Je voudrais tant, durant le spectacle, m’arrêter un instant pour découvrir chacun des visages présents dans le public. Je voudrais leur dire, un à un, que je les aime, que leur présence m’émerveille depuis si longtemps. C’est eux qui me donnent la sensation que le temps ne me fait plus peur. Je voudrais aussi leur dire que la peur des mots n’a rien de construit : je ne sais parler de moi que dans mes chansons. J’ai si peu de souvenirs de mon enfance, de mon adolescence. Les souvenirs s’échappent pour ne pas m’assigner à me retourner sur le passé, peut-être bien. Comme beaucoup d’entre nous, j’aurais pu noircir des pages et des pages sur ma vie, mais j’ai jeté la clé un jour de grande solitude. J’imagine que c’est ça... Il y a juste moi, sans conscience réelle de ce que j’ai construit. Je suis faite de mes rêves, de mes désirs, et de cette puissance absolue d’aimer et d’être aimée. La beauté, la singularité, mais aussi les vibrations des choses inanimées m’inspirent une forme de paix. Ces objets m’accompagnent, me parlent de leur vie secrète, et surtout de ce qui se passe la nuit quand je dors. Depuis l’enfance, le corps me fascine, la danse me transporte. Ce langage du silence a le pouvoir de transmettre d’une façon universelle les émotions les plus pures : la grâce, la volonté. La passion des gestes ne souffre alors aucun repos. La douleur sans cesse présente est transcendée par la passion. C’est une énergie contagieuse, un art qui ne permet aucun faux-semblant. Les corps sont à nu, risquent à chaque instant de se fracasser comme du verre en fusion. Lorsque l’idée de faire ma première scène a pris une forme de réalité, j’ai tout de suite d’instinct su que ce pari ne pourrait avoir lieu que dans d’immenses salles de concert. Certaines personnes voulaient m’en dissuader, envisager un lieu d’une taille plus raisonnable... Mauvaise idée ! La folie me séduit bien plus que la raison. J’ai su immédiatement que ce serait impossible autrement, comme si ma timidité existentielle et ma peur des autres ne pourraient se surmonter que dans une forme d’immensité. Je savais que j’aurais besoin de cette incroyable étreinte pour oublier ma solitude. Je savais aussi que la peur, le cœur qui défonce la poitrine, l’envie chez moi de disparaitre ne pourraient se dissoudre que dans une équation folle. Était-ce, sans que je ne le devine alors, la seule façon pour moi de naître, tout simplement ? Ce serait ça, ou rien. C’était aussi sans doute, de façon inconsciente, la seule façon pour moi de me sentir aimée. Pour la première fois, des milliers de regards allaient se poser sur moi, m’offrant enfin la sensation que ma vie allait pouvoir trouver un sens. Et je pouvais le temps d’un concert partager une immense émotion avec l’Autre. L’Autre est mon salut. Chaque fois qu’il y a un projet de scène, je ne peux l’imaginer sans Thierry, sans Anthony, ni Laurent. Laurent, c’est mon âme sœur de création. Nous nous affrontons parfois, nous nous mélangeons souvent. Nous avons traversé toutes ces années sans jamais oublier l’essentiel : continuer d’être portés par nos rêves, l’envie de surprendre, de dynamiter les codes établis, de transporter les gens. Je retrouve avec émotion les techniciens, des musiciens avec qui j’avais déjà travaillé - aussi bien sur scène que pour mes albums - puis d’autres nouveaux. Très vite, j’ai su qu’ils seraient protecteurs. C’est la première fois que je me suis sentie aussi bien. Pendant 3 semaines de répétitions à la Seine Musicale, nous avons travaillé sans relâche. Mais nous avons partagé des moments de grande complicité, de vraie amitié. Des heures et des heures passées ensemble devant un miroir, à traquer chaque défaut, répéter inlassablement, au risque de se blesser. C’est une discipline de fer, je suis plus qu’admirative ! Perception de la gravité, l’équilibre, le déséquilibre. Le refus de l’à-peu-près. Ils étaient 16. Ils étaient heureux d’être là. C’est un cadeau de la vie quand vous ressentez cette énergie. Nous étions 3 chorégraphes : Parris, Aziz, et moi-même. Des langages du corps très différents, mais qui convergent vers un même point : donner un supplément d’âme à une chanson.
