LES BIJOUX - Charles BAUDELAIRE - "La très-chère était nue, et, connaissant mon cœur,"

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  • Опубликовано: 26 июл 2024
  • Les bijoux
    La très-chère était nue, et, connaissant mon cœur,
    Elle n'avait gardé que ses bijoux sonores,
    Dont le riche attirail lui donnait l'air vainqueur
    Qu'ont dans leurs jours heureux les esclaves des Maures.
    Quand il jette en dansant son bruit vif et moqueur,
    Ce monde rayonnant de métal et de pierre
    Me ravit en extase, et j'aime à la fureur
    Les choses où le son se mêle à la lumière.
    Elle était donc couchée et se laissait aimer,
    Et du haut du divan elle souriait d'aise
    À mon amour profond et doux comme la mer,
    Qui vers elle montait comme vers sa falaise.
    Les yeux fixés sur moi, comme un tigre dompté,
    D'un air vague et rêveur elle essayait des poses,
    Et la candeur unie à la lubricité
    Donnait un charme neuf à ses métamorphoses ;
    Et son bras et sa jambe, et sa cuisse et ses reins,
    Polis comme de l'huile, onduleux comme un cygne,
    Passaient devant mes yeux clairvoyants et sereins ;
    Et son ventre et ses seins, ces grappes de ma vigne,
    S'avançaient, plus câlins que les Anges du mal,
    Pour troubler le repos où mon âme était mise,
    Et pour la déranger du rocher de cristal
    Où, calme et solitaire, elle s'était assise.
    Je croyais voir unis par un nouveau dessin
    Les hanches de l'Antiope au buste d'un imberbe,
    Tant sa taille faisait ressortir son bassin.
    Sur ce teint fauve et brun, le fard était superbe !
    Et la lampe s'étant résignée à mourir,
    Comme le foyer seul illuminait la chambre,
    Chaque fois qu'il poussait un flamboyant soupir,
    Il inondait de sang cette peau couleur d'ambre !
    Charles Baudelaire
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    Interprétation : Laurent Nogatchewsky
    Son et vidéo : Eric Ségovia
    Crédit image d'illustration : Photographie de 1862 par Étienne Carjat, ed. Gaston Schéfer, Galerie contemporaine littéraire, artistique (Paris, 1876-84), vol. 3 part 1 British Library.
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    Studio La Loge CDM - Toulouse
    (C) Poésilience - Juin 2024
    #écouterdespoèmes #unpeudepoésie #partagepoétique

Комментарии • 6

  • @danielblaze4112
    @danielblaze4112 25 дней назад

    C'est la première fois que j'entends ce magnifique poème de cette façon. Je l'ai toujours entendu chanté. Je l'ai découvert dans une chanson d'Yves Montand.
    C'est très agréable de l'entendre récité et sans fond musical, rien que la pureté du texte. Merci pour ça !

    • @Poesilience
      @Poesilience  24 дня назад +1

      Merci à vous, et ravi que mon interprétation de ce si beau poème de Baudelaire vous ait plu.
      La chanson est, à mon sens, un formidable moyen de découvrir des poèmes, qu'on n'aurait peut-être pas eu la chance de connaître sans cet intermédiaire.
      C'est d'ailleurs grâce à Léo Ferré, Jean Ferrat, Georges Brassens ou Bernard Lavillier notamment, et leurs talentueuses mises en musique de divers poèmes, que j'ai commencé à me passionner pour la poésie il y a bien des années, moi qui n'ai pas fait d'études littéraires.
      Désormais, je désire partager sur cette chaîne, avec tous ceux qui le souhaitent, mon amour pour tant de superbes poèmes, que je propose à voix nue, afin de mieux savourer peut-être les vers, leur sens et leur musicalité propre : rien que la pureté du texte, comme vous le dites très justement.

    • @danielblaze4112
      @danielblaze4112 24 дня назад

      @@Poesilience
      C'est parfait. Ça va tellement nous faire du bien la pureté en ces temps troubles.
      Bonne continuation !

  • @missterre938
    @missterre938 29 дней назад +1

    Quel beau poème ! Merci

    • @Poesilience
      @Poesilience  28 дней назад +1

      Merci, et ravi que vous ayez aimé ce poème, si fluide dans son expression, et si riche d'images et de sensualité. La plume de Baudelaire semble se faire pinceau, et le poème tout entier devient presque une véritable peinture en vers je trouve.
      Mais lorsque le recueil des Fleurs du Mal fut publié en 1857, tout le monde n'a pas été de cet avis, puisque ce poème-ci justement, avec une douzaine d'autres de l'ouvrage, a été condamné pour outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs.

    • @missterre938
      @missterre938 28 дней назад

      Ce poème est pour moi d'une perfection évidente. On dit de Baudelaire qu'il était perfectionniste, jusqu'à la plus petite virgule. Eh oui, tout est réuni dans ce beau poème !​@@Poesilience