Tellement heureuse de retrouver ce texte sur ta chaîne. J’ai une si longue histoire avec lui, depuis le collège… et il n’y a pas une année sans pleurer la mort de Nelly Arcan pour ma part. Merci pour cette lecture très fine que je ne trouve pas toujours partout, pour saisir le clair-obscur de Nelly Arcan … Cet endroit où elle est allée encore plus loin que la cure. Aujourd’hui encore, à l’heure où j’écris mon mémoire sur elle, je suis étonnée par la force de cette voix là qui perce aujourd’hui encore des femmes à travers les années. Il y a derrière ce texte quelque chose d’inaugural pour moi tant dans le porte-parolat que dans cette façon d’interroger avec une certaine mélancolie si la voix sera entendue. Il interroge pour moi le fait même d’être autrice, le désir d’écriture. De faire écriture. Il n’y a pas que du Dedans dans son livre, et je trouve tout à fait intéressant que ta première remarque porte sur cette ambiguïté : parler seule, parler à … Puis pour moi qui creuse en particulier le rôle de la voix, des cris et des gémissements, c’est jubilatoire de voir comment Cynthia déborde de son silence. Dans le livre, il y a comme tu dis une saturation presque auditive. Sa Cynthia parle et c’est mémorable. Je pense que ce retournement de situation est mémorable parce qu’il « met des mots là où il n’y a que des images », elle reprend ce pouvoir que la cure ne semble pas lui donner, de jouer avec les mots. Son écriture était tellement lucide et ses lectrices étaient dans la confidence. Elle a précédé toute la figure médiatique qu’on lui a construite. Il est étonnant de voir comment plusieurs de ses textes se saisissent des postures et des impostures qu’on va lui prêter dans les médias pendant sa carrière. Nelly Arcan savait, d’expérience, que ce spectacle allait la broyer. D’où la pertinence de faire intervenir des lectures matérialistes de la chose. J’aurais aimé qu’elle survive, j’ai le sentiment qu’Isabelle Fortier devait vivre. Sa Cynthia témoigne d’une fureur poétique qui pour moi suffit à toute sa mémoire : elle ne manque jamais dans les femmages, on en parle beaucoup actuellement et je comprends pourquoi. Dans le texte, je me rappelle surtout de cette collègue gémellaire avec qui elle imagine faire un duo, parler une langue secrète, réinventée, je paraphrase. Je me rappelle aussi les digressions qui s’étendent jusqu’au cosmos. Si seulement elle savait que bien des années après sa mort, des femmes continueraient de se rapprocher d’elles. Qu’elle rapprocherait des femmes avec son écriture pourtant si dure. Quelle drôle « d’ennemie », Nelly Arcan. Depuis que j’ai 14 ans, c’est mon amie et je sais pourquoi. Plus je lis sur elle et plus je sais que toutes les femmes qui l’étudient savent pourquoi. Je ne peux que recommander la lecture de ton propre livre qui interroge à bien des endroits l’œuvre de Nelly Arcan même si aujourd’hui tu le traites en vidéo. J’ai passé un très bon moment, je suis toujours très touchée quand j’entends parler d’elle, et quand des femmes continuent de la rencontrer. Olalah, mon commentaire s’épanche beaucoup mais j’adore … Merci hein.
@@ungraindelettres Un texte très intéressant autour de Nelly Arcan s’intitule Mon ennemie Nelly, de Karine Rosso qui montre aussi très bien cette proximité qui réunit autour de sa sa vie puis sa mémoire (je réponds sur le vif donc je me trompe peut être sur l’orthographe de son autrice) ! Mais pas si ennemie que ça, oui … sa voix ne l’était pas du tout pour le féminisme. Elle avait comme tu le décris une sorte de lucidité sur les structures qui mettent les unes contre les autres. Je crois qu’à l’époque certain.e.s se permettaient de dire que cette voix ne serait jamais acceptable en féminisme parce que trop … trop quoi, au final ? Et puis on trouve aussi des gens pour imaginer que Nelly Arcan vivante aurait été une anti #MeToo. Moi je ne suis pas d’accord. Dans mon coeur j’ai l’impression qu’elle aurait pu dire tellement de choses. Et je t’en prie !!! :)))
Tellement heureuse de retrouver ce texte sur ta chaîne.
J’ai une si longue histoire avec lui, depuis le collège… et il n’y a pas une année sans pleurer la mort de Nelly Arcan pour ma part.