Bien sûr, dire à nouveau que je suis plutôt sauvage peut apparaitre comme une vieille lune. Pourtant c’est le cœur de ma nature. Je me suis construite autour de cette difficulté : celle d’être au monde. Il n’y a pas de secret à ce trait intime, c’est ma nature profonde. Il faut, pour entrer dans ma vie, qu’au premier regard échangé je devine chez l’autre quelque chose de familier, comme un souffle qui me transperce. L’instinct trompe rarement. Pour ce nouveau spectacle, j’aperçois tant de visages connus, aimés. Nous avons partagé ensemble tellement d’aventures. À chaque fois que je les retrouve, la magie opère instantanément. Ils sont des repères familiers, des ancrages qui me tiennent arrimée au sol, surtout quand parfois j’ai envie de m’éloigner loin de moi, fuir celle qui va apparaitre et qui parfois m’échappe. Je m’accroche à leurs regards, ceux des musiciens, des danseurs, des techniciens. Pour ces concerts à l’Arena, je découvre aussi dans l’équipe de nouveaux visages. Ils sont tous parvenu, chacun à leur manière, à m’apprivoiser. Ils m’ont aidée à traverser le Styx pour m’approcher de vous, plus près, de plus en plus près. Une règle d’or : ne jamais rien s’interdire, quel que soit le rêve. Environ un an de travail en amont, toutes les idées mises sur la table. Bien sûr, nous nous heurtons parfois à des obstacles. La faisabilité n’est pas toujours au rendez-vous. Un premier travail de scénographe, mais qui n’a pas porté ses fruits. Puis la rencontre évidente d’un projet qui répondait de façon fulgurante à l’atmosphère souhaitée. Dimitri, virtuose des lumières, avec qui j’avais travaillé en 2019, et Emmanuelle, scénographe de grand talent. Ils sont venus avec un dossier complet, un mood board incluant nos désirs premiers, nos cahiers des charges incontournables, et avant tout une atmosphère incroyable qui illustrait parfaitement mon souhait premier : plonger dans l’univers Blade runner Surgit du vortex... Albator ! Albator est un personnage sombre qui vient de l’espace, un capitaine de vaisseau ténébreux, silhouette élégante. J’ai toujours été fascinée par ce personnage énigmatique, il me permettrait ma traversée de l’ombre à la lumière. La première fois que j’ai découvert ce nouveau lieu, j’entendais les battements de mon cœur frapper mes temps, et je me suis dit : "Tu es folle". Cette phrase, combien de fois me la suis-je répétée ? J’ai alors tout de suite pensé à 2001 : l’odyssée de l’espace J’ai regardé Thierry, Laurent : nos yeux brillaient. J’ai instantanément adopté ce lieu. Je me suis laissée traverser par ses ondes, sa hauteur, sa profondeur. J’ai imaginé alors que nous pourrions aller loin, très loin dans notre nouveau vaisseau, embarquer dans ce nouvel engin non identifié avec tous ceux que j’aime pour ce voyage en terre vierge. Pour cela, il a fallu tout imaginer, tout concevoir, tout construire, avec bien sûr cette frayeur qui ne m’a jamais quittée, toujours cette petite voix qui me dit : "Et si au moment de l’atterrissage, il n’y avait personne ?". Chaque jour qui passe est une page à écrire, il faut noircir les feuilles, construire, dessiner, fabriquer, créer de la magie afin que les couleurs éclatent, que la lumière advienne, afin de réveiller un astre éteint. Il faut fendre la matière noire afin que la nuit apparaisse. J’embarque avec mois dans ce vaisseau près de 110 personnes. Tout prend corps alors et tourbillonne autour de moi. Le soir, lorsque j’éteins la lumière, je tente de faire le vide mais les images m’assaillent. J’ai besoin d’avoir peur pour résister au néant.
