Indeed, incredible! Especially in this electrifying, dynamic, intense performance! The tempi, the pacing, the orchestral and vocal colors, everything accomplishes precisely what Glück wanted his music to do - heighten the drama! Stunning performance! Bravi tutti! What beautiful, committed music-making! Wow!
Gluck entreprend d'écrire Armide à rebours de ses idéaux réformateurs de l'Opéra. Il avait dejà envisagé la tragédie avec les versions françaises d'Orphée et d'Alceste, et Iphigénie en Aulide. Le voilà alors en plein défi de mettre en musique un Opéra-féerie. Car, en effet, Armide est un opéra-ballet, à l'ancienne mode de l'opéra français. Cela signifie un éloignement du chemin de la tragédie grecque concernant l'esprit réformateur. Or, voilà un premier élément en accroc avec les souhaits de Gluck. L'Armide de Quinault, livret déjà ancien d'un siècle, mis en musique à son époque par Lully, était un opéra vieilli, dépassé par le temps. Cette condition fût peut-être l'hameçon qui tenta le génie de Gluck d'écrire un nouvel opéra sur le même livret en 1777? Il faudrait rappeller aussi que quarante-deux ans avant Armide, en 1735, Häendel avait présenté à Londres Alcina, un de ses opéras les plus réussis, qui représentait exactement la même histoire d'Armide. Les noms des personnages étaient différents. Mais c'était aussi l'histoire tirée de la Gerusalemme Liberata de Torcuatto Tasso, portant sur l'époque des Croisées: une magicienne tend un piège à un jeune et beau Croisé pour en faire son prisonnier, mais succombe elle-même à l'appât, et s'éprend de lui. Häendel illustra musicalement l'affaire à sa façon, créant un très bel opéra dans le style napolitain, avec des airs pleins de vocalises, d'où jaillissent, comme toujours chez Häendel, de merveilleuses mélodies. Lully, de son côté, avait creé un style d'opéra français, avec la déclamation lyrique, un raffinement mélodique dans les airs, et ses célèbres Entrées de Ballet. Haydn aussi avait puisé dans le sujet d'Armide, écrivant un opéra homonime d'après ses propres recettes. Le sujet fût traité, avant et après Gluck, par de nombreux musiciens. Mais le livret de Quinault est le canevas d'un opéra-ballet; des situations et des personnages féeriques. Il s'agit d'un livret qui a trois grandes failles: tout d'abord l'étendue de la tragédie, qui donne lieu à toute sorte d'interruptions à la progression dramatique: des torsades, des gambades, florilèges, sous forme d'airs, choeurs ou d'entrées de ballet, bref, des garnitures suggèrés par le climat enchanté qui enveloppe la fable. Des personnages secondaires à tout propos: par exemple La Haine, malgré l'excellente musique que Gluck écrivit à son sujet, au point de vue dramatique sa scène n'est qu'un badinage, un ajoutier. Deuxième faille: l'ambigüité et la faiblesse psychologique des personnages. Armide magicienne devient amoureuse, et hésite entre les deux sentiments. Mais la fluctuation entre sentiments est-elle capable de soutenir le développement d'une tragédie? Voilà Renaud qui passe sans transition de soldat farouche à amant anéanti par la mollesse. Troisième faille: la métrique irrégulière des vers, qui a sans doute rendu la mise en musique très heurtée. Il y a un fait à constater, c'est que toute interprétation de cet opéra, doit avoir de nombreuses coupûres, comme dans le cas présent. La cause en est la contradiction existente entre les grands moments pathétiques de l'oeuvre, et les passages-garniture. Par exemple, malgré la beauté des danses et des choeurs, le IVème. Acte est à couper presque en entier. Mais que vient faire là, au même plan que l'histoire d'amour, le tableau des temptations à Ubalde et au Chevalier Danois? Un certain rasoir. Du Wagner bavard avant l'heure. Gluck accepta le défi de l'ambigüité des personnages et le charactère fantastique de l'argument, s'efforçant avec les demis-tons et les nuances. Il y réussit avec une grande maîtrise. La grande nouveauté d'Armide concerne non seulement la richesse des mélodies, mais l'élaboration de la mélodie. Ses valeurs sont nettement Romantiques. Avec Armide, Gluck dépassa d'un siècle les possibilités expressives de la Musique: il faudra attendre Beethoven, Weber, Berlioz, Tschaïkowsky et d'autres, pour jouir une musique d'une telle qualité expressive. Alors, finie la quincaillerie du clavecin accompagnant les récitatifs. La mélopée gluckienne soutient le tout, donnant lieu à de beaux airs, dont les sentiments exprimés sont parfois très concentrés. Les choeurs et les danses interviènent spontanément: voilà réalisée l'unité parfaite de l'opéra. Au XIXème. siècle, un certain musicien-prophète annonça aussi l'unité de l'Opéra comme condition essentielle pour concevoir L'Oeuvre