À l’abordage

On dit que la mer est calme parfois, balivernes !
La mer est comme une divinité jalouse et vicieuse. Elle vous regarde, vous suit, vous traque et vous tourmente. Elle devient votre quotidien, votre décor, votre vie et plus rapidement que vous ne l’aurez imaginé, elle devient votre univers.
Peut-être qu’à un moment, il y a eu autre chose que ce bleu à perte de vue ou peut-être qu’on est-là depuis toujours. J’en sais rien et je m’en fous.
On dit que contempler les vagues est propice à l’introspection. Foutaises !
Je ne vois que les reflets de son mauvais esprit, cet abysse qui peut me dévorer à n’importe quel moment mais qui préfère attendre encore et toujours. Jalouse, vicieuse…
Ouais, il y a parfois de bons moments, quand l’eau ressemble à de l’huile et l’horizon à une peinture. Quand nous jouons aux cartes ou que le capitaine nous parle de la fortune qui nous attend. Mais ça ne dure jamais, car on ne l’oublie jamais.
Au moins, on est d’honnêtes marins. On fait ce qu’on doit faire.
On survit.
On vogue.
On pille.
On tue.
Le capitaine nous dit qu’il faut faire des sacrifices à la mer pour que les vents nous soient favorables. Et pour ça, quoi de mieux qu’un pauvre hère qu’on entrave et qu’on balance par-dessus bord après avoir mis à sac son navire.
Ouais, d’honnêtes marins, à moins qu’on soit des pirates.