La communication, le partage, la coopération : le défi de notre société.

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  • Опубликовано: 10 сен 2024
  • Emission Sagesses Bouddhistes 5 février 2023
    Sagesses Bouddhistes abordera avec son invité le rôle de la communication devenue ultra performante dans de très nombreux domaines. Phénomène qui, paradoxalement, amplifie l’individualisme et rend plus complexe les échanges entre les êtres humains. S’il retrouvait ses dispositions innées à communiquer, l’être humain serait beaucoup plus heureux et le monde pourrait sans doute vivre plus en paix. La communication : vrai défi de la société. Comment la réadapter dans le cadre de l’interdépendance et de l’ouverture du cœur. Réponses avec Taiun Jean-Pierre Faure.
    Réalisation : Michel Baulez / Présentation : Sandrine Colombo

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  • @Kanshoji
    @Kanshoji  Год назад

    Transcription, partie I
    Sagesses bouddhistes
    Taiun Jean-Pierre Faure
    O5 02 2023
    La communication, le partage, la coopération, le défi de notre société.
    Retranscription : Shindo
    Sandrine Colombo : Bonjour à tous et bienvenue dans cette émission Sagesses bouddhistes. Si nous vivons dans un monde où la communication est ultra performante avec les téléphones, les écrans et tous les réseaux sociaux, les échanges avec nos proches ont tendance à devenir difficiles, voire absents. L’individualisme prend le dessus alors que tout en l’homme est fait pour partager et vivre ensemble. S’il retrouvait ses dispositions innées à communiquer, l’être humain serait beaucoup plus heureux et le monde pourrait sans doute vivre en paix.
    La communication, défi de la société et clé du bonheur de chacun et de tous, c’est ce dont nous allons parler avec notre invité, Taiun Jean-Pierre Faure. Nous évoquerons l’interdépendance et la pratique de l’ouverture du cœur pour arriver au fait que la communication juste n’est autre que le véritable amour. Nous avons donc la grande joie de retrouver notre invité. Taiun Jean-Pierre Faure, Bonjour.
    Taiun Jean-Pierre Faure : Bonjour.
    S. C. : Vous êtes moine de la tradition Zen Sôtô, vous êtes ancien disciple de Maître Deshimaru, vous êtes responsable du monastère de Kanshoji situé dans le Périgord vert, que vous avez fondé il y aune vingtaine d’années, et c’est là que vous enseignez le Dharma, et aussi un peu partout en France et en Europe. Merci de répondre à nos questions aujourd’hui.
    Alors avant tout, en préalable, existe-t-il une communication juste plutôt qu’une communication tout court ?
    T : Tout dans l’univers communique, tout résonne dans tout. Les êtres humains communiquent consciemment ou inconsciemment. On peut communiquer dans le silence, communiquer par le regard, communiquer par sa posture, et aussi bien sûr par les mots. Le point important c’est l’esprit qui anime cette communication. À la fin, la communication juste c’est celle qui est faite avec un esprit juste, c'est-à-dire qui vise à améliorer la situation. Elle doit donc être empreinte de bonté, et on pourrait dire d’amour.
    S. C. : Qu’est ce que vous appelez l’amour ?
    T : Il y a toutes sortes d’amour, mais on peut parler de deux types d’amour : le petit amour où j’aime ce qui me fait plaisir, j’aime que ça me soit agréable, - par exemple on dit : j’aime le chocolat, ou j’aime cette personne qui me fait des cadeaux… Mais il y a aussi un autre amour qui ne dépend pas de cela, qui est inconditionnel, qui dépend de notre cœur profond, et où les choses ne sont pas faites pour moi. C’est un amour qui vise à apporter du bien, du bonheur à l’autre, c’est un amour inconditionnel. On l’appelle parfois le grand amour par rapport au petit amour.
    S. C. : On reviendra sur cette notion d’amour en fin d’émission, mais tout d’abord est-ce qu’on peut revenir sur ce constat de notre société actuelle, c'est-à-dire : alors que tout nous pousse à communiquer, l’être humain à tendance à se refermer sur lui-même, pourquoi ?
    T. : C’est vrai que la tendance de l’espèce humaine est une tendance grégaire, qui tend à vivre en groupe et à partager des valeurs communes. Mais aujourd’hui on voit de plus en plus des personnes qui se coupent des autres, qui ont tendance à vivre par eux-mêmes, pour eux-mêmes, et de façon trop individualiste. Pourquoi cela ? Je crois qu’il y a une perte de confiance, ou un doute. L’avenir est incertain, les gouvernants ne sont pas toujours compris et aimés, on doute parfois de leur bonne foi… Mais on en vient aussi à douter de nos semblables et donc on pense qu’on aurait tout intérêt à agir de façon égoïste et que peut-être on obtiendrait plus de bonheur pour soi-même, plutôt qu’en communicant avec les autres. En fait c’est un manque de foi qui nous anime, qui nous habite de plus en plus.
    S. C. : Oui on a l’impression, puisque l’on a accès à beaucoup de liens, à beaucoup de savoir, qu’on n’arrive pas à communiquer de cœur à cœur.
    T : Oui, la communication aujourd’hui se fait beaucoup à travers des écrans, on reçoit beaucoup d’informations, il y a beaucoup de savoir - mais il y a quelque chose qui n’est pas de l’ordre du savoir. Rencontrer quelqu’un, ça sous-entend être présent à cette personne, ne pas être enfermé dans ses pensées. Ça veut dire que si je veux toucher son cœur, il faut que je l’accueille avec un cœur ouvert, sans être enfermé dans des stratégies égoïstes, dans l’image que je veux lui donner, mais bien plus maintenir un esprit totalement vide. C’est la façon de rencontrer l’autre, c’est la façon de trouver un sens à sa vie. Le sens de notre vie se trouve en ouvrant son cœur et en embrassant la totalité dans un seul regard.

