Comment réindustrialiser la France, avec Anaïs Voy-Gillis

La réindustrialisation est l’un de ces mots charmants du vocabulaire politique qui, quand on s’y arrête, soulève plus de questions qu’il n’en clôt. Côté pile, ce terme évoque la fin d’une grande naïveté : alors qu’aux heures de la mondialisation dite « heureuse », on pensait que le cours normal de la tertiarisation était de déléguer ses chaînes de montage à des pays tiers, des ateliers du monde, il est désormais évident - et d’autant plus depuis la pandémie de Covid - qu’une base industrielle minimale est nécessaire à l’indépendance d’une nation. Côté face, le mot « industrie » fait planer des images de cheminées crachant des fumées, alors que les discours enchantés sur la dématérialisation nous ont habitués à l’idée que tout se crée sans douleur, sans matière, sans pollutions.
Dans ce nouvel épisode du podcast « On n’a pas tout essayé », la géographe Anaïs Voy-Gillis, docteure de l’Institut français de Géopolitique, nous aide à penser l’après du fantasme du monde postindustriel. Elle déplie toutes les difficultés de cette injonction appréciée des dirigeants politiques et rappelle à quel point l’atrophie de la part de l’industrie dans le PIB est liée aux problèmes politiques que nous traversons : ressentiment, fragilisation des classes moyennes, montée des inégalités. Qu’est-ce vraiment que l’industrie ? Et quelle place peut-on lui donner dans notre société ?