Nietzsche rirait bien d'entendre son langage dans la bouche d'un chrétien ; un fou rire dionysiaque s'emparerait peut-être de lui s'il entendait l'effort méprisable ici suggéré de distinction entre décadents... "le chrétien moins décadent que le politique actuel"... certes... mais décadent tout de même...
L'anti-christianisme de Nietzsche visait avant tout le protestantisme moraliste de son père. Concernant la tradition catholique, certaines pages de Nietzsche, néanmoins, je pense, vous étonneraient. "On ne saurait contester aux français qu'ils ont été le peuple le plus chrétien de la terre: non point qu'en France la dévotion des masses ait été plus grande qu'ailleurs, mais les formes les plus difficiles à réaliser de l'idéal chrétien s'y sont incarnées en des hommes et n'y sont point demeurées à l'état de conception, d'intention, d'ébauche imparfaite. Voici Pascal, dans l'union de la ferveur, de l'esprit et de la loyauté, le plus grand de tous les chrétiens, - et que l'on songe à tout ce qu'il s'agissait d'allier ici ! Voici Fénelon, l'expression la plus parfaite et la plus séduisante de la culture ecclésiastique, sous toutes ses formes: un équilibre sublime, dont, comme historien, on serait tenté de démontrer l'impossibilité, tandis qu'en réalité il ne fut qu'une perfection d'une difficulté et d'une invraisemblance infinies." Friedrich NIETZSCHE, Aurore, Réflexions sur les préjugés moraux, Trad. Henri Albert, Oeuvres complètes, vol. 7, § 192.
Brillante analyse !
Quelqu'un peut m'indiquer des écrits où Marion développe cette lecture du nihilisme en plus de détail?
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Nietzsche rirait bien d'entendre son langage dans la bouche d'un chrétien ; un fou rire dionysiaque s'emparerait peut-être de lui s'il entendait l'effort méprisable ici suggéré de distinction entre décadents... "le chrétien moins décadent que le politique actuel"... certes... mais décadent tout de même...
L'anti-christianisme de Nietzsche visait avant tout le protestantisme moraliste de son père. Concernant la tradition catholique, certaines pages de Nietzsche, néanmoins, je pense, vous étonneraient.
"On ne saurait contester aux français qu'ils ont été le peuple le plus chrétien de la
terre: non point qu'en France la dévotion des masses ait été plus grande qu'ailleurs,
mais les formes les plus difficiles à réaliser de l'idéal chrétien s'y sont incarnées en
des hommes et n'y sont point demeurées à l'état de conception, d'intention,
d'ébauche imparfaite. Voici Pascal, dans l'union de la ferveur, de l'esprit et de la
loyauté, le plus grand de tous les chrétiens, - et que l'on songe à tout ce qu'il
s'agissait d'allier ici ! Voici Fénelon, l'expression la plus parfaite et la plus
séduisante de la culture ecclésiastique, sous toutes ses formes: un équilibre
sublime, dont, comme historien, on serait tenté de démontrer l'impossibilité, tandis
qu'en réalité il ne fut qu'une perfection d'une difficulté et d'une invraisemblance
infinies."
Friedrich NIETZSCHE, Aurore, Réflexions sur les préjugés moraux, Trad. Henri Albert, Oeuvres complètes, vol. 7, § 192.