Réinventer le travail à l’heure du Covid - Rencontre avec Nicolas Latteur

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  • Опубликовано: 30 ноя 2024
  • En Belgique comme ailleurs dans le monde, les autorités étatiques ont négligé la dimension spécifique du travail dans la lutte contre le Covid. Pour les secteurs « essentiels », l’obligation a été de travailler même dans des conditions qui ne permettaient pas de se protéger efficacement. Pour les autres secteurs, une partie du personnel a pu passer en télétravail, mais de nombreuses activités sont incompatibles avec cette organisation. Souvent, les consignes de sécurité se résumaient à reprendre les gestes barrières. Dans le contexte particulier du travail, ceux-ci sont toujours insuffisants, parfois ils se heurtent à la nature même de l’activité ou à l’organisation du travail.
    Cette situation a beaucoup contribué aux inégalités sociales de santé face au Covid. Pour de nombreuses activités (soins de santé, autres activités impliquant un contact direct avec des personnes, transports en commun, Horeca, etc…), le bilan a été particulièrement lourd.
    Quelques grands conflits collectifs ont éclaté en Belgique en 2020 pour exiger une meilleure prévention au travail (STIB en mai 2020, brasserie INBev à Jupille en septembre 2020). Dans la plupart des autres entreprises, il y a eu plutôt une micro-conflictualité restée souvent invisible. L’enjeu est de taille : pour apporter des réponses efficaces, les collectifs de travail doivent reprendre la main sur leurs conditions de travail et contester le pouvoir patronal. Il s’agit de réinventer des modalités de travail plus compatibles avec la défense de la santé. C’est un processus démocratique qui valorise les savoirs « d’en bas » et brise les « unions sacrées » avec un monde patronal revendiquant un retour à la normale à n’importe quel prix.
    Nicolas Latteur est sociologue et formateur au CEPAG (un centre d’éducation permanente qui travaille en collaboration avec la FGTB wallonne). Il s’entretient ici avec Laurent Vogel sur ces formes multiples de résistance et de réinvention de règles sanitaires par les collectifs de travail. Il est l’auteur de plusieurs livres dont « Le travail, une question politique » (Editions Aden) et « Travailler aujourd’hui. Ce que révèle la parole des salariés » (Editions du Cerisier). Il était déjà venu à l’UPJB présenter ce dernier livre en novembre 2018. Il a enquêté au cours de ces derniers mois sur l’activité autonome des collectifs de travail pendant la crise du Covid.

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