Merci pour cette lecture très fine que je ne trouve pas toujours partout, pour saisir le clair-obscur de Nelly Arcan …
Cet endroit où elle est allée encore plus loin que la cure. Aujourd’hui encore, à l’heure où j’écris mon mémoire sur elle, je suis étonnée par la force de cette voix là qui perce aujourd’hui encore des femmes à travers les années.
Il y a derrière ce texte quelque chose d’inaugural pour moi tant dans le porte-parolat que dans cette façon d’interroger avec une certaine mélancolie si la voix sera entendue. Il interroge pour moi le fait même d’être autrice, le désir d’écriture. De faire écriture.
Il n’y a pas que du Dedans dans son livre, et je trouve tout à fait intéressant que ta première remarque porte sur cette ambiguïté : parler seule, parler à …
Puis pour moi qui creuse en particulier le rôle de la voix, des cris et des gémissements, c’est jubilatoire de voir comment Cynthia déborde de son silence.
Dans le livre, il y a comme tu dis une saturation presque auditive.
Sa Cynthia parle et c’est mémorable. Je pense que ce retournement de situation est mémorable parce qu’il « met des mots là où il n’y a que des images », elle reprend ce pouvoir que la cure ne semble pas lui donner, de jouer avec les mots.
Son écriture était tellement lucide et ses lectrices étaient dans la confidence. Elle a précédé toute la figure médiatique qu’on lui a construite. Il est étonnant de voir comment plusieurs de ses textes se saisissent des postures et des impostures qu’on va lui prêter dans les médias pendant sa carrière. Nelly Arcan savait, d’expérience, que ce spectacle allait la broyer. D’où la pertinence de faire intervenir des lectures matérialistes de la chose.
J’aurais aimé qu’elle survive, j’ai le sentiment qu’Isabelle Fortier devait vivre.
Sa Cynthia témoigne d’une fureur poétique qui pour moi suffit à toute sa mémoire : elle ne manque jamais dans les femmages, on en parle beaucoup actuellement et je comprends pourquoi.
Dans le texte, je me rappelle surtout de cette collègue gémellaire avec qui elle imagine faire un duo, parler une langue secrète, réinventée, je paraphrase.
Je me rappelle aussi les digressions qui s’étendent jusqu’au cosmos.
Si seulement elle savait que bien des années après sa mort, des femmes continueraient de se rapprocher d’elles. Qu’elle rapprocherait des femmes avec son écriture pourtant si dure.
Quelle drôle « d’ennemie », Nelly Arcan. Depuis que j’ai 14 ans, c’est mon amie et je sais pourquoi. Plus je lis sur elle et plus je sais que toutes les femmes qui l’étudient savent pourquoi.
Je ne peux que recommander la lecture de ton propre livre qui interroge à bien des endroits l’œuvre de Nelly Arcan même si aujourd’hui tu le traites en vidéo.
J’ai passé un très bon moment, je suis toujours très touchée quand j’entends parler d’elle, et quand des femmes continuent de la rencontrer.
Olalah, mon commentaire s’épanche beaucoup mais j’adore …
Merci hein.
Pourquoi une "ennemie" ? Je l'avais un peu, mais pas assez lue pour l'évoquer dans l'essai - merci pour tes mots, ils sont bouleversants.
@@ungraindelettres Un texte très intéressant autour de Nelly Arcan s’intitule Mon ennemie Nelly, de Karine Rosso qui montre aussi très bien cette proximité qui réunit autour de sa sa vie puis sa mémoire (je réponds sur le vif donc je me trompe peut être sur l’orthographe de son autrice) !
Mais pas si ennemie que ça, oui … sa voix ne l’était pas du tout pour le féminisme. Elle avait comme tu le décris une sorte de lucidité sur les structures qui mettent les unes contre les autres.
Je crois qu’à l’époque certain.e.s se permettaient de dire que cette voix ne serait jamais acceptable en féminisme parce que trop … trop quoi, au final ? Et puis on trouve aussi des gens pour imaginer que Nelly Arcan vivante aurait été une anti #MeToo.
Moi je ne suis pas d’accord.
Dans mon coeur j’ai l’impression qu’elle aurait pu dire tellement de choses.
Et je t’en prie !!! :)))
Vous avez, il me semble, une chanteuse Pomme qui évoque Nelly dans une de ses chansons.
j'ai adoré l'épisode, comme toujours ! et génial le moment des perles ;)
Merci ! (même si j'ai oublié le moment des perles 🤨)