6 mois d’entrainement sont nécessaires. Hervé, qui m’accompagne depuis plus de 30 ans, me connait très bien. Il sait mon fonctionnement. Il sait qu’il faut, dans l’effort, toujours me trouver des exercices plus ludiques qu’un simple enchainement d’exercices. Son but, dit-il ? Me transformer en machine de guerre. Être solide sur ses jambes, c’est capital. Ma respiration, celle qui me manque parfois quand l’angoisse reprend le dessus, est indispensable à un spectacle qui est finalement très physique. Le trac coupe les jambes, le trac serre la gorge... Il faut anticiper, protéger au maximum. Le menu, ma musculation pour sculpter un corps, prendre du poids que je brûle si rapidement pendant les répétitions... Et pendant 6 mois, le corps encaisse 3 séances par semaine, jusqu’à 5 le dernier mois. Hervé n’oublie jamais son mantra, qui m’apaise : "Tu seras prête Bip Bip, ne t’inquiète pas, tu seras prête". Il m’a surnommée Bip, comme le Bip Bip qui va très vite. Lui c’est Coyotte, comme Vil Coyotte... L’alimentation est surveillée, forcément. Des sucres lents, des protéines, boire beaucoup d’eau… et des gaufres ! Faut bien me réanimer après tous ces efforts, non ? Jean-Paul est un elfe. Un véritable alchimiste. Il transforme et transfigure les matières, les couleurs, les textures. Sa force, en plus de son génie, c’est de réussir à nous persuader que chacun d’entre nous est unique à ses yeux. Son regard est empli de malice, il brille de bienveillance et d’intelligence. J’aime profondément travailler avec lui, avec ses équipes. Nos premières réunions, pour parler de ce que j’imagine revêtir pendant ce spectacle, sont des moments passionnants, faits d’instant d’émerveillement, de vrais échanges et d’éclats de rires. Dans notre imaginaire, un peu comme 2 enfants terribles, nous devenons mari et femme. Il est à la fois un artiste et un grand artisan, dans ce que ce mot peut avoir de plus noble. Au fil des essayages, son coté visionnaire prend alors possession de mon corps afin de le rendre libre. Ses costumes se transforment alors en ailes de toutes sortes. Il m’aide à effacer la gravité de l’air. Il m’aide à raconter, grâce à lui, de nouvelles histoires. Il m’aide à tout réinventer. Imaginer à l’avance ce chemin qui me mène jusqu’à la scène est juste impensable. Je tente de faire le vide, de calmer les battements de mon cœur, mais j’ai le cœur dans la gorge. Je voudrais arrêter d’avancer. Mais je sais aussi qu’il est bien trop tard pour revenir en arrière, et tout se transforme alors, comme si une sorte de substance si puissante m’envahissait, et le désir de tout construire, de tout recommencer, au risque de me fracasser, s’imposait à moi, et me donne un sentiment que rien ne peut égaler : celui d’être vivante. Je suis comme une écorchée revêtue d’une armure. Plus j’avance, plus le bruit se rapproche, plus le rendez-vous avec celles et ceux qui m’attendent devient alors pour moi l’unique façon de respirer. Tout bascule, je suis dans l’autre dimension. Depuis le début de ma carrière, les textes de mes chansons ont toujours parlé à ma place. Ils ont été un rempart, mon rempart, pour répondre le moins possible aux questions des autres. Mettre des mots sur le réel ma toujours semblé insurmontable, pourtant à travers les images qui défilent sur la table de montage, j’ai le sentiment d’avoir ouvert une porte, de ressentir le désir de partager des moments plus intimes de ma vie. C’est le bon moment. Cette désobéissance à moi-même semble être une nouvelle forme de liberté conquise avec les années. Je m’abandonne parce que je n’ai plus peur d’être abandonnée. Ce soir, c’est le dernier concert à l’Arena. Et comme à chaque fois en moi, le sentiment de vivre et de mourir se mélange. Tant de mois à construire ce spectacle auprès de ceux qui pour la plupart m’accompagnent depuis le début : Laurent, Anthony, Thierry et Paul. Pour cet ultime concert, l’angoisse de ce double abandon m’étreint. Je ressens la peur irrationnelle de ne plus revoir le public. Il va falloir renoncer à ce sentiment de plénitude. Je vais devoir me sevrer de ce sentiment d’ivresse, me priver de cet inoubliable amour qui m’envahit chaque soir lorsque je chante. Rien ni personne ne pourra venir combler un tel vide. Dans ces instants-là, je voudrais posséder le pouvoir de retenir le temps, de briser le sablier