À la rencontre du compositeur irlandais Michael Gallen et de sa création “Bád ón Alltar”

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  • Опубликовано: 6 фев 2025
  • À l'occasion du concert "Irlande classique", visant à mettre en lumière la musique classique irlandaise, le compositeur irlandais Michael Gallen a présenté la création mondiale de son œuvre “Bád ón Alltar”, co-commande de l’ONB, de l'Ulster Orchestra, du National Symphony Orchestra et du National Concert Hall de Dublin.
    Quelle est la genèse de votre pièce "Bád ón Alltar" ?
    Ce projet est né au contact de la violoniste et cheffe d’orchestre Fiona Monbet avec laquelle j’ai des “racines” communes, au coeur de la musique traditionnelle celte. L’administrateur général de l’Orchestre National de Bretagne, Marc Feldman assista, à Dublin, à la représentation de mon opéra Elsewhere. Il m’offrit une commande et le projet initial a évolué vers une coproduction entre l’Orchestre National de Bretagne, l’Orchestre symphonique de la Radio Télévision irlandaise et l’Orchestre d’Ulster.
    Expliquez-nous le titre de l’oeuvre…
    Bád ón Alltar signifie littéralement “bâteau de l’au-delà”. C’est le monde qui nous entoure, si proche et pourtant intouchable. Le titre est aussi la métaphore d’une frontière sur laquelle j’ai vécu, enfant, entre le sud et le nord de l’Irlande. Le bâteau traverse cette frontière, le trajet quotidien d’habitants.
    Comment se structure la partition ?
    Trois mouvements composent la pièce. Le premier et le troisième sont portés par des chansons dans le style de la tradition irlandaise alors que le deuxième mouvement, purement orchestral, dresse un pont entre les deux autres parties. Le texte qui irrigue le premier mouvement est le plus ancien
    existant dans la langue celtique. Il porte le titre de Duan en référence au premier poète de la culture gaélique, Duan Amergin. Il signifie à la fois chanson, incantation et sollicitation d’un duel. Il évoque le mythe de la destruction, avant celui de la création, et invoque la puissance de la Nature à laquelle l’Homme appartient. J’ai conscience que ce texte fait écho, aujourd’hui, à des questions environnementales pressantes…
    Le deuxième mouvement reprend le titre générique de la pièce, Bád ón Alltar. Il traduit l’énergie du voyage, d’un monde à l’autre, l’esprit d’une chasse et une sensation de liberté.
    Le troisième mouvement, Anall, signifie “sur l’autre côté de la mer”. Je suis co-auteur du texte avec la poétesse irlandaise Annemarie Ní Churreáin. La Nature protectrice ne meurt plus, régénérée, métamorphosée. C’est la métaphore de celui qui arrive d’une terre détruite, et se réfugie sur une île de paix. Deux écritures musicales éloignées l’une de l’autre se combinent dans votre musique. La première, issue du folklore, fait appel à l’oralité et à une part d’improvisation alors que la seconde, classique, repose sur l’écrit…
    Ce sont, en effet, deux dimensions culturelles qui reposent sur des identités différentes. Historiquement, l’Irlande a été longtemps sous domination anglaise et le peuple irlandais a été tenu éloigné des salles de concerts et des opéras. L’expression musicale ne s’est révélée que dans des lieux intimistes, favorisant une culture de l’improvisation. J’essaie toujours de préserver cette dimension dans une grande structure “classique”. Les quatre musiciens irlandais qui vont interpréter cette partition ajoutent cet élément si particulier au sein de la partition d’orchestre. Pour ma part, je chante et joue du piano. À mes côtés, Muireann Nic Amhlaoibh est également une chanteuse mais aussi flûtiste, l’une des plus renommées dans la tradition irlandaise. Un joueur de fiddle,
    Dónal O'Connor et l’altiste et chanteuse Clare Sands nous rejoignent.
    Comment définiriez-vous votre esthétique musicale ?
    Mon langage musical associe des cultures très diverses, issues des musiques populaires et savantes. Je poursuis une recherche sonore
    sur les rythmes complexes de la voix parlée dans les incantations, prières chrétiennes ou païennes. Cette complexité et sauvagerie mêlées se trouvent également dans la musique traditionnelle irlandaise. Pour ce qui concerne mes influences “classiques”, je suis influencé par le courant de la musique spectrale, découvert en France, mais aussi par le minimalisme américain, entre autres. J’associe le travail sur le timbre et une attirance pour les échanges d’énergies, ce qui est le cas dans cette pièce, les quatre musiciens irlandais devant faire face à la masse de l’orchestre. Il ne s’agit pourtant nullement d’une œuvre concertante.
    🙌 Avec le soutien de Diaphonique fonds franco-britannico-irlandais pour la musique contemporaine en partenariat avec la Sacem, les Amis de l’Institut français du Royaume-Uni, le British Council, l’Institut français, l’Institut français du Royaume-Uni, le Centre national de la musique, Culture Ireland et la Fondation Francis et Mica Salabert.

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