d'Art de l'Avenir. Il en donnait les fondements théoriques pour réformer l'Opéra. Dommage. Gluck avait bel et parfaitement réformé lOpéra, et réussi l'unité de style d'une oeuvre lyrique, bien avant lui, dans la décenie de 1770. Le sortilège du roi de Syrie, Hidraot, et de sa nièce Armide, tous deux fiers magiciens, transforme le désert en charmant verger. Ce jardin enchanté est la trappe idéale pour séduire les jeunes Croisés en chemin pour Jérusalem. Ces pauvres soldats, bien fatigués de corps et d'âme, se trouvent justement en plein désert, lieu propice aux mirages optiques et affectifs. Le sortilège réussit. Lorsque Renaud parvient au jardin-piège tendu pour lui par Armide, il chante le magnifique Air avec solo de flûteau. La mélodie jouée par l'instrument s'enchevêtre avec la voix. Renaud s'apprête à reposer au bord du ruisseau, tout en peignant les merveilles de la Nature. Voilà Gluck- Peintre, hormis le Gluck-Poète: Plus j'observe ces lieux et plus je les admire! Ce fleuve coule lentement Et s'éloigne à regret d'un séjour si charmant. Les plus aimables fleurs et le plus doux zéphyr Parfument l'air qu'on y respire... Bref, la Nature qui embaume! Rousseau est passé par là. Le grand monologue d'Armide au IIIème. Acte est superbe. Dechirée par ses sentiments contradictoires, voilà la magicienne qui ressent son côté femme à la lumière du jour. Elle dirige ses mots à Renaud: Ah! Si la liberté me doit être ravie Est-ce à toi d'être mon vainqueur? Trop funeste ennemi du bonheur de ma vie Faut-il que malgré moi tu règnes dans mon coeur? Les deux suivantes d'Armide, Phénice et Sidonie, sont de belles petites sorcières bien sympathiques,. mais le moment n'est pas encore venu pourqu'elles deviennent, au moyen de la Magie, trois au lieu de deux, servant une aussi méchante duègne qu'Armide, la Reine de la Nuit. Phénice et Sidonie chantent de bien belles mélodies, mais n'ont pas encore atteint le charme et la poésie de certaines Trois Dames... Karina Gauvin est une cantatrice exceptionnelle. Le parfait Légato, le timbre doux et légèrement voilé masquent une puissance vocale énorme, faite à la mesure de Gluck. Quel luxe pour notre époque! Merci beaucoup!!! Pedro Miguel, Mar del Plata, Argentine
Karina's voice is still as sweet and clear today as it was seven years ago. She is a phenomenon ❤️🎼
This work should be featured as often as Orfeo et Euridice,, somehow I feel it is a stronger piece!
The final scene is something incredible for 1777. Already romantic.
Indeed, incredible! Especially in this electrifying, dynamic, intense performance! The tempi, the pacing, the orchestral and vocal colors, everything accomplishes precisely what Glück wanted his music to do - heighten the drama! Stunning performance! Bravi tutti! What beautiful, committed music-making! Wow!
@@arambarsamian6312 Not Glück, Gluck.
@@arambarsamian6312 It's our Glück that we have Gluck.
Gluck entreprend d'écrire Armide à rebours de ses idéaux réformateurs de l'Opéra. Il avait dejà envisagé la tragédie avec les versions françaises d'Orphée et d'Alceste, et Iphigénie en Aulide. Le voilà alors en plein défi de mettre en musique un Opéra-féerie. Car, en effet, Armide est un opéra-ballet, à l'ancienne mode de l'opéra français. Cela signifie un éloignement du chemin de la tragédie grecque concernant l'esprit réformateur. Or, voilà un premier élément en accroc avec les souhaits de Gluck. L'Armide de Quinault, livret déjà ancien d'un siècle, mis en musique à son époque par Lully, était un opéra vieilli, dépassé par le temps. Cette condition fût peut-être l'hameçon qui tenta le génie de Gluck d'écrire un nouvel opéra sur le même livret en 1777? Il faudrait rappeller aussi que quarante-deux ans avant Armide, en 1735, Häendel avait présenté à Londres Alcina, un de ses opéras les plus réussis, qui représentait exactement la même histoire d'Armide. Les noms des personnages étaient différents. Mais c'était aussi l'histoire tirée de la Gerusalemme Liberata de Torcuatto Tasso, portant sur l'époque des Croisées: une magicienne tend un piège à un jeune et beau Croisé pour en faire son prisonnier, mais succombe elle-même à l'appât, et s'éprend de lui. Häendel illustra musicalement l'affaire à sa façon, créant un très bel opéra dans le style napolitain, avec des airs pleins de vocalises, d'où jaillissent, comme toujours chez Häendel, de merveilleuses mélodies. Lully, de son côté, avait creé un style d'opéra français, avec la déclamation lyrique, un raffinement mélodique dans les airs, et ses célèbres Entrées de Ballet. Haydn aussi avait puisé dans le sujet d'Armide, écrivant un opéra homonime d'après ses propres recettes. Le sujet fût traité, avant et après Gluck, par de nombreux musiciens.
