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Nous non plus on ne sait pas qui on est, et merci !

C’est exactement ce qu’on se disait l’autre jour (en postant un épisode de 2h20 sur la tolérance aux italiques et le ferme refus des tirets). Mais merci.

Merci. On trouvait que ce cœur méritait qu’on s’en approche.

Merci pour ta remarque. Tu fais d’impayable le synonyme d’inestimable (et de bourgeois celui de sataniste, mais c’est une autre histoire). Or impayable veut dire « cocasse, qui étonne par son côté extraordinaire ou très comique, ridicule ». L’étonnement de François Bégaudeau vient de hiatus-là : ce qu’impayable devrait vouloir dire, et ce que ça veut réellement dire.

Un bourgeois pourrait vendre son enfant si l'offre est assez elevée ! la débilité de ce commentaire est stratosphérique !

Les historiens des médias s'affrontent depuis bien longtemps à ce sujet. Les théories les plus folles circulent, on parle de Griffith, de Renoir. Quant à sa disparition, Hondelatte est sur le coup.

On avait pourtant essayé de poser toutes les questions qui fachent, du style "C'est pas plus simple de mettre des tirets ?". Que voulez-vous, FB fut imperturbablement joyeux.

Est-ce que tu pourrais expliquer un peu ta confusion ? Et quelles sont ces quelques idées ?

@@espionnageindustriel6562 Je dirai que ma confusion commence à partir du repas avec Omar où plusieurs éléments sont troublants : le bocal d’olives, le cyanure, le tatouage… Ensuite je vois trois pistes : - une terre à terre, avec une sorte de suicide d’Omar, son corps dans le coffre, Juliette mise en face de la cruauté et la volonté de provoquer une réaction forte chez elle - une plus alambiquée où le narrateur réaliserait qu’il n’est que le personnage d’un roman (p.301 et 303) - une presque psychiatrique où le narrateur réaliserait qu’il a deux facettes en lui où Omar incarnerait la cruauté et Juliette la bonté. Je peux étayer un peu plus au besoin, mais je suis curieux d’avoir ton avis.

@@julien6275 Merci pour tes pistes. Nous pensons que la fin est volontairement profuse pour permettre rêveries et pensées pendant pas mal d’années. On n’est pas fan de la piste psychiatrique. Ça amènerait des analyses avec le vocabulaire psychologique de Juliette. Mais on te l’accorde : on est en droit de questionner la santé mentale de ce Paul-prophète qui débarque chez son ex avec un cadavre dans le coffre… On ne croit pas qu’il ait deux facettes. Juliette a été un moment dans la vie de Paul, un moment où Paul se mentait à lui-même. Et maintenant Paul est dans un devenir Omar. On te rejoint sur certains points : Pour ta piste « terre à terre », oui, c’est une sorte de suicide d’Omar, ou de meurtre d’Omar par Paul. Le corps d’Omar est effectivement dans le coffre, et Juliette est mise en face de la cruauté, de la volonté de provoquer une réaction forte chez elle : tu vois Juliette, ta douceur ne permettra pas de soigner, pas d’adoucir, il n'y a pas de résilience à tout ça. Alors que fais-tu de ce réel-là ? Mais on ne peut pas rester uniquement sur la piste terre à terre car en fin de roman, Paul fusionne avec Omar. Leur T-shirt rouge circule déjà de l’un à l’autre pendant le récit, c’est déjà bizarre, c’est déjà du fantastique. A la fin, Omar dit « je vais te compléter, je vais t’achever ». Et on entend achever dans les deux sens, tuer et terminer, faire de Paul l’homme fort, le surhomme nietzschéen. C’est Omar qui parle à la première personne à la place de Paul. Omar se fond en Paul. Le r d'Omar est écrit à l'envers. Omar à l’envers, se lit ramo. Peut-être qu’Omar a un rôle de maïeutique pour faire accoucher Paul de lui-même, comme dans "Le Neveu de Rameau" de Diderot (diderot et d'alambert trainent dans Ma Cruauté). Paul et Omar deviennent littérature. Je ne dirais pas, comme toi, que Paul réalise qu’il est un personnage de roman. Je crois que Paul est le texte-même. Et dans ce devenir textuel de Paul, advient la cruauté. Le texte, l’art permettent la saisie de la vie dans sa totalité : la lionne et le gnou. La cruauté est la faculté de Paul d’accepter, d’accueillir tout le vivant, de voir que tout s’additionne, et d’en rire. Dans l’envolée des pages finales, la littérature dissout la morale et propose une fin mystique. La littérature comme salut « C’est la littérature qui n’excuse rien et pardonne tout ». Grace au roman, la cruauté et la bonté deviennent des synonymes. Elles sont la même disposition totale au vivant. (Dans la page finale, on retrouve d’ailleurs les initiales FB, François Bégaudeau se met en scène dans un devenir textuel, dans cette disposition totale au vivant.)

