Une critique de la psychanalyse, externe, ou "de l'extérieur" comme le dit Luc Ferry, est tout aussi mieux informée sur le "fond" qu'une critique interne. Luc Ferry devrait lire à ce propos, les ouvrages de Mickel Borch-Jacobsen, Jacques Bénesteau, et de quelques autres. De plus, en critiquant la psychanalyse de l'extérieur, on a quand même plus de chance d'éviter le risque d'être juge et partie en faveur de la psychanalyse...
Je reviens sur cette erreur que fait Luc Ferry au sujet du statut de l'erreur et de l'asymétrie entre le vrai et le faux, ou entre vérification et falsification, (à partir de 14 mn 44 de vidéo). Avant d'aller plus loin, je tiens à répéter que cette conférence sur Karl Popper que nous donne ici Luc Ferry est tout à fait remarquable dans son ensemble. Donc, l'asymétrie entre vérification et falsification consiste bien en ceci (comme l'a très bien compris Luc Ferry) : c'est qu'un énoncé universel au sens strict ne peut jamais être vérifié avec certitude, y compris par un grand nombre d'énoncés singuliers, alors qu'il peut être réfuté par un seul énoncé singulier. Seulement, l'erreur de Ferry consiste à dire que la confirmation empirique à l'issue d'un test, de l'existence d'un énoncé singulier réfutant un énoncé universel en tant qu'il fait partie de sa base empirique, (la sous-classe des falsificateurs potentiels), est certaine, ou que "l'erreur est certaine". Voilà une interprétation du falsificationnisme poppérien qui fait de Popper ce dont il s'est toujours défendu d'être : un falsificationniste naïf, à l'instar, par exemple de Pierre Duhem. Donc, pour Karl Popper, aucune théorie générale de la science n'a pu, ne peut, ni ne pourra jamais être corroborée ou réfutée avec certitude. Dans "La logique de la découverte scientifique", Karl Popper a cette affirmation célèbre selon laquelle la Science ne trouve jamais aucun "socle dur" (...), elle est plutôt maintenue sur des "pilotis de mieux en mieux enfoncés dans la vase", mais ne rencontre donc jamais aucune certitude, ou prétendue base solide et définitive (...) à l'issue d'aucun test. Mais, pourquoi ? L'essentiel de la réponse magistrale de Karl Popper, (ainsi que nous l'avons déjà donnée dans un commentaire précédent), se trouve dans la section 37 de "La logique de la découverte scientifique", section intitulée, "Domaines logiques. Notes sur la théorie des mesures", (chapitre 6, "Les degrés de falsifiabilité"), pages : 124 - 126. Dans cette section très importante du livre, Popper y démontre en effet l'impossibilité définitive d'atteindre l'absolue précision de toute mesure sur des faits. Il suit de cette démonstration, qu'il est pour toujours impossible d'échafauder des tests scientifiques (ou autres), sur la base de conditions initiales absolument précises, quoique, citons Popper : "il peut être utile, dans certains cas, d'employer un "principe de responsabilité renforcé" en se référant à la précision des mesures possibles à partir desquelles peuvent se calculer les conditions initiales, plutôt qu'à la précision des conditions initiales.(voir aussi dans "L'univers irrésolu. Plaidoyer pour l'indéterminisme" au sujet du principe de responsabilité renforcé au début du livre). Dès lors, il suit également qu'aucune interprétation (scientifique) d'aucun test (scientifique) ne pourra jamais revendiquer la moindre certitude. La conclusion, (parce que, pour une fois, il peut y en avoir une !), est donc la suivante, et elle tient, je le crois, dans l'un des plus énormes, des plus gigantesques paradoxes défiant tout projet d'accès à la Vérité (absolue) : la seule chose dont nous pouvons être absolument certains, et cela pour toujours, c'est que précisément nous n'atteindrons jamais aucune certitude sur toute forme de connaissance sur les faits, qu'elle soit échafaudée dans un cadre scientifique ou non. Jamais certains