Mais le livret de Quinault est le canevas d'un opéra-ballet; des situations et des personnages féeriques. Il s'agit d'un livret qui a trois grandes failles: tout d'abord l'étendue de la tragédie, qui donne lieu à toute sorte d'interruptions à la progression dramatique: des torsades, des gambades, florilèges, sous forme d'airs, choeurs ou d'entrées de ballet, bref, des garnitures suggèrés par le climat enchanté qui enveloppe la fable. Des personnages secondaires à tout propos: par exemple La Haine, malgré l'excellente musique que Gluck écrivit à son sujet, au point de vue dramatique sa scène n'est qu'un badinage, un ajoutier. Deuxième faille: l'ambigüité et la faiblesse psychologique des personnages. Armide magicienne devient amoureuse, et hésite entre les deux sentiments. Mais la fluctuation entre sentiments est-elle capable de soutenir le développement d'une tragédie? Voilà Renaud qui passe sans transition de soldat farouche à amant anéanti par la mollesse. Troisième faille: la métrique irrégulière des vers, qui a sans doute rendu la mise en musique très heurtée.
Il y a un fait à constater, c'est que toute interprétation de cet opéra, doit avoir de nombreuses coupûres, comme dans le cas présent. La cause en est la contradiction existente entre les grands moments pathétiques de l'oeuvre, et les passages-garniture. Par exemple, malgré la beauté des danses et des choeurs, le IVème. Acte est à couper presque en entier. Mais que vient faire là, au même plan que l'histoire d'amour, le tableau des temptations à Ubalde et au Chevalier Danois? Un certain rasoir. Du Wagner bavard avant l'heure.
Gluck accepta le défi de l'ambigüité des personnages et le charactère fantastique de l'argument, s'efforçant avec les demis-tons et les nuances. Il y réussit avec une grande maîtrise. La grande nouveauté d'Armide concerne non seulement la richesse des mélodies, mais l'élaboration de la mélodie. Ses valeurs sont nettement Romantiques. Avec Armide, Gluck dépassa d'un siècle les possibilités expressives de la Musique: il faudra attendre Beethoven, Weber, Berlioz, Tschaïkowsky et d'autres, pour jouir une musique d'une telle qualité expressive.
Alors, finie la quincaillerie du clavecin accompagnant les récitatifs. La mélopée gluckienne soutient le tout, donnant lieu à de beaux airs, dont les sentiments exprimés sont parfois très concentrés. Les choeurs et les danses interviènent spontanément: voilà réalisée l'unité parfaite de l'opéra. Au XIXème. siècle, un certain musicien-prophète annonça aussi l'unité de l'Opéra comme condition essentielle pour concevoir L'Oeuvre d'Art de l'Avenir. Il en donnait les fondements théoriques pour réformer l'Opéra. Dommage. Gluck avait bel et parfaitement réformé lOpéra, et réussi l'unité de style d'une oeuvre lyrique, bien avant lui, dans la décenie de 1770.
Le sortilège du roi de Syrie, Hidraot, et de sa nièce Armide, tous deux fiers magiciens, transforme le désert en charmant verger. Ce jardin enchanté est la trappe idéale pour séduire les jeunes Croisés en chemin pour Jérusalem. Ces pauvres soldats, bien fatigués de corps et d'âme, se trouvent justement en plein désert, lieu propice aux mirages optiques et affectifs. Le sortilège réussit. Lorsque Renaud parvient au jardin-piège tendu pour lui par Armide, il chante le magnifique Air avec solo de flûteau. La mélodie jouée par l'instrument s'enchevêtre avec la voix. Renaud s'apprête à reposer au bord du ruisseau, tout en peignant les merveilles de la Nature. Voilà Gluck- Peintre, hormis le Gluck-Poète:
Plus j'observe ces lieux et plus je les admire!
Ce fleuve coule lentement
Et s'éloigne à regret d'un séjour si charmant.
Les plus aimables fleurs et le plus doux zéphyr
Parfument l'air qu'on y respire...
Bref, la Nature qui embaume! Rousseau est passé par là.
Le grand monologue d'Armide au IIIème. Acte est superbe.
Dechirée par ses sentiments contradictoires, voilà la magicienne qui ressent son côté femme à la lumière du jour. Elle dirige ses mots à Renaud:
Ah! Si la liberté me doit être ravie
Est-ce à toi d'être mon vainqueur?
Trop funeste ennemi du bonheur de ma vie
Faut-il que malgré moi tu règnes dans mon coeur?
Les deux suivantes d'Armide, Phénice et Sidonie, sont de belles petites sorcières bien sympathiques,. mais le moment n'est pas encore venu pourqu'elles deviennent, au moyen de la Magie, trois au lieu de deux, servant une aussi méchante duègne qu'Armide, la Reine de la Nuit. Phénice et Sidonie chantent de bien belles mélodies, mais n'ont pas encore atteint le charme et la poésie de certaines Trois Dames...
Karina Gauvin est une cantatrice exceptionnelle. Le parfait Légato, le timbre doux et légèrement voilé masquent une puissance vocale énorme, faite à la mesure de Gluck. Quel luxe pour notre époque! Merci beaucoup!!!
Pedro Miguel, Mar del Plata, Argentine
Ah si la liberte me doit entre ravie... at c. 52 minutes
This version seems a lot shorter than other versions - does it have a lot of cuts?