Guerres et sociétés celtiques
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- Опубликовано: 24 дек 2024
- Par Luc Baray - CNRS, Artéhis
Présentation de la conférence
À la lecture des sources antiques, la guerre apparaît comme une des caractéristiques fondamentales des sociétés celtiques. Considérés comme des « fous de guerre » (Strabon, IV, 4, 2), les Celtes en général et les Gaulois en particulier sont systématiquement perçus comme des fauteurs de troubles dont l’unique but est de porter la terreur chez leurs voisins. C’est ce que rapporte, entre autres, Florus à propos des Sénons : « Les Gaulois Sénons étaient un peuple d’un naturel farouche et de mœurs barbares. De plus, leur taille gigantesque, leurs armes énormes, tout en eux inspirait l’effroi, et ils semblaient nés pour massacrer les hommes et saccager les villes » (Epitome, I, 13). Or, au-delà des topoi antiques - d’ailleurs largement repris par les modernes -, à propos de l’amour des Celtes pour la guerre et le pillage, nous tenterons d’en restituer la portée réelle et de comprendre, au-delà des apparences, la part particulièrement importante que la guerre a tenu dans le mode de production et de reproduction social des sociétés celtiques. Dans le cadre de cet exposé, c’est l’analyse des sources antiques qui retiendra notre attention parce que c’est la documentation la plus univoque pour tenter de cerner au mieux la nature des guerres menées par les Celtes au cours des cinq derniers siècles avant J.-C.
Sur le conférencier
Luc Baray est né à Fort-de-France (Martinique). Docteur en archéologie de l’Université de Paris I Panthéon Sorbonne, il est Directeur de recherche au CNRS, rattaché à l’UMR 6298 ARTEHIS (Dijon) dont il a été directeur adjoint de 2007 à 2011. Son habilitation à diriger des recherches (HDR), soutenue en 2013 devant l’École doctorale LISIT (Langages, Idées, Sociétés, Institutions, Territoires) de l’Université de Bourgogne, a porté sur la présentation d’une recherche originale intitulée Mercenariat, guerre et sociétés celtiques (VIIe-Ier siècle avant J.-C.). Essai d’anthropologie sociale.
Au cours de ces deux dernières décennies, il a enseigné à l’Université de Bourgogne.
Après plusieurs années à travailler sur les pratiques funéraires des populations protohistoriques d’Europe occidentale (VIIe-Ier siècle avant J.-C.), il a réorienté ses travaux de recherche depuis 2000 sur l’étude de la structure sociale de ces populations selon trois thématiques majeures :
Identité et normes sociales : les phénomènes hiérarchiques en contexte aristocratique en Europe occidentale (IXe - Ier siècle avant J.-C.) ;
Approche anthropologique des sociétés protohistoriques d’Europe occidentale ;
Guerre et violence dans les sociétés protohistoriques d’Europe occidentale.
Ce troisième thème a donné lieu à la constitution d’un projet ANR (« Guerre et violence dans les premières sociétés d’Europe : approche intégrée ») qu’il a dirigé de 2007 à 2010.
Luc Baray a développé plusieurs thématiques de recherches situées en marge de la recherche archéologique « classique », comme le butin, la clientèle guerrière ou le don. Ces approches lui ont permis de procéder différemment à l’analyse des relations sociales ayant existé au sein des sociétés celtiques. Leurs modes de fonctionnement ont pu être appréhendées à travers l’étude, non plus uniquement des productions matérielles, mais de leurs institutions. L’organisation et la structure de ces sociétés ont ainsi été saisies de l’« intérieur ».