Plutôt pas d'accord. Une grande partie de ce dont tu parles, c'est de la documentation, comme on le ferait pour une arme, un lieu ou une maladie mentale. Vérifier si descendre un escalier en chaise roulante est possible, d'accord, ça fait partie de la recherche nécessaire si on veut que le livre soit crédible. Mais je trouve que tenir compte de la sensibilité des lecteurs pour les protéger est une idée étrange. Un livre, ça peut être fait pour blesser, mettre en colère, insulter ou choquer, et c'est très bien ainsi. En plus, personne ne représente un groupe entier - pas plus les lecteurs sensibles que quiconque ne représente les blancs, les homosexuels, les chauves, les petits, les grands pieds ou les roux. L'idée qu'une personne « témoin » pourrait deviner ce qui gêne ou choque tout un groupe sur la base d'une caractéristique commune me semble improbable, presque dangereux. Cela dit, chacun fait ce qu'il veut. Je ne dis pas qu'il ne faut pas le faire, mais à mon sens, il n'y a aucune raison objective de s'imposer ce genre de contraintes.
Se documenter est important mais tant qu’on n’a pas vécu une situation, il y a plein de choses auxquelles on ne pense même pas. Bien sur que des infos générales peuvent être trouvées en se renseignant. Mais en ce qui concerne d’autres petites choses de LEUR vie de tous les jours auxquelles on ne peut même pas penser… seules elles peuvent le dire, pas nous. En ce qui concerne le côté « témoin » je dis justement dans la vidéo que j’ai fait appel à plusieurs lectrices car, justement, ce serait validiste et stupide de penser qu’elles pensent et vivent toutes de la même façon. Je sais pertinemment qu’un livre peut blesser mettre en colère etc, vu mes romans, mais il y a une différence entre aborder des thèmes qui remuent et remuer des personnes juste parce qu’on véhicule des fausses idées qui peuvent être insultantes
@@noemiebourgoisauteure Disons que nous sommes est à moitié d'accord. Parler à une personne concernée est une façon valide de se documenter, je vous rejoins sur ce point. Par contre, la dernière remarque me gêne. On peut se sentir insulter par la vérité ou conforter par un mensonge. La fausseté d'une idée est souvent difficile à débusquer objectivement. La question est, comment peut-on se sentir insulter par une idée que l'on considère comme fausse ? Le con étant celui qui dit la connerie, pas celui qui l'entends.
Parce que des personnes utilisent justement des idées fausses pour blesser, rabaisser et opprimer dans la vraie vie. Et, parfois, tant que nous n’y sommes pas nous mêmes confrontés, on ignore cette réalité.
Je ne crois pas savoir que Camus a fait appel à un tueur quand il a écrit L'étranger, ou que Nabokov ait consulté des victimes de pédophilie. Le talent, il est aussi dans "l’instinct du poète", dans la capacité à se projeter dans des problèmes qu'on a jamais connu, tout en étant pertinent. Si tu n'a jamais connu la guerre, dois tu t'interdire d'en faire le theme central d'une œuvre sous prétexte que ça pourrait blessé des gens qu l’auraient vécus ? Si on raisonne comme ça, on ne parle plus de grand chose.
Je dis explicitement dans la vidéo que ça ne veut justement pas dire qu’on n’a pas le droit d’écrire sur tel ou tel sujet :) et ça me semble évident qu’on ne peut pas savoir ce que cela fait de vivre une guerre… quand on ne l’a pas vécue. Cela veut-il dire qu’on n’a pas le droit d’écrire dessus ? Absolument pas, je ne dis à aucun moment ça dans la vidéo. L’exemple des victimes de pedophilies est un bon exemple, bon nombre de romans qui en parlent sans que la personne sache que c’est réellement véhiculent justement parfois des idées fausses, qui sont justement mauvaises pour les personnes qui sont concernées (l’idée de la victime parfaite, de la réaction classique que l’on attend de la victime etc). Interroger des personnes concernées et faire un réel travail de recherche fait partie du métier d’écrivain, selon moi. En fait, j’ai l’impression que vous n’avez pas bien saisi le sens de ma vidéo (ou que je n’ai pas été claire, peut-être).