qui égrène les secondes, de casser les aiguilles de l’horloge pour que tout se fige. Comme à la fin de chaque spectacle, je devais devoir rassembler ça et là les morceaux épars de ma vie afin de revenir sur terre. Je sais depuis toutes ces années qu’une force qui n’a pas de nom me porte. Je le sais, et puis à la fois j’oublie. Je vais avoir besoin de temps pour penser à l’après, pour accepter toutes ces séparations. En attendant de m’évanouir, le silence est mon refuge, le retrait ma religion. La dernière image m’apparait au moment de plonger dans la nuit : le visage de mon père, de ma mère et de mon frère qui me manquent. Les objets qui sont dans ma loge et qui m’entourent sont pour la plupart des cadeaux. Je les considère un peu comme des talismans. Ils me rappellent souvent une anecdote, une rencontre, un tournage, un moment de ma vie. Ils symbolisent aussi à leur manière la présence de ceux que j’aime. Je pose mes yeux sur leurs mystères : que peuvent-ils me raconter ? D’où viennent-ils ? Les objets - mais aussi les bagues - sont une façon pour moi de me définir. J’aime l’art sous toutes ses formes, j’aime dessiner aussi. Mon grand-père, que je n’ai pas connu, était sculpteur - si doué ! J’ai de lui un enfant assis, sculpté dans le plâtre, figure fragile qui de sa main va fouiller l’intérieur d’un crâne humain posé entre ses jambes. Décidément, la génétique ne ment pas...
❤️🔥🌹😘💐🐺🦌👏Si vous comprenez encore de quoi parle Milen, il n'y a pas de sous-titres, je traduirai les sous-titres français, je ne comprends pas la langue !!!?😊
Je voudrais tant, durant le spectacle, m’arrêter un instant pour découvrir chacun des visages présents dans le public. Je voudrais leur dire, un à un, que je les aime, que leur présence m’émerveille depuis si longtemps. C’est eux qui me donnent la sensation que le temps ne me fait plus peur. Je voudrais aussi leur dire que la peur des mots n’a rien de construit : je ne sais parler de moi que dans mes chansons. J’ai si peu de souvenirs de mon enfance, de mon adolescence. Les souvenirs s’échappent pour ne pas m’assigner à me retourner sur le passé, peut-être bien. Comme beaucoup d’entre nous, j’aurais pu noircir des pages et des pages sur ma vie, mais j’ai jeté la clé un jour de grande solitude. J’imagine que c’est ça... Il y a juste moi, sans conscience réelle de ce que j’ai construit. Je suis faite de mes rêves, de mes désirs, et de cette puissance absolue d’aimer et d’être aimée.
La beauté, la singularité, mais aussi les vibrations des choses inanimées m’inspirent une forme de paix. Ces objets m’accompagnent, me parlent de leur vie secrète, et surtout de ce qui se passe la nuit quand je dors.
Depuis l’enfance, le corps me fascine, la danse me transporte. Ce langage du silence a le pouvoir de transmettre d’une façon universelle les émotions les plus pures : la grâce, la volonté. La passion des gestes ne souffre alors aucun repos. La douleur sans cesse présente est transcendée par la passion. C’est une énergie contagieuse, un art qui ne permet aucun faux-semblant. Les corps sont à nu, risquent à chaque instant de se fracasser comme du verre en fusion.
Lorsque l’idée de faire ma première scène a pris une forme de réalité, j’ai tout de suite d’instinct su que ce pari ne pourrait avoir lieu que dans d’immenses salles de concert. Certaines personnes voulaient m’en dissuader, envisager un lieu d’une taille plus raisonnable... Mauvaise idée ! La folie me séduit bien plus que la raison. J’ai su immédiatement que ce serait impossible autrement, comme si ma timidité existentielle et ma peur des autres ne pourraient se surmonter que dans une forme d’immensité. Je savais que j’aurais besoin de cette incroyable étreinte pour oublier ma solitude. Je savais aussi que la peur, le cœur qui défonce la poitrine, l’envie chez moi de disparaitre ne pourraient se dissoudre que dans une équation folle. Était-ce, sans que je ne le devine alors, la seule façon pour moi de naître, tout simplement ? Ce serait ça, ou rien. C’était aussi sans doute, de façon inconsciente, la seule façon pour moi de me sentir aimée. Pour la première fois, des milliers de regards allaient se poser sur moi, m’offrant enfin la sensation que ma vie allait pouvoir trouver un sens. Et je pouvais le temps d’un concert partager une immense émotion avec l’Autre. L’Autre est mon salut.
