Jean Genet:Le condamné à mort

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  • Опубликовано: 8 сен 2024
  • Jean Genet: "Le condamné à Μort"
    μουσική: Tetes Raides
    διαβάζει: Christian Olivier
    γιατί ο καθένας μας έχει τους δικούς του "θρησκευτικούς" ύμνους και βιώνει όπως αυτός αισθάνεται το "πέρασμα", αυτό που άλλοι ονομάζουν: Πάσχα.
    Le vent qui roule un cœur sur le pavé des cours,
    Un ange qui sanglote accroché dans un arbre,
    La colonne d’azur qu’entortille le marbre
    Font ouvrir dans ma nuit des portes de secours.
    Un pauvre oiseau qui meurt et le goût de la cendre,
    Le souvenir d’un œil endormi sur le mur,
    Et ce poing douloureux qui menace l’azur
    Font au creux de ma main ton visage descendre.
    Ce visage plus dur et plus léger qu’un masque
    Est plus lourd à ma main qu’aux doigts du receleur
    Le joyau qu’il empoche est noyé de pleurs.
    Il est sombre et féroce, un bouquet vert le casque.
    Ton visage est sévère : il est d’un pâtre grec.
    Il reste frémissant au creux de mes mains closes.
    Ta bouche est d’une morte où tes yeux sont des roses,
    Et ton nez d’un archange est peut-être le bec.
    Le gel étincelant d’une pudeur méchante
    Qui poudrait tes cheveux de clairs astres d’acier,
    Qui couronnait ton front d’épines du rosier
    Quel haut-mal l’a fondu si ton visage chante ?
    Dis-moi quel malheur fou fait éclater ton œil
    D’un désespoir si haut que la douleur farouche,
    Affolée, en personne, orne ta ronde bouche
    Malgré tes pleurs glacés, d’un sourire de deuil ?
    Ne chante pas ce soir les «Costauds de la Lune».
    Gamin d’or sois plutôt princesse d’une tour,
    Rêvant mélancolique à notre pauvre amour ;
    Ou sois le mousse blond qui veille à la grand’hune.
    Il descend vers le soir pour chanter sur le pont
    Parmi les matelots à genoux et nu-tête
    «L’Ave Maris stella». Chaque marin tient prête
    Sa verge qui bondit dans sa main de fripon.
    Et c’est pour t’emmancher, beau mousse d’aventure,
    Qu’ils bandent sous leur froc les matelots musclés.
    Mon amour, mon amour, voleras-tu les clés
    Qui m’ouvriront le ciel où tremble la mâture
    D’où tu sèmes, royal, les blancs enchantements,
    Ces neiges sur mon page, en ma prison muette :
    L’épouvante, les morts dans les fleurs de violette,
    La mort avec ses coqs ! Ses fantômes d’amants !
    Sur ses pieds de velours passe un garde qui rôde.
    Repose en mes yeux creux le souvenir de toi.
    Il se peut qu’on s’évade en passant par le toit.
    On dit que la Guyane est une terre chaude.
    Ô la douceur du bagne impossible et lointain!
    Ô le ciel de la Belle, ô la mer et les palmes,
    Les matins transparents, les soirs fous, les nuits calmes,
    Ô les cheveux tondus et les Peaux-de-Satin.
    Rêvons ensemble, Amour, à quelque dur amant,
    Grand comme l’Univers mais le corps taché d’ombres.
    Il nous bouclera nu dans ces auberges sombres,
    Entre ses cuisses d’or, sur son ventre fumant,
    Un mac éblouissant taillé dans un archange
    Bandant sur les bouquets d’oeillets et de jasmins
    Que porteront tremblants tes lumineuses mains
    Sur son auguste flanc que ton baiser dérange.
    Tristesse dans ma bouche ! Amertume gonflant,
    Gonflant mon pauvre cœur ! Mes amours parfumées
    Adieu vont s’en aller ! Adieu couilles aimées !
    Ô sur ma voix coupée adieu chibre insolent !
    Gamin, ne chantez pas, posez votre air d’apache !
    Soyez la jeune fille au pur cou radieux,
    Ou si tu n’as de peur l’enfant mélodieux
    Mort en moi bien avant que me tranche la hache.
    Enfant d’honneur si beau couronné de lilas !
    Penche-toi sur mon lit, laisse ma queue qui monte
    Frapper ta joue dorée. Écoute, il te raconte,
    Ton amant l’assassin, sa geste en mille éclats.
    Il chante qu’il avait ton corps et ton visage,
    Ton cœur que n’ouvriront jamais les éperons
    D’un cavalier massif. Avoir tes genoux ronds !
    Ton cou frais, ta main douce, ô môme d’avoir ton âge !
    Voler, voler ton ciel éclaboussé de sang
    Et faire un seul chef d’œuvre avec les morts cueillis
    Ça et là dans les prés, les haies, morts éblouies
    De préparer sa mort, son ciel adolescent...
    Les matins solennels, le rhum, la cigarette...
    Les ombres du tabac, du bagne et des marins
    Visitent ma cellule où me roule et m’étreint
    Le spectre d’un tueur à la lourde braguette.
    JEAN GENET

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