sur une connaissance de la Nature, quelle qu'elle soit, jamais certains sur une connaissance de l'Homme, et jamais certains sur une connaissances d'une chose matérielle. Nous ne pourrons jamais être certains que "c'est faux" ou que "c'est vrai". Toute connaissance des faits demeurera relative (...) à l'irréductible imprécision des tests. Donc, dans le domaine de la connaissance des faits... "tout est relatif". Mais citons à présent Karl Popper, dans "Le réalisme et la science", éditions Hermann, traduction d'Alain Boyer et Daniel Andler, Paris, 1990, pages 3 - 4 : "'(...) J'ai toujours soutenu, et ce dès la première édition de Logik der Forschung (1934), et même dans mon ouvrage antérieur, Die beiden Grundprobleme der Erkenntnistheorie (écrit entre 1930 et 1933, mais publié seulement en 1979), qu'il est absolument impossible de prouver de manière décisive qu'une théorie scientifique empirique est fausse. En ce sens-là, (c'est-à-dire, pour Popper, dans le sens où il faut comprendre l'usage réel, dans les tests, ou empirique, de la falsifiabilité), de telles théories ne sont pas falsifiables : "Tout système théorique peut être protégé de diverses manières contre une falsification empirique" ; "il est toujours possible de trouver certains moyens d'échapper à la falsification, par exemple en introduisant une hypothèse auxiliaire ad hoc"; "On ne peut jamais réfuter une théorie de manière concluante". (Ce sont-là des phrases où Popper se cite lui-même). Et il poursuit, toujours page 4 de ce même livre, "Le réalisme et science" : "J'ai toujours insisté sur le fait que même une théorie évidemment falsifiable au sens (1) (la falsifiabilité logique) n'est jamais falsifiable en ce sens (la falsifiabilité empirique)." (Popper veut dire, évidemment, que d'un point de vue empirique, jamais aucune théorie n'est falsifiable de manière décisive, ou de manière certaine, définitive, absolue..). Popper : "Il est patent que les suffixes " -able"" et "-abilité" sont utilisés de manière assez différente dans chacun des deux cas. Alors que, dans le premier sens, ces termes renvoient à la possibilité logique d'une falsification de principe, dans le second, ils renvoient à une preuve expérimentale, effective et concluante, de la fausseté d'une hypothèse. Mais il n'existe rien de tel qu'une preuve concluante, de nature à trancher une question d'ordre empirique". (Toujours pareil : lorsque Popper parle de "preuve concluante", il entend, bien sûr, des preuves décisives, ou absolument certaines, ce qui est impossible en science). Il poursuit en écrivant : "Toute une littérature est née de l'inobservation de cette distinction. On dit souvent que mon critère de démarcation est inapplicable puisque les théories scientifiques ne peuvent être définitivement réfutées, (....) puisqu'il n'existe pas de preuves empiriques définitives. (...) De plus, toute falsification peut à son tour être soumise à des tests". Voilà, je l'espère, des contenus de première main, donc de Karl Popper lui-même, avec des références précises et que chacun pourra vérifier, lesquels démontrent selon moi de manière indiscutable, l'erreur de Luc Ferry. Bien cordialement à tous.
14:03 _si je vois un seul cygne noir, à bec rouge en plus_ . Mais même si le bec est orange, ça invalide la proposition que tous les cygnes sont blancs. Popper avait de l'humour ;p
Mais comment ça ?!!! Science et Croyance sont les faces de la médaille !!! C'est une ou l'autre !!! Croyance, Foie, n'implique pas la recherche comme dans la science !!!
Ferry vous avez préconisé l’usage de leurs armes à feu par les policiers contre les gilets jaunes, dans la presse. Ces propos vous disqualifient pour vous prétendre « philosophe « ❌❌❌
Je ne pouvais pas espérer mieux 🙏 un grand merci,je vais en faire l'écoute dès ce soir
merci beaucoup bravo!!
Très intéressant , grand merci.
