Gérard Philipe lit 'Booz endormi' de Victor Hugo
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- Опубликовано: 31 янв 2010
- Il s'agit d'un enregistrement des années '50. J'ai copié cet extrait d'un disque microsillon acheté dans les années '70. Le grand Gérard Philipe lit ce célèbre poème de Victor Hugo d'une manière incomparable.
Booz endormi
Booz s'était couché de fatigue accablé ;
Il avait tout le jour travaillé dans son aire ;
Puis avait fait son lit à sa place ordinaire ;
Booz dormait auprès des boisseaux pleins de blé.
Ce vieillard possédait des champs de blés et d'orge ;
Il était, quoique riche, à la justice enclin ;
Il n'avait pas de fange en l'eau de son moulin ;
Il n'avait pas d'enfer dans le feu de sa forge.
Sa barbe était d'argent comme un ruisseau d'avril.
Sa gerbe n'était point avare ni haineuse ;
Quand il voyait passer quelque pauvre glaneuse :
- Laissez tomber exprès des épis, disait-il.
Cet homme marchait pur loin des sentiers obliques,
Vêtu de probité candide et de lin blanc ;
Et, toujours du côté des pauvres ruisselant,
Ses sacs de grains semblaient des fontaines publiques.
Booz était bon maître et fidèle parent ;
Il était généreux, quoiqu'il fût économe ;
Les femmes regardaient Booz plus qu'un jeune homme,
Car le jeune homme est beau, mais le vieillard est grand.
Le vieillard, qui revient vers la source première,
Entre aux jours éternels et sort des jours changeants ;
Et l'on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens,
Mais dans l'oeil du vieillard on voit de la lumière.
Donc, Booz dans la nuit dormait parmi les siens ;
Près des meules, qu'on eût prises pour des décombres,
Les moissonneurs couchés faisaient des groupes sombres ;
Et ceci se passait dans des temps très anciens.
Les tribus d'Israël avaient pour chef un juge ;
La terre, où l'homme errait sous la tente, inquiet
Des empreintes de pieds de géants qu'il voyait,
Etait mouillée encore et molle du déluge.
Comme dormait Jacob, comme dormait Judith,
Booz, les yeux fermés, gisait sous la feuillée ;
Or, la porte du ciel s'étant entre-bâillée
Au-dessus de sa tête, un songe en descendit.
Et ce songe était tel, que Booz vit un chêne
Qui, sorti de son ventre, allait jusqu'au ciel bleu ;
Une race y montait comme une longue chaîne ;
Un roi chantait en bas, en haut mourait un dieu.
Et Booz murmurait avec la voix de l'âme :
" Comment se pourrait-il que de moi ceci vînt ?
Le chiffre de mes ans a passé quatre-vingt,
Et je n'ai pas de fils, et je n'ai plus de femme.
" Voilà longtemps que celle avec qui j'ai dormi,
O Seigneur ! a quitté ma couche pour la vôtre ;
Et nous sommes encor tout mêlés l'un à l'autre,
Elle à demi vivante et moi mort à demi.
" Une race naîtrait de moi ! Comment le croire ?
Comment se pourrait-il que j'eusse des enfants ?
Quand on est jeune, on a des matins triomphants ;
Le jour sort de la nuit comme d'une victoire ;
Mais vieux, on tremble ainsi qu'à l'hiver le bouleau ;
Je suis veuf, je suis seul, et sur moi le soir tombe,
Et je courbe, ô mon Dieu ! mon âme vers la tombe,
Comme un boeuf ayant soif penche son front vers l'eau. "
Ainsi parlait Booz dans le rêve et l'extase,
Tournant vers Dieu ses yeux par le sommeil noyés ;
Le cèdre ne sent pas une rose à sa base,
Et lui ne sentait pas une femme à ses pieds.
Pendant qu'il sommeillait, Ruth, une moabite,
S'était couchée aux pieds de Booz, le sein nu,
Espérant on ne sait quel rayon inconnu,
Quand viendrait du réveil la lumière subite.
Booz ne savait point qu'une femme était là,
Et Ruth ne savait point ce que Dieu voulait d'elle.
Un frais parfum sortait des touffes d'asphodèle ;
Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala.
L'ombre était nuptiale, auguste et solennelle ;
Les anges y volaient sans doute obscurément,
Car on voyait passer dans la nuit, par moment,
Quelque chose de bleu qui paraissait une aile.
La respiration de Booz qui dormait
Se mêlait au bruit sourd des ruisseaux sur la mousse.
On était dans le mois où la nature est douce,
Les collines ayant des lys sur leur sommet.
Ruth songeait et Booz dormait ; l'herbe était noire ;
Les grelots des troupeaux palpitaient vaguement ;
Une immense bonté tombait du firmament ;
C'était l'heure tranquille où les lions vont boire.
Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth ;
Les astres émaillaient le ciel profond et sombre ;
Le croissant fin et clair parmi ces fleurs de l'ombre
Brillait à l'occident, et Ruth se demandait,
Immobile, ouvrant l'oeil à moitié sous ses voiles,
Quel dieu, quel moissonneur de l'éternel été,
Avait, en s'en allant, négligemment jeté
Cette faucille d'or dans le champ des étoiles.
Grandiose, Gérard Philipe... Tu es toujours le meilleur!
Quel talent !!! C'est si agréable de l'entendre !!!!
Fabuleuse rencontre du poète à son sommet et d'un acteur inoubliable, qui a enchanté ma jeunesse !
Cela me remmène à l'école il y à plus des 70 ans ! merci .
Content d'avoir retrouvé ce trésor!
Incomparable !!! Je me retrouve 65 ans en arrière, avec ma très chère Professeur de Français qui nous faisait découvrir et accéder à de si belles pages ....