Chaque fois qu’il y a un projet de scène, je ne peux l’imaginer sans Thierry, sans Anthony, ni Laurent. Laurent, c’est mon âme sœur de création. Nous nous affrontons parfois, nous nous mélangeons souvent. Nous avons traversé toutes ces années sans jamais oublier l’essentiel : continuer d’être portés par nos rêves, l’envie de surprendre, de dynamiter les codes établis, de transporter les gens.
Je retrouve avec émotion les techniciens, des musiciens avec qui j’avais déjà travaillé - aussi bien sur scène que pour mes albums - puis d’autres nouveaux. Très vite, j’ai su qu’ils seraient protecteurs. C’est la première fois que je me suis sentie aussi bien. Pendant 3 semaines de répétitions à la Seine Musicale, nous avons travaillé sans relâche. Mais nous avons partagé des moments de grande complicité, de vraie amitié.
Des heures et des heures passées ensemble devant un miroir, à traquer chaque défaut, répéter inlassablement, au risque de se blesser. C’est une discipline de fer, je suis plus qu’admirative ! Perception de la gravité, l’équilibre, le déséquilibre. Le refus de l’à-peu-près. Ils étaient 16. Ils étaient heureux d’être là. C’est un cadeau de la vie quand vous ressentez cette énergie.
Nous étions 3 chorégraphes : Parris, Aziz, et moi-même. Des langages du corps très différents, mais qui convergent vers un même point : donner un supplément d’âme à une chanson.
Bien sûr, dire à nouveau que je suis plutôt sauvage peut apparaitre comme une vieille lune. Pourtant c’est le cœur de ma nature. Je me suis construite autour de cette difficulté : celle d’être au monde. Il n’y a pas de secret à ce trait intime, c’est ma nature profonde. Il faut, pour entrer dans ma vie, qu’au premier regard échangé je devine chez l’autre quelque chose de familier, comme un souffle qui me transperce. L’instinct trompe rarement.
Pour ce nouveau spectacle, j’aperçois tant de visages connus, aimés. Nous avons partagé ensemble tellement d’aventures. À chaque fois que je les retrouve, la magie opère instantanément. Ils sont des repères familiers, des ancrages qui me tiennent arrimée au sol, surtout quand parfois j’ai envie de m’éloigner loin de moi, fuir celle qui va apparaitre et qui parfois m’échappe. Je m’accroche à leurs regards, ceux des musiciens, des danseurs, des techniciens. Pour ces concerts à l’Arena, je découvre aussi dans l’équipe de nouveaux visages. Ils sont tous parvenu, chacun à leur manière, à m’apprivoiser. Ils m’ont aidée à traverser le Styx pour m’approcher de vous, plus près, de plus en plus près.
Une règle d’or : ne jamais rien s’interdire, quel que soit le rêve. Environ un an de travail en amont, toutes les idées mises sur la table. Bien sûr, nous nous heurtons parfois à des obstacles. La faisabilité n’est pas toujours au rendez-vous. Un premier travail de scénographe, mais qui n’a pas porté ses fruits. Puis la rencontre évidente d’un projet qui répondait de façon fulgurante à l’atmosphère souhaitée. Dimitri, virtuose des lumières, avec qui j’avais travaillé en 2019, et Emmanuelle, scénographe de grand talent. Ils sont venus avec un dossier complet, un mood board incluant nos désirs premiers, nos cahiers des charges incontournables, et avant tout une atmosphère incroyable qui illustrait parfaitement mon souhait premier : plonger dans l’univers Blade runner
Surgit du vortex... Albator ! Albator est un personnage sombre qui vient de l’espace, un capitaine de vaisseau ténébreux, silhouette élégante. J’ai toujours été fascinée par ce personnage énigmatique, il me permettrait ma traversée de l’ombre à la lumière.
