni charme ni transports ;
    Je contemple la terre ainsi qu'une ombre errante
    Le soleil des vivants n'échauffe plus les morts.
    De colline en colline en vain portant ma vue,
    Du sud à l'aquilon, de l'aurore au couchant,
    Je parcours tous les points de l'immense étendue,
    Et je dis : " Nulle part le bonheur ne m'attend. "
    Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
    Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
    Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
    Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé !
    Que le tour du soleil ou commence ou s'achève,
    D'un oeil indifférent je le suis dans son cours ;
    En un ciel sombre ou pur qu'il se couche ou se lève,
    Qu'importe le soleil ? je n'attends rien des jours.
    Quand je pourrais le suivre en sa vaste carrière,
    Mes yeux verraient partout le vide et les déserts :
    Je ne désire rien de tout ce qu'il éclaire ;
    Je ne demande rien à l'immense univers.
    Mais peut-être au-delà des bornes de sa sphère,
    Lieux où le vrai soleil éclaire d'autres cieux,
    Si je pouvais laisser ma dépouille à la terre,
    Ce que j'ai tant rêvé paraîtrait à mes yeux !
    Là, je m'enivrerais à la source où j'aspire ;
    Là, je retrouverais et l'espoir et l'amour,
    Et ce bien idéal que toute âme désire,
    Et qui n'a pas de nom au terrestre séjour !
    Que ne puîs-je, porté sur le char de l'Aurore,
    Vague objet de mes voeux, m'élancer jusqu'à toi !
    Sur la terre d'exil pourquoi resté-je encore ?
    Il n'est rien de commun entre la terre et moi.
    Quand là feuille des bois tombe dans la prairie,
    Le vent du soir s'élève et l'arrache aux vallons ;
    Et moi, je suis semblable à la feuille flétrie :
    Emportez-moi comme elle, orageux aquilons !
    Alphonse de Lamartine

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