@@julien6275 Pour le bocal d’olives et le tatouage, on a pensé pendant la lecture, on a eu des idées : Le bocal d’olives c’est la fiction, et le tatouage c’est l’arbitraire. Mais avant toute analyse, il faut faire primer la piste terre à terre : un bocal d’olives, c’est du jus avec des olives qu’Omar mange, et le tatouage, c’est un dessin sur les fesses de Justine qu’Omar mord. Le bocal d’olives : Omar dessine un bocal d’olives pendant le moment-comité de la fac. Ça m’a fait penser au bocal d'olives, la nature morte de Chardin sur laquelle Diderot a écrit. (d’ailleurs Chardin est évoqué p 252 ) Omar dessine ce bocal, et plus tard, c’est par le poison dans le bocal d’olives qu’il meurt. « Le bocal est une copie du bocal dessiné au Comité. Au commencement il y a eu un dessin et ce bocal l’imite. » Dans ce roman, le bocal d’olives est réel ET est dessiné. La représentation permet de voir les olives comme je ne les vois jamais dans la vraie vie. Peut-être que la représentation romanesque c’est ça aussi, un biais inédit pour mieux voir le réel. Le caractère fictionnel de "Ma Cruauté" fait sa justesse, sa parfaite consistance. Comme le dessin du bocal d’olives crée les olives. Et pour le tatouage, j’ai l’impression que c’est aussi pour calmer le lecteur-cultivé dans ses analyses : c’est des éléments qui excèdent l’analyse, qu’on ne peut pas expliquer, que même Juliette n’expliquera pas. Le tatouage, j’ai regretté de ne pas en parler pendant le passage sur l’arbitraire : L’écrivain se donne des règles, des dispositifs nécessaires pour raconter son histoire. Mais ces dispositifs-mêmes sont arbitraires. Tout choix littéraire est arbitraire. La nécessité n’est qu’une impression de lecteur, a posteriori. Pourquoi un récit au présent et pas au passé ? La sensation est différente à la lecture. L’un donne une idée d’immédiateté (de vérité ?), l’autre fait plus récit, plus conte (plus fiction ?). Les deux choix se justifient, les deux sont une construction arbitraire, c’est parce que l’écrivain en a envie, qu’il trouve ça mieux, plus juste. Et donc l’arbitraire se montre dans le roman à travers le tatouage-losange de Justine : Le losange c’est le pendentif de Justine qui éloigne le mauvais sort, c’est sur son casque de moto, c’est son tatouage sur les fesses. Ces losanges de Justine sont autant de points de fixations fantasmatiques pour Paul. Et autant d’éléments où l’écrivain montre l’arbitraire de la fiction. Et montrant cet arbitraire, l’écrivain : 1 me lance des pistes de rêverie 2 me montre l’arbitraire à l’œuvre, il me montre son pouvoir d’écrivain et ainsi s’en déleste un peu.

@@julien6275 Voilà Julien, on t'a juste donné nos analyses de lecture, c'est pas la Vérité En tout cas, on espère qu'on t'a bien dégouté d'avoir posé des questions, que tu ne recommenceras pas !

