[Le choix de Polka] L’ouverture de Saydnaya dévoile l’enfer des prisons syriennes
HTML-код
- Опубликовано: 13 дек 2024
- L’image était encore impensable il y a quelques jours: celle de l’entrée de civils dans la prison de Saydnaya. Saydnaya, du nom de cette ville perchée sur des collines à 30 kilomètres au nord de Damas, en Syrie, et surtout de ce complexe carcéral à la funeste réputation. Cette prison, inaugurée en 1987, symbole des pires exactions des forces de Bachar El-Assad, comparée à un “abattoir humain” par Amnesty international. A peine le tyran déchu et en fuite seulement quelques heures après la prise de la capitale dimanche dernier, les rebelles, menés par le groupe Hayat Tahrir al-Cham, ont investi le vaste centre pénitentiaire.
Sur la photo prise le 9 décembre, par Mohammad Haffar et diffusée par Sipa, les portes en fer du pénitencier s’entrouvrent et des civils pénètrent à l’intérieur d’une cour. Des hommes, des femmes, impatients, sont contenus par des soldats en armes, tentant de gérer le flot des personnes. Des dizaines d’autres civils de tous âges sont là à attendre calmement sur les côtés. Toutes et tous sont à la recherche d’un proche ou tentent d’obtenir de ses nouvelles. Des sauveteurs et des experts syriens recherchent encore dans un labyrinthe de souterrains d’éventuels prisonniers dans des cachots secrets. Ils sont déjà des centaines de détenus à avoir été libérés. Des hommes mais aussi de nombreuses femmes et même des enfants qui survivaient dans des conditions déplorables. A Saydnaya, ce jour-là, les images de joie de retrouvailles se mélangent à celles de visions d’horreur et de désespoir de familles de disparus.
Parmi les actes de cruauté commis par le pouvoir, on se souvient aussi du dossier “César”. “César”, c’est le pseudonyme donné à un ancien photographe légiste de la police militaire syrienne qui a fui son pays en 2013 en emportant avec lui près de 45.000 photos de détenus torturés à mort comme à Saydnaya. Des images insoutenables à regarder. Il serait indécent de vous les décrire. Juste vous dire qu’elles montrent les corps mutilés de milliers de civils et soldats. Ces photographies, il y a plus de dix ans déjà, ont été authentifiées, analysées et classées, tout d’abord dans un rapport puis par des services de justice. Sous couvert d’anonymat, César a témoigné devant le Conseil de sécurité des Nations Unies et le Congrès américain en 2020 pour dévoiler le côté systémique de la machine de morts des autorités syriennes. La prison de Saydnaya, le dossier César, autant de pièces à conviction à verser au dossier qui accuse le régime de Bachar El-Assad de crimes contre son peuple.
Une chronique diffusée sur TSF Jazz mercredi 11 décembre 2024 à 8h15.
Mohammad Haffar / Deja Vu / Sipa.