Une critique de la psychanalyse, externe, ou "de l'extérieur" comme le dit Luc Ferry, est tout aussi mieux informée sur le "fond" qu'une critique interne. Luc Ferry devrait lire à ce propos, les ouvrages de Mickel Borch-Jacobsen, Jacques Bénesteau, et de quelques autres. De plus, en critiquant la psychanalyse de l'extérieur, on a quand même plus de chance d'éviter le risque d'être juge et partie en faveur de la psychanalyse...
Je reviens sur cette erreur que fait Luc Ferry au sujet du statut de l'erreur et de l'asymétrie entre le vrai et le faux, ou entre vérification et falsification, (à partir de 14 mn 44 de vidéo). Avant d'aller plus loin, je tiens à répéter que cette conférence sur Karl Popper que nous donne ici Luc Ferry est tout à fait remarquable dans son ensemble.
Donc, l'asymétrie entre vérification et falsification consiste bien en ceci (comme l'a très bien compris Luc Ferry) : c'est qu'un énoncé universel au sens strict ne peut jamais être vérifié avec certitude, y compris par un grand nombre d'énoncés singuliers, alors qu'il peut être réfuté par un seul énoncé singulier. Seulement, l'erreur de Ferry consiste à dire que la confirmation empirique à l'issue d'un test, de l'existence d'un énoncé singulier réfutant un énoncé universel en tant qu'il fait partie de sa base empirique, (la sous-classe des falsificateurs potentiels), est certaine, ou que "l'erreur est certaine". Voilà une interprétation du falsificationnisme poppérien qui fait de Popper ce dont il s'est toujours défendu d'être : un falsificationniste naïf, à l'instar, par exemple de Pierre Duhem.
Donc, pour Karl Popper, aucune théorie générale de la science n'a pu, ne peut, ni ne pourra jamais être corroborée ou réfutée avec certitude.
Dans "La logique de la découverte scientifique", Karl Popper a cette affirmation célèbre selon laquelle la Science ne trouve jamais aucun "socle dur" (...), elle est plutôt maintenue sur des "pilotis de mieux en mieux enfoncés dans la vase", mais ne rencontre donc jamais aucune certitude, ou prétendue base solide et définitive (...) à l'issue d'aucun test. Mais, pourquoi ?
L'essentiel de la réponse magistrale de Karl Popper, (ainsi que nous l'avons déjà donnée dans un commentaire précédent), se trouve dans la section 37 de "La logique de la découverte scientifique", section intitulée, "Domaines logiques. Notes sur la théorie des mesures", (chapitre 6, "Les degrés de falsifiabilité"), pages : 124 - 126. Dans cette section très importante du livre, Popper y démontre en effet l'impossibilité définitive d'atteindre l'absolue précision de toute mesure sur des faits. Il suit de cette démonstration, qu'il est pour toujours impossible d'échafauder des tests scientifiques (ou autres), sur la base de conditions initiales absolument précises, quoique, citons Popper : "il peut être utile, dans certains cas, d'employer un "principe de responsabilité renforcé" en se référant à la précision des mesures possibles à partir desquelles peuvent se calculer les conditions initiales, plutôt qu'à la précision des conditions initiales.(voir aussi dans "L'univers irrésolu. Plaidoyer pour l'indéterminisme" au sujet du principe de responsabilité renforcé au début du livre). Dès lors, il suit également qu'aucune interprétation (scientifique) d'aucun test (scientifique) ne pourra jamais revendiquer la moindre certitude.
La conclusion, (parce que, pour une fois, il peut y en avoir une !), est donc la suivante, et elle tient, je le crois, dans l'un des plus énormes, des plus gigantesques paradoxes défiant tout projet d'accès à la Vérité (absolue) : la seule chose dont nous pouvons être absolument certains, et cela pour toujours, c'est que précisément nous n'atteindrons jamais aucune certitude sur toute forme de connaissance sur les faits, qu'elle soit échafaudée dans un cadre scientifique ou non. Jamais certains sur une connaissance de la Nature, quelle qu'elle soit, jamais certains sur une connaissance de l'Homme, et jamais certains sur une connaissances d'une chose matérielle. Nous ne pourrons jamais être certains que "c'est faux" ou que "c'est vrai". Toute connaissance des faits demeurera relative (...) à l'irréductible imprécision des tests. Donc, dans le domaine de la connaissance des faits... "tout est relatif".
