Debussy: Les Chansons de Bilitis
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- Опубликовано: 18 дек 2024
- Sasha Cooke, Mezzo soprano
Laura Dahl, Piano
Bing Concert Hall, Stanford Live
Feb 4, 2024
Poetry: Pierre Louÿs
La flûte de Pan:
Pour le jour des Hyacinthies, il m’a donné une syrinx
faite de roseaux bien taillés, unis avec la blanche cire
qui est douce à mes lèvres comme le miel.
Il m’apprend à jouer, assise sur ses genoux; mais je
suis un peu tremblante. Il en joue après moi, si
doucement que je l’entends à peine.
Nous n’avons rien à nous dire, tant nous sommes
près l’un de l’autre; mais nos chansons veulent se
répondre, et tour à tour nos bouches s’unissent sur la flûte.
Il est tard; voici le chant des grenouilles vertes qui
commence avec la nuit. Ma mère ne croira jamais que
je suis restée si longtemps à chercher ma ceinture perdue.
La chevelure:
Il m’a dit: "Cette nuit, j’ai rêvé. J’avais ta chevelure
autour de mon cou. J’avais tes cheveux comme un
collier noir autour de ma nuque et sur ma poitrine.
"Je les caressais, et c’étaient les miens; et nous
étions liés pour toujours ainsi, par la même chevelure
la bouche sur la bouche, ainsi que deux lauriers n’ont
souvent qu’une racine.
"Et peu à peu, il m’a semblé, tant nos membres
étaient confondus, que je devenais toi-même ou que
tu entrais en moi comme mon songe."
Quand il eut achevé, il mit doucement ses mains sur
mes épaules, et il me regarda d’un regard si tendre,
que je baissai les yeux avec un frisson.
Le tombeau de Naïades:
Le long du bois couvert de givre, je marchais; mes cheveux
devant ma bouche se fleurissaient de petits glaçons, et
mes sandales étaient lourdes de neige fangeuse et tassée.
Il me dit: "Que cherches-tu?"-"Je suis la trace du satyre.
Ses petits pas fourchus alternent comme des trous dans
un manteau blanc." Il me dit: "Les satyres sont morts.
"Les satyres et les nymphes aussi. Depuis trente ans il
n’a pas fait un hiver aussi terrible. La trace que tu vois est
celle d’un bouc. Mais restons ici, où est leur tombeau."
Et avec le fer de sa houe il cassa la glace de la source
où jadis riaient les naïades. Il prenait de grands
morceaux froids, et les soulevant vers le ciel pâle, il
regardait au travers.