Je trouve ça intéressant mais d'un autre côté un peu curieux. La sensibilité de chacun est différente même dans une situation d'handicap. Du coup, si j'ai un personnage dans un roman qui est privé de ses jambes et que dans sa construction il ne peut pas accepter cette situation et se bat pour remarcher, c'est considéré comme limite par la sensibilité d'un lecteur qui souffre d'handicap, il n'y a, à mes yeux, rien à faire. Il suffit que ce soit justifier et bien écrit dans le texte pour éviter la plupart des lacunes et comprendre la raison de ce choix par l'auteur. J'aurais tendance à dire à un lecteur que ça pourrait gêner de simplement éviter les sujets qui le trigger. Parce qu'au final c'est difficile d'adapter son écriture à toutes les sensibilités des gens ou leur vécu. Voir impossible. Se renseigner et pas écrire n'importe quoi, c'est très important, je dis pas le contraire. Mais pas au détriment de rendre un contenu lisse et aseptisé pour éviter de choquer qui que ce soit.
Il n’est pas question de lisser quoi que ce soit, je suis la première à ne rien lisser dans mes romans qui abordent des sujets délicats voire clivants. Mais surtout d’éviter d’écrire avec des idées reçues notamment que seules des personnes concernées peuvent mettre en évidence :)
Et c’est évident qu’on ne pourra pas s’adapter à toutes les sensibilités. Mais éviter de choquer et déranger la plupart alors que ce n’est pas notre objectif de base me semble important.
@@noemiebourgoisauteure Dans ce cas, ça serait intéressant d'avoir un panel de lecteurs sensibles et pas un seul. Tout comme avoir un seul avis d'un bêta-lecteur n'est pas pertinent. Mais ça me parait compliqué à mettre en place et très couteux
@@juliane-l3y je dis justement que j’ai fait appel à plusieurs lectrices sensibles :) beaucoup le font bénévolement, quand j’avais fait un appel pour la lecture sensible j’avais eu une vingtaine de réponses :)
Suis pas sensible à la lecture sensible, au moins dans le cas ou la propre sensibilité de l'auteur est une composante de son style, si Céline avait employé un lecteur sensible, il n'aurait pas produit 3 pages… Mais suis sensible à votre sensibilité, mais ça n'a rien à voir je crois 🙄
C'est hyper intéressant d'avoir des retours de lecteurs/lectrices sensibles 👍, indispensable dans certains cas.👍
Ce sont des lecteurs/triceps que tu as dans ton entourage ? Comment trouver son lecteur sensible ?
⭐ c'est super je ne connaissais pas 😮 ❤️
Nono Présidente ! Voilà 😊
1000% d’accord avec toi 🤍
🙌🙌🙌🙌🙌
Plutôt pas d'accord. Une grande partie de ce dont tu parles, c'est de la documentation, comme on le ferait pour une arme, un lieu ou une maladie mentale. Vérifier si descendre un escalier en chaise roulante est possible, d'accord, ça fait partie de la recherche nécessaire si on veut que le livre soit crédible. Mais je trouve que tenir compte de la sensibilité des lecteurs pour les protéger est une idée étrange.
Un livre, ça peut être fait pour blesser, mettre en colère, insulter ou choquer, et c'est très bien ainsi.
En plus, personne ne représente un groupe entier - pas plus les lecteurs sensibles que quiconque ne représente les blancs, les homosexuels, les chauves, les petits, les grands pieds ou les roux. L'idée qu'une personne « témoin » pourrait deviner ce qui gêne ou choque tout un groupe sur la base d'une caractéristique commune me semble improbable, presque dangereux.
Cela dit, chacun fait ce qu'il veut. Je ne dis pas qu'il ne faut pas le faire, mais à mon sens, il n'y a aucune raison objective de s'imposer ce genre de contraintes.
Se documenter est important mais tant qu’on n’a pas vécu une situation, il y a plein de choses auxquelles on ne pense même pas. Bien sur que des infos générales peuvent être trouvées en se renseignant. Mais en ce qui concerne d’autres petites choses de LEUR vie de tous les jours auxquelles on ne peut même pas penser… seules elles peuvent le dire, pas nous.
En ce qui concerne le côté « témoin » je dis justement dans la vidéo que j’ai fait appel à plusieurs lectrices car, justement, ce serait validiste et stupide de penser qu’elles pensent et vivent toutes de la même façon.
Je sais pertinemment qu’un livre peut blesser mettre en colère etc, vu mes romans, mais il y a une différence entre aborder des thèmes qui remuent et remuer des personnes juste parce qu’on véhicule des fausses idées qui peuvent être insultantes
@@noemiebourgoisauteure Disons que nous sommes est à moitié d'accord. Parler à une personne concernée est une façon valide de se documenter, je vous rejoins sur ce point. Par contre, la dernière remarque me gêne. On peut se sentir insulter par la vérité ou conforter par un mensonge. La fausseté d'une idée est souvent difficile à débusquer objectivement. La question est, comment peut-on se sentir insulter par une idée que l'on considère comme fausse ? Le con étant celui qui dit la connerie, pas celui qui l'entends.
