ALLÉGEANCE - René CHAR - "Dans les rues de la ville il y a mon amour."
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- Опубликовано: 22 июн 2024
- Allégeance
Dans les rues de la ville il y a mon amour.
Peu importe où il va dans le temps divisé.
Il n’est plus mon amour, chacun peut lui parler.
Il ne se souvient plus ; qui au juste l’aima ?
Il cherche son pareil dans le vœu des regards.
L’espace qu’il parcourt est ma fidélité.
Il dessine l’espoir et léger l’éconduit.
Il est prépondérant sans qu’il y prenne part.
Je vis au fond de lui comme une épave heureuse.
À son insu, ma solitude est son trésor.
Dans le grand méridien où s’inscrit son essor,
ma liberté le creuse.
Dans les rues de la ville il y a mon amour.
Peu importe où il va dans le temps divisé.
Il n’est plus mon amour, chacun peut lui parler.
Il ne se souvient plus ; qui au juste l’aima
et l’éclaire de loin pour qu’il ne tombe pas ?
René Char
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Interprétation : Laurent Nogatchewsky
Son et vidéo : Eric Ségovia
Crédit image d'illustration : Photographie de 1983 par Marc Trivier.
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Studio La Loge CDM - Toulouse
(C) Poésilience - Juin 2024
#écouterdespoèmes #unpeudepoésie #partagepoétique
Il me semble que votre interprétation suggère l'amour de la patrie, de la France, mais je reste un peu perplexe.
Pour ce poème, j'avoue humblement que je suis loin d'avoir tout saisi. Vous y avez avant tout perçu l'amour de la patrie, ce qui pourrait être une interprétation effectivement. Pour ma part, j'y ai plus simplement lu la fin d'une histoire d'amour, où s'exprime la nostalgie de celui qui, ayant été quitté, aime encore cet autre qui semble déjà s'éloigner avec une certaine indifférence, voire insouciance. D'autres encore y voient une évocation de l'amour universel, l'amour de son prochain en quelque sorte. Finalement, je ne suis pas sûr qu'une interprétation soit absolument certaine et indiscutable ici.
Ce n'est qu'une opinion strictement personnelle, mais peut-être que, comme pour la peinture du 20ème siècle où l'on insiste sur le fait que c'est aussi "le regardeur qui fait le tableau", pour la poésie de cette même époque, ce serait en partie le lecteur qui ferait le poème. Je veux dire par-là que l'interprétation et la subjectivité de celui ou celle qui reçoit l’œuvre d'art, font sans doute, plus que dans les siècles précédents, partie presque intégrante de l’œuvre elle-même.
Très intéressant. Je n'avais pas pensé à cette approche. Merci.