  • @Kanshoji
    @Kanshoji  Год назад

    Transcription, partie II
    S. C. : Est-ce que c’est naturel de communiquer, Jean-Pierre Faure, est-ce que c’est aussi une obligation ?
    T : C’est bien sûr naturel. Comme je l’ai dit au début, tout communique dans l’univers, il n’y a rien de caché, la nature c’est comme ça. Comme le disait Victor Hugo : « La nature nous parle, mais nous ne l’entendons pas. » Dans la communication, on entend l’autre avec une oreille vide, sans idées préconçues, sans jugement, et l’ayant compris dans les profondeurs de son être, pouvoir répondre à cette demande même si elle est inconsciente. Il s’agit de communiquer de façon juste et bénéfique pour l’autre, de communiquer des choses vraies. Il s’agit d’être animé par le désir que l’autre puisse être aidé par cette communication, afin que nous puissions, les uns et les autres, nous harmoniser. Cette communication doit nous donner des informations pour appréhender complètement la situation, pour trouver le chemin. Donc il s’agit d’avoir une communication juste et naturelle. Trop souvent nous biaisons cette communication, animés par des intérêts personnels pas toujours jolis.
    S. C. : Qu’est-ce que ça veut dire, Jean-Pierre Faure : que chacun d’entre nous n’a pas d’existence séparée de celle des autres ?
    T : Oui, effectivement, dans le monde, dans l’univers, si on regarde bien, tout communique, ça veut dire que tout est interdépendant, il n’y a pas d’entité qui aurait sa propre vie, coupée du reste des autres vies, il n’y a pas de vie qui serait autonome, nous vivons en coexistence avec toutes les existences. Par exemple, aujourd’hui je possède les gênes de mes parents, de même que mes enfants possèdent les gênes de leur mère et de moi-même, donc il y a une continuité entre toutes les existences, à la fois dans le temps mais aussi dans l’espace.
    Très souvent on dit d’une rivière : c’est de l’eau qui coule depuis la source jusqu’à l’embouchure, et on s’arrête là, on voit ça comme une entité. À la fin, la véritable existence de la rivière, ce n’est pas cela. C’est parce qu’il y a le soleil, parce qu’il y a les océans, que la chaleur du soleil fait évaporer l’eau des océans, que cet air humide poussé par les alizés rencontre les reliefs, s’élève sur les reliefs, se condense, tombe sous forme de pluie, coule sur les gazons, les ruisselets, les rivières et arrive au fleuve qui lui-même retourne à l’océan… C’est cette vérité qu’on doit prendre en compte, cette vérité qui est la réalité. Donc vous voyez bien que cette vie est une, c’est une seule vie, celle de l’univers. Je suis un enfant de l’univers comme nous tous, comme toutes les existences le sont.
    S. C. : Mais quelle pratique du quotidien mettre en œuvre pour s’ouvrir, pour pratiquer l’ouverture du cœur comme vous l’avez dit en début d’émission ?
    T : C’est la chose la plus délicate et qui demande une discipline, au sens de discipline spirituelle, c'est-à-dire une pratique spirituelle. Par exemple, la posture du Bouddha en lotus, immobile, dans le monastère cette posture on la prend tous les jours, matin et soir ; on débute la journée comme ça, on la finit comme ça. Il s’agit de se tenir droit, immobile, sans tension, et plutôt que de continuer à agiter des pensées, nous ramenons notre attention dans la posture, afin que cette posture soit juste, en équilibre. Nous ramenons ensuite notre attention à la respiration. Nous ramenons notre attention au mental…
    Et dans cette attitude, la conscience ouverte, présente, je vois une pensée s’élever et je ne la suis pas, comme je le fais ordinairement à mon insu, je ne suis pas entrainé par cette pensée. Je la vois s’élever et je reste la conscience ouverte. Cette ouverture de la conscience on en prend l’habitude, on voit qu’au fond de nous il y a quelque chose de tranquille, de paisible, de non peur. Parfois apparaissent de ci de là des pulsions de peur, d’avidité, de colère, mais on prend l’habitude de ne pas s’en soucier, de maintenir l’unité de la respiration et de la conscience, du mental et de la conscience.
    S. C. : Alors, finalement, Jean-Pierre Faure - et ça sera le mot de la fin - ce qui manque aujourd’hui à l’humanité pour être heureuse, est-ce que c’est la communication, justement ?
    T : C’est l’amour à la fin… L’être humain a pu accéder par la technologie à des niveaux de vie bien supérieurs à ceux de nos ancêtres, mais le cœur de la vie n’est pas seulement le confort… Quelque chose est nécessaire, qui est au cœur de nos vies : un être humain ne peut pas vivre s’il n’aime pas. Il doit aimer la planète, il doit aimer ses semblables, il doit aimer la vie, et aimer la vie ça veut dire donner ce qu’on a de meilleur, c'est-à-dire son esprit d’amour, de bonté, de fraternité, de non peur, c’est ça l’amour véritable.
    S. C. : Merci beaucoup Jean-Pierre Faure d’avoir répondu à nos questions aujourd’hui.
    T : Merci.