La première fois que j’ai découvert ce nouveau lieu, j’entendais les battements de mon cœur frapper mes temps, et je me suis dit : "Tu es folle". Cette phrase, combien de fois me la suis-je répétée ? J’ai alors tout de suite pensé à 2001 : l’odyssée de l’espace
J’ai regardé Thierry, Laurent : nos yeux brillaient. J’ai instantanément adopté ce lieu. Je me suis laissée traverser par ses ondes, sa hauteur, sa profondeur. J’ai imaginé alors que nous pourrions aller loin, très loin dans notre nouveau vaisseau, embarquer dans ce nouvel engin non identifié avec tous ceux que j’aime pour ce voyage en terre vierge. Pour cela, il a fallu tout imaginer, tout concevoir, tout construire, avec bien sûr cette frayeur qui ne m’a jamais quittée, toujours cette petite voix qui me dit : "Et si au moment de l’atterrissage, il n’y avait personne ?". Chaque jour qui passe est une page à écrire, il faut noircir les feuilles, construire, dessiner, fabriquer, créer de la magie afin que les couleurs éclatent, que la lumière advienne, afin de réveiller un astre éteint. Il faut fendre la matière noire afin que la nuit apparaisse. J’embarque avec mois dans ce vaisseau près de 110 personnes. Tout prend corps alors et tourbillonne autour de moi. Le soir, lorsque j’éteins la lumière, je tente de faire le vide mais les images m’assaillent. J’ai besoin d’avoir peur pour résister au néant.
6 mois d’entrainement sont nécessaires. Hervé, qui m’accompagne depuis plus de 30 ans, me connait très bien. Il sait mon fonctionnement. Il sait qu’il faut, dans l’effort, toujours me trouver des exercices plus ludiques qu’un simple enchainement d’exercices. Son but, dit-il ? Me transformer en machine de guerre. Être solide sur ses jambes, c’est capital. Ma respiration, celle qui me manque parfois quand l’angoisse reprend le dessus, est indispensable à un spectacle qui est finalement très physique. Le trac coupe les jambes, le trac serre la gorge... Il faut anticiper, protéger au maximum. Le menu, ma musculation pour sculpter un corps, prendre du poids que je brûle si rapidement pendant les répétitions... Et pendant 6 mois, le corps encaisse 3 séances par semaine, jusqu’à 5 le dernier mois. Hervé n’oublie jamais son mantra, qui m’apaise : "Tu seras prête Bip Bip, ne t’inquiète pas, tu seras prête". Il m’a surnommée Bip, comme le Bip Bip qui va très vite. Lui c’est Coyotte, comme Vil Coyotte...
L’alimentation est surveillée, forcément. Des sucres lents, des protéines, boire beaucoup d’eau… et des gaufres ! Faut bien me réanimer après tous ces efforts, non ?
Jean-Paul est un elfe. Un véritable alchimiste. Il transforme et transfigure les matières, les couleurs, les textures. Sa force, en plus de son génie, c’est de réussir à nous persuader que chacun d’entre nous est unique à ses yeux. Son regard est empli de malice, il brille de bienveillance et d’intelligence. J’aime profondément travailler avec lui, avec ses équipes. Nos premières réunions, pour parler de ce que j’imagine revêtir pendant ce spectacle, sont des moments passionnants, faits d’instant d’émerveillement, de vrais échanges et d’éclats de rires. Dans notre imaginaire, un peu comme 2 enfants terribles, nous devenons mari et femme. Il est à la fois un artiste et un grand artisan, dans ce que ce mot peut avoir de plus noble. Au fil des essayages, son coté visionnaire prend alors possession de mon corps afin de le rendre libre. Ses costumes se transforment alors en ailes de toutes sortes. Il m’aide à effacer la gravité de l’air. Il m’aide à raconter, grâce à lui, de nouvelles histoires. Il m’aide à tout réinventer.
Imaginer à l’avance ce chemin qui me mène jusqu’à la scène est juste impensable. Je tente de faire le vide, de calmer les battements de mon cœur, mais j’ai le cœur dans la gorge. Je voudrais arrêter d’avancer. Mais je sais aussi qu’il est bien trop tard pour revenir en arrière, et tout se transforme alors, comme si une sorte de substance si puissante m’envahissait, et le désir de tout construire, de tout recommencer, au risque de me fracasser, s’imposait à moi, et me donne un sentiment que rien ne peut égaler : celui d’être vivante. Je suis comme une écorchée revêtue d’une armure. Plus j’avance, plus le bruit se rapproche, plus le rendez-vous avec celles et ceux qui m’attendent devient alors pour moi l’unique façon de respirer. Tout bascule, je suis dans l’autre dimension.