Mais citons à présent Karl Popper, dans "Le réalisme et la science", éditions Hermann, traduction d'Alain Boyer et Daniel Andler, Paris, 1990, pages 3 - 4 :
"'(...) J'ai toujours soutenu, et ce dès la première édition de Logik der Forschung (1934), et même dans mon ouvrage antérieur, Die beiden Grundprobleme der Erkenntnistheorie (écrit entre 1930 et 1933, mais publié seulement en 1979), qu'il est absolument impossible de prouver de manière décisive qu'une théorie scientifique empirique est fausse. En ce sens-là, (c'est-à-dire, pour Popper, dans le sens où il faut comprendre l'usage réel, dans les tests, ou empirique, de la falsifiabilité), de telles théories ne sont pas falsifiables : "Tout système théorique peut être protégé de diverses manières contre une falsification empirique" ; "il est toujours possible de trouver certains moyens d'échapper à la falsification, par exemple en introduisant une hypothèse auxiliaire ad hoc"; "On ne peut jamais réfuter une théorie de manière concluante". (Ce sont-là des phrases où Popper se cite lui-même).
Et il poursuit, toujours page 4 de ce même livre, "Le réalisme et science" :
"J'ai toujours insisté sur le fait que même une théorie évidemment falsifiable au sens (1) (la falsifiabilité logique) n'est jamais falsifiable en ce sens (la falsifiabilité empirique)." (Popper veut dire, évidemment, que d'un point de vue empirique, jamais aucune théorie n'est falsifiable de manière décisive, ou de manière certaine, définitive, absolue..).
Popper : "Il est patent que les suffixes " -able"" et "-abilité" sont utilisés de manière assez différente dans chacun des deux cas. Alors que, dans le premier sens, ces termes renvoient à la possibilité logique d'une falsification de principe, dans le second, ils renvoient à une preuve expérimentale, effective et concluante, de la fausseté d'une hypothèse. Mais il n'existe rien de tel qu'une preuve concluante, de nature à trancher une question d'ordre empirique". (Toujours pareil : lorsque Popper parle de "preuve concluante", il entend, bien sûr, des preuves décisives, ou absolument certaines, ce qui est impossible en science). Il poursuit en écrivant : "Toute une littérature est née de l'inobservation de cette distinction. On dit souvent que mon critère de démarcation est inapplicable puisque les théories scientifiques ne peuvent être définitivement réfutées, (....) puisqu'il n'existe pas de preuves empiriques définitives. (...) De plus, toute falsification peut à son tour être soumise à des tests".
Voilà, je l'espère, des contenus de première main, donc de Karl Popper lui-même, avec des références précises et que chacun pourra vérifier, lesquels démontrent selon moi de manière indiscutable, l'erreur de Luc Ferry.
Bien cordialement à tous.
Rarement la lecture d'un commentaire RUclips m'aura parue si utile; merci à vous!
14:03 _si je vois un seul cygne noir, à bec rouge en plus_ . Mais même si le bec est orange, ça invalide la proposition que tous les cygnes sont blancs. Popper avait de l'humour ;p
Mais comment ça ?!!!
Science et Croyance sont les faces de la médaille !!!
C'est une ou l'autre !!!
Croyance, Foie, n'implique pas la recherche comme dans la science !!!
😢
Il me semble que la politique et la science ne font pas bon ménage.....en politique on a un point de vue tout au plus....
Ferry vous avez préconisé l’usage de leurs armes à feu par les policiers contre les gilets jaunes, dans la presse. Ces propos vous disqualifient pour vous prétendre « philosophe « ❌❌❌