Très beau poème, je l ai appris dès mon jeune âge.Quant à l acteur,il me rappelle le fameux film "Les liaisons dangereuses"/1960/noir et blanc/
La perfection existe.
Superbe narration! On y sent même le foin ....
J’adore...merci
ça c'est bien dit!
Splendid Hugo! C'etait une de moi
Une rectification s'impose.
Verlaine disait plutôt : 'L'art, mes enfants, c'est d'être absolument soi-même".
Merci pour votre réponse marquée au coin du bon sens.
Parallèlement à "La Blessure des Mots", j'ai écrit moi-même des poèmes de forme libre réunis sous le titre : "L'âme consumée".
Tout académisme en effet doit être banni.
Verlaine disait : "L'art, mes enfants, c'est d'être absolument poète". Il avait raison.
Bien cordialement.
Thierry
La force des mythes de nos origines racontés par le poète.
Je propose également une interprétation de Booz endormi, évidemment encore plus critiquable. Mais cela n'est pas grave, L'essentiel est que le charme de ce poème continue d'exister dans la diversité des voix qui veulent le faire entendre...
Je suis tout à fait d'accord avec votre analyse. J'écris moi-même dans les deux formes et n'ai jamais jugé que l'une était supérieure à l'autre. Néanmoins la "nomenklatura" littéraire semble actuellement imposer la forme libre, dans une démarche qui ressemble à la mise en place d'un nouvel académisme littéraire. Ce qui est paradoxal puisque son idéologie découle justement du refus de l'académisme pompier du XIXème siècle!
un être inoubliable et intergénérationnel
C'est vous qui avez écrit cela Mr Cabot; bel hommage. J'aurais une question à vous soumettre : croyez-vous véritablement en la réintroduction du vers dans la poésie contemporaine? Ou sommes-nous condamnés à n'entendre la musique de l'alexandrin qu'à travers le voile épais des siècles? (Je parle d'une hypothétique acceptation par la critique et le public littéraires d'un retour, fût-il partiel, du vers dans la poésie).
A ce sujet, je vous renvoie à deux articles intitulés respectivement : "Vive la poésie sur Internet" et "Plaidoyer pour une poésie de forme classique" dans lesquels j'ai abordé le sujet qui vous occupe.
Selon moi, les deux démarches sont néanmoins complémentaires. Forme libre ou classique, peu importe ! Tout est affaire de tempérament. Seul compte, en dernier examen, le talent de l'auteur.
Bien cordialement.
Thierry
Je n'ai pas apprécié le ton emphatique de Gérard Philipe quand il " déclame" ce poème de Victor Hugo " Booz endormi " aux alexandrins harmonieux . Les deux derniers quatrains sont d'une pureté qui ont imprégné toute ma scolarité , toute ma vie d"enseignante...
Mon oreille profane ne goûte pas non plus ce ton emphatique. Je ne ressens pas la légère note érotique du poème. Les textes bibliques étaient peut-être déclamer sur ce ton à l'époque.
Splendid Hugo! C'etait une decouverte veritable pour moi. Mais G. Philippe,qui je tant amait, ici n'est pas satisfaisant. Je suis d'acord avec margat14
Je n'aime pas ce ton emphatique, pompeux, surtout la première moitié. Et la voix nasille (enregistrement ?). Non vraiment.
"je me rappelle, quand j'étais jeune, combien je m'inquiétais, combien je questionnais tous azimuts les comédiens les profs de théâtre les chanteurs sur ce qu'était réellement la déclamation...
Je savais que j'allais en avoir besoin lorsque mon Adonis serait mis en scène.
Eh bien personne personne n'était foutu de me répondre, que des choses vagues, que des poncifs... Que des bêtises
La réponse que j'attendais j'ai dû la trouver tout seul, j'y ai mis le temps la voici" :-)
ruclips.net/video/FviUzqm8qck/видео.html
*****
ENPHATIQUE !
J’ai lu ce poème.
En le lisant, je n’entendais pas d’emphase. Plutôt de la douceur.
Gérard Philippe : Talent évidemment incontestable.
Alors, déçu. Ressemble presque à un texte dit par André Malraux. (Entre iciii Jean Moulinnnnn)
Ah, les modes !
"je me rappelle, quand j'étais jeune, combien je m'inquiétais, combien je questionnais tous azimuts les comédiens les profs de théâtre les chanteurs sur ce qu'était réellement la déclamation...
Je savais que j'allais en avoir besoin lorsque mon Adonis serait mis en scène.
Eh bien personne personne n'était foutu de me répondre, que des choses vagues, que des poncifs... Que des bêtises
La réponse que j'attendais j'ai dû la trouver tout seul, j'y ai mis le temps la voici" :-)
ruclips.net/video/FviUzqm8qck/видео.html
Je ne peux pas écrire que je n'aime pas mais je trouve que sa déclamation à quelque peu vieillie. Pas tout le temps mais à certains moments ça sent trop le solennel. Je dis bien : à certains moments.
"je me rappelle, quand j'étais jeune, combien je m'inquiétais, combien je questionnais tous azimuts les comédiens les profs de théâtre les chanteurs sur ce qu'était réellement la déclamation...
Je savais que j'allais en avoir besoin lorsque mon Adonis serait mis en scène.
Eh bien personne personne n'était foutu de me répondre, que des choses vagues, que des poncifs... Que des bêtises
La réponse que j'attendais j'ai dû la trouver tout seul, j'y ai mis le temps la voici" :-)
ruclips.net/video/FviUzqm8qck/видео.html
P
Très daté. Je ne sais pas comment il faut le dire, mais surement pas en déclamant
Aussi pourris q'un SDF mdr wallah
tu critique tes pote