Hervé CASTANET : *RÊVES ET FANTASMES* - Cours théorique de la Section clinique 2024. MARSEILLE.

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  • Опубликовано: 12 ноя 2023
  • Brève introduction au Cours théorique de la session 2024 de la Section clinique d'Aix-Marseille, par Hervé Castanet, professeur des Universités, coordinateur de la Section clinique.
    Chaque session de notre Section clinique, année après année, met en exergue une boussole - sans elle, aucune session ne trouverait sa base et les conséquences qu’elle en tire. Une phrase qui prend la forme d’une question la résume : Comment s’orienter dans la clinique ? Appliquée aux œuvres de Freud et à l’enseignement de Lacan, cette phrase permet la lecture, la saisie des impasses rencontrées et des inventions qui tentent d’y trouver une issue et une solution pour la clinique. À partir de la fin de l’enseignement de Lacan (années 1970-1980), la phrase-boussole, pour trouver son efficience, doit être complétée. Bref, la question a sa réponse. Dans un texte, daté de 1996, Jacques-Alain Miller construit cette réponse par une série d’affirmations : «il importe de maintenir dans la psychanalyse […] le cap sur le réel». Cette formulation est souvent répétée. Elle n’est pas pour autant un mantra. Elle noue logique et clinique :
    «L’usage des semblants est vain, voire foncièrement nocif, si impasse est faite sur le réel dont il s’agit. Il y a du réel dans l’expérience analytique. L’inexistence de l’Autre n’est pas antinomique au réel, elle lui est au contraire corrélative.»
    Posons-nous cette question : que devient le rêve au temps de l’Autre qui n’existe pas ? Ajoutons en complément celle-ci : que devient le fantasme au temps de l’Autre qui n’existe pas ? Posons ces deux questions pour relire les textes de Freud et de Lacan qui interrogent rêves et fantasmes.
    1 - La première question fait l’objet de la réponse de Lacan à Marcel Ritter, un psychanalyste strasbourgeois élève de Lacan. Ce dernier aborde le rêve par la voie de Unerkannt, le non reconnu :
    «Je crois que ce devant quoi Freud s’arrête dans l’occasion comme ombilic du rêve, puisque c’est à ce propos qu’il emploie le terme Unerkannt, non reconnu, le crois que ce dont il s’agit, c’est de ce qu’il appelle, désigne expressément ailleurs de l’Urverdrängt, du refoulé primordial (on a traduit ça comme on a pu). Je crois que c’est dans le destin du refoulé primordial, à savoir de ce quelque chose qui se spécifie de ne pouvoir être dit en aucun cas quelle qu’en soit l’approche, d’être si on peut dire à la racine du langage, qu’on peut donner la meilleure figure de ce dont il s’agit. La relation de cet Urverdrängt, de ce refoulé originel, puisqu’on a posé une question concernant l’origine tout à l’heure, je crois que c’est ça à quoi Freud revient à propos de ce qui a été traduit très littéralement par ombilic du rêve. C’est un trou, c’est quelque chose qui est la limite de l’analyse ; ça a évidemment quelque chose à faire avec le réel qui est un réel parfaitement dénommable, dénommable d’une façon qui est de pur fait ; ce n’est pas pour rien qu’il met en jeu la fonction de l’ombilic.»
    La perspective dégagée est tout bonnement inouïe : l’inconscient ne se réduit pas à la toute-puissance du symbolique.
    2 - Et le fantasme dont Lacan posait en 1964 qu’il est le soutien du désir ? Le séminaire qui vient de paraître La logique du fantasme (1966-1967) fait rupture avec ce que l’on croyait : le fantasme conjugué à l’imaginaire comme historiette inconsciente d’un ensemble signifiant. Dans le «Résumé du séminaire», Lacan écrit :
    «Il pourra alors ne pas rater la fonction du fantasme, comme on le fait à n’employer, sans la nommer, notre lecture de Freud qu’à s’attribuer l’intelligence de ses textes, pour mieux renier ce qu’ils requièrent. Le fantasme, pour prendre les choses au niveau de l’interprétation y fait fonction de l’axiome, c’est-à-dire se distingue des lois de déduction variables qui spécifient dans chaque structure la réduction des symptômes, d’y figurer sous un mode constant. Le moindre ensemble, au sens mathématique du terme, en apprend assez pour qu’un analyste à s’y exercer, y trouve sa graine. Ainsi rendu au clavier logique, le fantasme ne lui fera que mieux sentir la place qu’il tient pour le sujet. C’est la même que le clavier logique désigne, et c’est la place du réel. C’est dire qu’elle est loin du bargain névrotique qui a pris à ses formes de frustration, d’agression etc., la pensée psychanalytique au point de lui faire perdre les critères freudiens.»
    «L’orientation lacanienne, dit J.-A. Miller, c’est l’orientation vers le réel » dans laquelle l’objet a «se dérobe aussi bien, échappant comme le dit Mallarmé, cet objet louvoyant, divers, aux apparences, aux silhouettes et aux facettes innombrables, cet objet n’est pas un semblant».
    Hervé Castanet

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