Josy Dubié : reporter exceptionnel - Radio Caroline

Frère de Jean-Claude Defossé, né un an après lui, Josy Dubié, de son véritable prénom, Joseph, a vu le jour le 11 février 1940 à Schaerbeek. Il souhaitait faire des études sportives, mais un accident en décidera autrement et le fera se tourner vers… la marine marchande ! Joseph sortira Capitaine au long cours de l’École supérieure de Navigation d’Anvers.
En 1967, il entre à l’ULB où il va, simultanément, étudier la sociologie, l’ethnologie et le droit. Il sera aussi président du Cercle du Libre Examen, si cher à l’université fondée par Théodore Verhaegen. Quatre ans plus tard, Josy est diplômé en journalisme et ethnologie, il ne tarde pas à entrer au sein de ce qui est encore la RTB, Radiodiffusion-télévision belge. Il fait connaissance avec les installations du boulevard Reyers, inaugurées quelques années plus tôt…
Josy Dubié sera grand reporter. À son palmarès, il comptera quelques reportages extraordinaires. C’est avec l’aide du président du Parti Socialiste, André Cools, qu’à la fin du mois d’août 1973, il parvient à réaliser l’ultime interview du président Salvador Allende, qui se suicidera le 11 septembre lors de l’assaut du palais présidentiel par les troupes d’Augusto Pinochet. Josy en sortira un document exceptionnel, "Salvador Allende, an 3".
Avec Manu Bonmariage, il sera aussi le dernier journaliste étranger à demeurer à Saïgon en avril 1975. Enregistrant les derniers feux du régime de la République du Viêt Nam, sa chute et sa mutation, Dubié réalisera alors un fabuleux film intitulé " De Saïgon à Ho Chi Minh-ville ".
Fin 1989, le journaliste sera victime de ce que l’on n’appelait pas encore les " fake news " en relayant l’information d’un prétendu charnier à Timişoara. C’est une agence de presse yougoslave qui, à l’origine, diffuse des données erronées sur les corps retrouvés dans la ville roumaine, ces morts seraient des victimes de la répression du régime de Ceauşescu, au début de la révolution roumaine entamée à Timişoara. Il sera prouvé que ces corps avaient été ensevelis avant le début des événements et étaient issus d’une morgue… Nombre de médias occidentaux tombés dans le panneau seront éclaboussés par cette affaire de désinformation.
Josy Dubié quitte la RTBF en 1994, direction Genève où il devient Chef de l’Unité tv du PNUD, Programme des Nations Unies pour le développement. Avec Jean-François Arrou-Vignod, il crée " Azimuts ", une série documentaire mettant à l’honneur les hommes et les femmes qui contribuent au programme de développement onusien. Ces capsules d’une dizaine de minutes seront diffusées dans une cinquantaine de pays, dont la Belgique, via la télévision publique francophone.
Ce sera ensuite la carrière politique. Entré au parti Ecolo, il sera à l’origine de trois lois, étant d’abord sénateur (1999-2003) avant d’être simultanément député au Parlement de la Région de Bruxelles-Capitale ainsi qu’au Parlement de la Communauté française (2004-2009). Il poursuivra sa trajectoire en étant sénateur désigné par le Parlement de la Communauté française, de 2005 à 2009 et conseiller communal de Bruxelles (2006-2008). Il quitte le parti en 2010.
Josy Dubié a toujours eu son franc-parler. Il est ouvertement républicain, n’hésitant d’ailleurs pas à critiquer la famille royale belge… En 2014, il soutiendra le PTB, Parti du Travail de Belgique, dans sa croisade pour mettre en place " une taxe des millionnaires ", dénonçant par-là la politique d’austérité mise en place par le PS et Ecolo. Il sera aussi l’un des membres de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, un organisme regroupant 46 pays s’engageant à respecter les droits de l’homme, la démocratie et la primauté du droit.
Au-delà de toutes ces fonctions médiatiques et politiques, Josy Dubié a aussi été administrateur du Théâtre de Poche et président de l’asbl Amitiés Belgo-Haïtiennes Toussaint Louverture. Un homme qui demeure à l’écoute du monde, particulièrement des droits de chacun et chacune vivant sur celle planète, de ce que l’on nomme " humanité ".
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