Painlevé Valéry Méduses

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  • Опубликовано: 14 сен 2022
  • "Mallarmé dit que la danseuse n’est pas une femme qui
    danse. Car ce n’est point une femme et elle ne danse pas.
    Cette remarque profonde n’est pas seulement profonde,
    elle est vraie ; elle n'est pas seulement vraie, c'est-à-dire se
    fortifiant toujours plus à la réflexion, mais encore
    elle est vérifiable, et je l'ai vue vérifiée.
    La plus libre, la plus souple, la plus voluptueuse des danses
    possibles m’apparut sur un écran où l’on montrait de
    grandes méduses. Ce n’était point des femmes et elles ne
    dansaient pas.
    Point des femmes mais des êtres d’une substance
    incomparable : translucide et sensible. Chair de verre
    follement irritable, dômes de soie flottante, couronnes
    hyalines, longues lanières vives toutes courues d’ondes
    rapides. Franges et fronces qu’elles plissent, déplissent
    cependant qu’elles se retournent, se déforment, s’envolent,
    aussi fluides que le fluide massif qui les presse, les épouse,
    les soutient de toutes parts, leur fait place à la moindre
    inflexion et les remplace dans leur forme.
    Là dans la plénitude incompressible de l’eau qui semble ne
    leur opposer aucune résistance, ces créatures disposent de
    l’idéal de la mobilité, y détendent, y ramassent leur
    rayonnante symétrie. Point de sol, point de solides pour ces
    danseuses absolues ; point de planches, mais un milieu où
    l’on s’appuie par tous les points qui cèdent vers où l’on
    veut. Point de solides, non plus, dans leur corps de cristal
    élastique, point d’os, point d’articulations, de liaisons
    invariables, de segments que l’on puisse compter.
    Jamais danseuse humaine, femme échauffée, ivre de
    mouvement, du poison de ses forces excédées, de la
    présence ardente de regards chargés de désir, n’exprima
    l’offrande impérieuse du sexe, l’appel mimique du besoin
    de prostitution, comme cette grande Méduse, qui, par
    saccades ondulatoires de son flot de jupes festonnées,
    qu’elle trousse et retrousse avec une étrange et impudique
    insistance, se transforme en songe d’Éros ; et tout à coup,
    rejetant tous ses falbalas vibratiles, ses robes de lèvres
    découpées, se renverse et s’expose, furieusement ouverte.
    Mais aussitôt elle se reprend, frémit et se propage dans son
    espace et monte en montgolfière à la région lumineuse
    interdite où règnent l’astre et l’air mortel."
    Paul Valéry, extrait de Degas Danse Dessin
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Комментарии • 1

  • @mollypizzy4333
    @mollypizzy4333 Год назад +1

    Quel beau mariage entre film et texte !!!