Depuis le début de ma carrière, les textes de mes chansons ont toujours parlé à ma place. Ils ont été un rempart, mon rempart, pour répondre le moins possible aux questions des autres. Mettre des mots sur le réel ma toujours semblé insurmontable, pourtant à travers les images qui défilent sur la table de montage, j’ai le sentiment d’avoir ouvert une porte, de ressentir le désir de partager des moments plus intimes de ma vie. C’est le bon moment. Cette désobéissance à moi-même semble être une nouvelle forme de liberté conquise avec les années. Je m’abandonne parce que je n’ai plus peur d’être abandonnée.
Ce soir, c’est le dernier concert à l’Arena. Et comme à chaque fois en moi, le sentiment de vivre et de mourir se mélange. Tant de mois à construire ce spectacle auprès de ceux qui pour la plupart m’accompagnent depuis le début : Laurent, Anthony, Thierry et Paul. Pour cet ultime concert, l’angoisse de ce double abandon m’étreint. Je ressens la peur irrationnelle de ne plus revoir le public. Il va falloir renoncer à ce sentiment de plénitude. Je vais devoir me sevrer de ce sentiment d’ivresse, me priver de cet inoubliable amour qui m’envahit chaque soir lorsque je chante. Rien ni personne ne pourra venir combler un tel vide. Dans ces instants-là, je voudrais posséder le pouvoir de retenir le temps, de briser le sablier qui égrène les secondes, de casser les aiguilles de l’horloge pour que tout se fige. Comme à la fin de chaque spectacle, je devais devoir rassembler ça et là les morceaux épars de ma vie afin de revenir sur terre. Je sais depuis toutes ces années qu’une force qui n’a pas de nom me porte. Je le sais, et puis à la fois j’oublie. Je vais avoir besoin de temps pour penser à l’après, pour accepter toutes ces séparations.
En attendant de m’évanouir, le silence est mon refuge, le retrait ma religion. La dernière image m’apparait au moment de plonger dans la nuit : le visage de mon père, de ma mère et de mon frère qui me manquent.
Les objets qui sont dans ma loge et qui m’entourent sont pour la plupart des cadeaux. Je les considère un peu comme des talismans. Ils me rappellent souvent une anecdote, une rencontre, un tournage, un moment de ma vie. Ils symbolisent aussi à leur manière la présence de ceux que j’aime. Je pose mes yeux sur leurs mystères : que peuvent-ils me raconter ? D’où viennent-ils ? Les objets - mais aussi les bagues - sont une façon pour moi de me définir. J’aime l’art sous toutes ses formes, j’aime dessiner aussi. Mon grand-père, que je n’ai pas connu, était sculpteur - si doué ! J’ai de lui un enfant assis, sculpté dans le plâtre, figure fragile qui de sa main va fouiller l’intérieur d’un crâne humain posé entre ses jambes. Décidément, la génétique ne ment pas...
Ces confessions sont un livre!
Le meilleur à écrire...le sien!
Très belle parole qui apaise tu es très jolie voix
Très belle parole. Sa voix et ses mots m'apaisent 🧡. Merci beaucoup 💫
très jolie montage audio qui les rassembles tous en un belle image d'une grande netteté merci bien à vous ....
Albator, toute mon enfance. Moi aussi j'étais fasciné par ce pirate de l'espace.....merci Mylène
Objets inanimés avez-vous donc une âme "
Superbe vidéo toujours aussi émouvant d’entendre Mylène
BRAVO !
C’est vraiment chouette sa voix comme ça…♥️♥️♥️♥️
💞🌹
😍❤❤
❤️🔥🌹😘💐🐺🦌👏Si vous comprenez encore de quoi parle Milen, il n'y a pas de sous-titres, je traduirai les sous-titres français, je ne comprends pas la langue !!!?😊
У меня не работает Тик Ток в Крыму заблокирован сигнал в России!!!