Cénacle de François Brousse du 17 décembre 1994

EN DIEU
À l’amphore des cieux mon cœur se désaltère,
L’éternel me regarde avec ses millions d’yeux,
Comme un double albatros voulant quitter la terre
Tel un flot dans la mer je m’engloutis en Dieu.
La flamme a retrouvé l’inaltérable feu.
Je dévore l’énigme et je suis le mystère
L’innombrable remplit mon âme solitaire
Je ne suis nulle part et je vis en tous lieux.
Jetons au vent ma tunique individuelle
Une foule grouillante a rempli ma prunelle
Dans le livre sans fin, mon génie a tout lu.
La joie immesurable a scandé mon cantique
Dans le gouffre au delà du neuf et de l’antique
Au cœur de l’infini, je boirai l’absolu.
30 janvier 1993
François Brousse - Les Miroitements de l’infini, éd. 1994, p. 80
Entretien
Pourrais-tu nous donner le symbolisme des petites fleurs comme narcisse, jonquille, romarin, bruyère et digitale ?
F.B. : Ce sont les petites pensées d'amour qui jaillissent à chaque instant d'un monde plein de splendeur.
La bruyère ?
F.B. : La bruyère, pourquoi pas ?
Tu crois que les pensées d'amour des êtres angéliques peuvent se concrétiser en fleurs ?
F.B. : Oui.
Et pourquoi dans l'Antiquité, beaucoup de héros ou de dieux étaient-ils transformés en fleurs, en narcisses, en anémones ? Quel en est le symbolisme ?
F.B. : C'est le symbolisme des pensées divines qui créent les êtres humains ou qui créent des êtres surhumains.
Alors, allez-y pour d’autres questions.
La rose est-elle un végétal réalisé ?
F.B. : Hugo a dit :
« On ne sait quel essaim d'aigles noirs tourbillonne
Dans mon ciel embrasé ; [...]
Quoi ! le mal est partout ! Je regarde une rose
Et je suis apaisé . »
Discussions entre intervenants […]
F.B. : De toute façon, il faut traverser tous les règnes de la nature : le règne minéral, le règne végétal, le règne animal, le règne humain et le règne surhumain. Cinq règnes à traverser, ce n’est déjà pas mal !
Et le règne surhumain a-t-il une relation avec la future conscience cosmique ?
F.B. : Quand nous atteindrons la conscience cosmique, nous atteindrons le règne surhumain. Le problème est de pouvoir rester vingt-quatre heures par jour dans ce tourbillon cosmique, c'est impossible, ou alors on disparaît complètement. D'une manière générale, on peut y rester vingt-trois heures, mais il y aura toujours une heure dans laquelle nous serons humain, ce qui nous permet de nous rattacher à la Terre. Si nous arrivons à y être vingt-cinq heures, ce n’est pas mal, alors tout arrive !