Fauré - Les Djinns - Op. 12
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- Опубликовано: 8 фев 2025
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Tiré du concert Romance européenne, sous la direction de Bruno Dufresne, enregistré le 16 janvier 2016 au collège Regina Asumpta.
Composé par Gabriel Fauré (1875)
Texte de Victor Hugo (1829)
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Fauré fonde sa toute première oeuvre pour chorale profane sur les vers de Victor Hugo dans "Les djinns". Dans ce remarquable poème tiré des Orientales, Hugo augmente la longueur des vers de strophe en strophe, ajoutant à chaque fois une syllabe. Le crescendo et le decrescendo de même que l'intensification et le relâchement de l'activité rythmique de l'oeuvre musicale suivent non seulement la forme du poème mais aussi son sens (le silence de la nuit, la descente des démons, la prière centrale qui rétablit la sécurité, la dispersion des démons et le silence à nouveau). Le style harmonique des Djinns doit quelque chose à Saint-Saëns, et peut-être plus au romantisme allemand que français. Aussi à noter qu'il s'agit d'une très rare pièce chorale française qui comporte une prière à Mahomet ("Prophète, si ta main me sauve") - assez sincère d'ailleurs pour nous faire oublier le fantasme orientaliste du contexte. Fauré place cette prière émouvante au centre de la pièce. (Grazia, 2012)
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Murs, ville,
Et port,
Asile
De mort,
Mer grise
Où brise
La brise,
Tout dort.
Dans la plaine
Naît un bruit.
C'est l'haleine
De la nuit.
Elle brame
Comme une âme
Qu'une flamme
Toujours suit!
La voix plus haute
Semble un grelot.
D'un nain qui saute
C'est le galop.
Il fuit, s'élance,
Puis en cadence
Sur un pied danse
Au bout d'un flot.
La rumeur approche.
L'écho la redit.
C'est comme la cloche
D'un couvent maudit ;
Comme un bruit de foule,
Qui tonne et qui roule,
Qui tantôt s'écroule,
Et tantôt grandit,
Dieu ! La voix sépulcrale
Des Djinns !... Quel bruit ils font !
Fuyons sous la spirale
De l'escalier profond.
Déjà s'éteint ma lampe,
Et l'ombre de la rampe,
Qui le long du mur rampe,
Monte jusqu'au plafond.
Cris de l'enfer! voix qui hurle et qui pleure!
L'horrible essaim, poussé par l'aquilon,
Sans doute, ô ciel ! s'abat sur ma demeure.
Le mur fléchit sous le noir bataillon.
La maison crie et chancelle penchée,
Et l'on dirait que, du sol arrachée,
Ainsi qu'il chasse une feuille séchée,
Le vent la roule avec leur tourbillon!
Prophète ! si ta main me sauve
De ces impurs démons des soirs,
J'irai prosterner mon front chauve
Devant tes sacrés encensoirs!
Fais que sur ces portes fidèles
Meure leur souffle d'étincelles,
Et qu'en vain l'ongle de leurs ailes
Grince et crie sur ces vitraux noirs!
De leurs ailes lointaines
Le battement décroît,
Si confus dans les plaines,
Si faible, que l'on croit
Ouïr la sauterelle
Crier d'une voix grêle,
Ou pétiller la grêle
Sur le plomb d'un vieux toit.
Les Djinns funèbres,
Fils du trépas,
Dans les ténèbres
Pressent leurs pas;
Leur essaim gronde:
Ainsi, profonde,
Murmure une onde
Qu'on ne voit pas.
Ce bruit vague
Qui s'endort,
C'est la vague
Sur le bord;
C'est la plainte,
Presque éteinte,
D'une sainte
Pour un mort.
On doute
La nuit...
J'écoute :
-Tout fuit,
Tout passe
L'espace
Efface
Le bruit.
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