Merci de nous avoir alertés, on va le remplacer au plus vite.

Moi en faisant mon sport : le fameux « et » de Begaudeau. Écouter un entretien passionnant en même temps qu’une activité banale et quotidienne

Oui question de point de vue et de manière de raconter. Dans « Mensonge et récit », François Bégaudeau aborde sa réflexion en tant qu’écrivain (il est donc celui qui construit son récit et connaît déjà les éventuels détails de ce récit). Il écrit depuis le point de vue de son narrateur, Paul. Ce point de vue du narrateur est une construction à laquelle il faut penser : qu’est-ce que ce narrateur sait ? De quoi se souvient-il ? Là, il s’agit d’un narrateur enfant qui se souvient d’une convocation chez le principal. On peut donc réfléchir aux souvenirs « probables » du narrateur. On peut comprendre que dans le cadre spécifique d’un trauma, on puisse revivre la scène avec beaucoup de détails. Pour autant, on ne dirait pas « omniscient ».

@@espionnageindustriel6562 C'est vrai qu'omniscient est un peu fort et que la question des souvenirs réèl est pertinente. Merci d'avoir répondu a mon commentaire. 🙂

C'est quand même l'interviewé. Vous auriez préférez qu'il parle a là troisième personne?

@@chroniquephilousophique9983 infatué

Demi habile ​@@bargolyr8660

T'es là Ludivine ? Pas sympa c'que t'as fait. Même nul en fait.

Merci beaucoup ! On pose les questions qui nous intéressent, pour notre propre pratique. Très heureux que ça en intéresse d’autres.

Merci à vous ! On transmet à Anthony Banse, chef opérateur.

Si vous changez les règlages de votre écran, en visant des couleurs plus froides, l'illusion disparait. Pour plus de conseils et astuces tech, abonnez-vous !

@@espionnageindustriel6562 je parle de la tristesse de FB, pas de mon écran... je suis toujours surprise de l'indifférence à l'état émotionnel des autres (je suis la seule dans les commentaires). Je m'attends même à ce qu'on reproche d'être inquiète, au moins c'est pas le cas :) Je vais au bout de la vidéo et je pars à la découverte de votre chaîne.

@@anexistepas Alors soyez rassurée : nous croyons pouvoir affirmer qu'il allait très bien ce jour-là.

Merci pour le commentaire ! En tout cas nous, nous étions passionnés pendant l'entretien.

Grace aussi au talent et au travail des interviewers. Merci

On conseille très fort Deux singes ou ma vie politique.

Merci à vous !

Mais quelle est la situation d'énonciation de Ma Cruauté ? Attention, interro à la fin de l'entretien.

Merci ! On pense effectivement au format podcast.

En même temps il a pas de cravate donc ça peut pas marcher

Il aurait été aperçu glabre depuis. On n'est plus sûr de rien.

Je peux vous dire que le lire et l'ecouter c'est assez different. Il est beaucoup plus precis à l'ecrit.

@@alucarddddd et il dit pas moi je moi je :)

Tous les intellectuels doivent être des personnes humbles en puissance pour ne pas offusquer la sensibilité ? On est tous prétentieux et narcissique à notre échelle

Répondre àun question qui contient "vous" sans répondre avec un "je" à l'intérieur, ça peut exister mais c'est juste une posture

@@kamida7865 Ce n'est pas exactement le sujet mais on s'en approche : François Bégaudeau répond à la critique "vous vous regardez écrire / écoutez parler" dans l'entretien.

Merci !

Tout le plaisir était pour nous.

Avec plaisir 🙂

On conseille fortement d'aller voir le reste de la filmographie de Sophie Letourneur. Coup de coeur pour les coquillettes, la vie au ranch et son court le marin masqué.

Merci à vous !

Merci ! Contents que ça plaise.

Merci pour ça ! On essaie de rester au plus près de l'artisanat des artistes.