La Négresse blonde, Georges Fourest

Поделиться
HTML-код
  • Опубликовано: 15 окт 2024
  • La Négresse blonde, Georges Fourest
    dit par Alain Bouras
    Radio Grille Ouverte Alles, « Poésie en ballade »
    08-05-18
    LA NÉGRESSE BLONDE
    Quamvis ille niger quamvis tu candidus esses.
    Virgile.
    Electro similes auroque capilos.
    Ovide.
    Fulvoque nitet coma gratior auro.
    Calpurnius.
    Et Flavicomis radiantia lergora villis.
    Claudien.
    I
    Elle est noire comme cirage,
    comme un nuage
    au ciel d’orage,
    et le plumage
    du corbeau,
    et la lettre A, selon Rimbaud ;
    comme la nuit,
    comme l’ennui,
    l’encre et la suie !
    Mais ses cheveux,
    ses doux cheveux,
    soyeux et longs
    sont blonds, plus blonds
    que le soleil
    et que le miel
    doux et vermeil,
    que le vermeil,
    plus qu’Ève, Hélène et Marguerite,
    que le cuivre des léchefrites,
    qu’un épi d’or
    de Messidor,
    et l’on croirait d’ébène et d’or
    La Belle Négresse, la Négresse Blonde !
    II
    Cannibale, mais ingénue,
    elle est assise, toute nue,
    sur une peau de kanguroo,
    dans l’île de Tamamourou !
    Là, pétauristes, potourous,
    ornithorrynques et wombats,
    phascolomes prompts au combat,
    près d’elle prennent leurs ébats !
    Selon le mode Papoua,
    sa mère, enfant la tatoua :
    en jaune, en vert, en vermillon,
    en zinzolin, par millions
    oiseaux, crapauds, serpents, lézards,
    fleurs polychromes et bizarres,
    chauves-souris, monstres ailés,
    laids, violets, bariolés,
    sur son corps noir sont dessinés.
    Sur ses fesses bariolées
    on écrivit en violet
    deux sonnets sybillins rimés
    par le poète Mallarmé,
    et sur son ventre peint en bleu,
    fantastique se mord la queue
    un amphisbène.
    L’arête d’un poisson lui traverse le nez ;
    de sa dextre aux doigts terminés
    par des ongles teints au henné,
    elle caresse un échidné,
    et parfois elle fait sonner
    en souriant d’un air amène
    à son col souple un beau collier
    de dents humaines,
    La Belle Négresse, la Négresse blonde !
    III
    Or des Pierrots,
    de blancs Pierrots, de doux Pierrots
    blancs comme des poiriers en fleurs,
    comme la fleur
    des pâles nymphéas sur l’eau,
    comme l’écorce des bouleaux,
    comme le cygne, oiseau des eaux,
    comme les os
    d’un vieux squelette,
    blancs comme un blanc papier de riz,
    blancs comme un blanc Mois-de-Marie
    de doux Pierrots, de blancs Pierrots
    dansent le falot boléro,
    la fanfoulla, la bamboula,
    éperdument au son de la
    maigre guzla,
    autour de la
    Négresse Blonde.
    IV
    Parfois un Pierrot tombe, alors
    brandissant un scalpel en or
    et riant un rire sonore,
    un triomphant rire d’enfant,
    vainqueur, moqueur et triomphant,
    en grinçant la négresse fend
    la poitrine de l’enfant blême
    et puis scalpe l’enfant blême,
    et, de ses dents que le bétel
    teint en ébène, bien vite elle
    mange le cœur et la cervelle,
    sans poivre, ni sel !
    Ah ! buvant - suave liqueur ! -
    le sang tout chaud, cervelle et cœur,
    à belles dents, sans nul émoi,
    elle dévore tout, et moi,
    Négresse, je t’apporte ici
    mon cœur et ma cervelle aussi,
    mon foie itou,
    et bâfre tout
    trou lai tou !
    car, sans mentir, j’ai proclamé
    que dans ce monde
    laid, sublunaire et terraqué
    et détraqué
    pour qui n’est pas un paltoquet
    comme Floquet[1],
    seule fut digne d’être aimée
    la Blonde Négresse, la Négresse blonde !…
    1- Il faut bien avouer que le nom du respectable et feu M. Floquet vient ici comme des cheveux sur la soupe. Mais, bah !

Комментарии •