Parce que des personnes utilisent justement des idées fausses pour blesser, rabaisser et opprimer dans la vraie vie. Et, parfois, tant que nous n’y sommes pas nous mêmes confrontés, on ignore cette réalité.
(Et justement je ne veux pas être le con qui dit la connerie ;) )
@@noemiebourgoisauteure On est toujours le con d'un autre, et c'est tant mieux.
Je ne crois pas savoir que Camus a fait appel à un tueur quand il a écrit L'étranger, ou que Nabokov ait consulté des victimes de pédophilie. Le talent, il est aussi dans "l’instinct du poète", dans la capacité à se projeter dans des problèmes qu'on a jamais connu, tout en étant pertinent. Si tu n'a jamais connu la guerre, dois tu t'interdire d'en faire le theme central d'une œuvre sous prétexte que ça pourrait blessé des gens qu l’auraient vécus ? Si on raisonne comme ça, on ne parle plus de grand chose.
Je dis explicitement dans la vidéo que ça ne veut justement pas dire qu’on n’a pas le droit d’écrire sur tel ou tel sujet :) et ça me semble évident qu’on ne peut pas savoir ce que cela fait de vivre une guerre… quand on ne l’a pas vécue. Cela veut-il dire qu’on n’a pas le droit d’écrire dessus ? Absolument pas, je ne dis à aucun moment ça dans la vidéo. L’exemple des victimes de pedophilies est un bon exemple, bon nombre de romans qui en parlent sans que la personne sache que c’est réellement véhiculent justement parfois des idées fausses, qui sont justement mauvaises pour les personnes qui sont concernées (l’idée de la victime parfaite, de la réaction classique que l’on attend de la victime etc). Interroger des personnes concernées et faire un réel travail de recherche fait partie du métier d’écrivain, selon moi.
En fait, j’ai l’impression que vous n’avez pas bien saisi le sens de ma vidéo (ou que je n’ai pas été claire, peut-être).
Je trouve ça intéressant mais d'un autre côté un peu curieux. La sensibilité de chacun est différente même dans une situation d'handicap. Du coup, si j'ai un personnage dans un roman qui est privé de ses jambes et que dans sa construction il ne peut pas accepter cette situation et se bat pour remarcher, c'est considéré comme limite par la sensibilité d'un lecteur qui souffre d'handicap, il n'y a, à mes yeux, rien à faire. Il suffit que ce soit justifier et bien écrit dans le texte pour éviter la plupart des lacunes et comprendre la raison de ce choix par l'auteur. J'aurais tendance à dire à un lecteur que ça pourrait gêner de simplement éviter les sujets qui le trigger. Parce qu'au final c'est difficile d'adapter son écriture à toutes les sensibilités des gens ou leur vécu. Voir impossible. Se renseigner et pas écrire n'importe quoi, c'est très important, je dis pas le contraire. Mais pas au détriment de rendre un contenu lisse et aseptisé pour éviter de choquer qui que ce soit.
Il n’est pas question de lisser quoi que ce soit, je suis la première à ne rien lisser dans mes romans qui abordent des sujets délicats voire clivants. Mais surtout d’éviter d’écrire avec des idées reçues notamment que seules des personnes concernées peuvent mettre en évidence :)
Et c’est évident qu’on ne pourra pas s’adapter à toutes les sensibilités. Mais éviter de choquer et déranger la plupart alors que ce n’est pas notre objectif de base me semble important.
@@noemiebourgoisauteure Dans ce cas, ça serait intéressant d'avoir un panel de lecteurs sensibles et pas un seul. Tout comme avoir un seul avis d'un bêta-lecteur n'est pas pertinent. Mais ça me parait compliqué à mettre en place et très couteux
@@juliane-l3y je dis justement que j’ai fait appel à plusieurs lectrices sensibles :) beaucoup le font bénévolement, quand j’avais fait un appel pour la lecture sensible j’avais eu une vingtaine de réponses :)
Suis pas sensible à la lecture sensible, au moins dans le cas ou la propre sensibilité de l'auteur est une composante de son style, si Céline avait employé un lecteur sensible, il n'aurait pas produit 3 pages… Mais suis sensible à votre sensibilité, mais ça n'a rien à voir je crois 🙄