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En 1996, France Gall avait nourri le projet de faire enregistrer les chansons de Michel berger en anglais par Whitney Houston et Mariah Carrey... Lorsqu'elle a enregistré son disque de best of remixé avec de nouveaux arrangements intitulé "France" aux USA, les Américains du studio avaient adoré la musique de Berger...

Il ne peut plus vous répondre... Mais en fait est-ce que c'est vraiment "çui qui di qu'y est ?" la réalité est un peu plus complexe. D'abord parce que figurez-vous, sur la question des libertés dans les pays communistes du bloc de l'Est, Ferrat était clair : réécoutez "camarade" et "le bilan" : Ferrat n'a jamais dit qu'on vivait forcément plus libre et plus heureux dans le bloc soviétique à l'Est, ce n'était pas son idéal de société ni le communisme dont il rêvait loin de là... Ferrat était certes sympathisant du PCF mais il n'était pas adhérent et conservait son esprit critique sur ces questions. Ceci étant dit, dans la chanson qui nous préoccupe, Jean Ferrat critique d'Ormesson non pas parce qu'il a dit uniquement qu'à Saïgon il y avait plus de liberté qu' à Ho Chi Minh ville, mais parce qu'il a selon lui, utilisé cet argument pour justifier dans son journal "Le Figaro" le bien-fondé de la guerre coloniale de la France en Indochine, lors de laquelle des soldats français sont morts pour rien, puis la guerre à outrance des Etats-Unis au Viet-Nam, durant laquelle des populations civiles ont été massacrées par des armes proscrites par le droit international (notamment le napalm et les armes chimiques défoliantes hyper-toxiques) ce qui constitue des crimes de guerre. Ce que Ferrat défend par ailleurs, ce n'est pas le régime politique nord-vietnamien c'est le droit du peuple vietnamien à l'indépendance et à l'autodétermination, deux principes fondamentaux du droit que le président américain Wilson avait lui même portés et instaurés à la SDN en 1917. Quant aux Etats-Unis, au temps de la guerre froide, au nom de la lutte contre le communisme, tout en prétendant défendre le camp de la liberté, ils ont eux mêmes soutenus des dictatures sanglantes en Amérique latine (Chili, Argentine entre autres) et même l'apartheid en Afrique du sud jusque pendant le milieu des années 1990, pour s'en détacher après la chute de l'URSS jusqu'en 1994 (www.monde-diplomatique.fr/publications/l_atlas_histoire/a54075) sans parler des lois de ségrégation dont ont été victimes les Noirs américains dans les états américains du sud jusqu'au milieu des années 1960. La réalité de la guerre froide est complexe, elle opposait deux formes d'impérialisme, mais Ferrat était un artiste engagé sans être enrégimenté. Voilà pour cette petite mise au point sur cette chanson-pamphlet, provocatrice certes, mais à prendre avec un peu de recul et à recontextualiser pour en saisir mieux la portée. Merci pour votre commentaire et votre visite. Bonne journée...

@@carlierbruno1846Cher ami, un peu d’ironie ne fait pas de mal. J’aime beaucoup Jean Ferrat. Je l’écoutais adolescent et il m’arrive de l’écouter encore aujourd’hui, notamment ses mises en musique d’Aragon. Ma France m’émeut au plus haut point. Sur ses idées politiques, il est resté tout de même le compagnon de route d’un parti qui a cautionné le système stalinien, un des pires régimes que la terre ait porté. Il a chanté Cuba Si à l’époque du parti unique et de la répression contre les anarchistes. Il a chanté au Palais des congrès avec les chœurs de l’Armée rouge devant un parterre de militants des JC qui entre deux chansons clamaient U.R.S.S. Quant à Ho Chi Minh, son régime était une abomination : collectivisation forcée, liquidation de milliers de trotskistes et j’en passe. Cela n’exonère pas les crimes des Américains je suis d’accord. Toutes ces abjections au final ne font que s’additionner pour faire du siècle passé un enfer pavé, et je parle pour des gens comme Ferrat, de bonnes intentions. Une anecdote : ma mère est morte à un âge avancée et voulait, toute gaulliste qu’elle fût pourtant, que l’on passe Ma France. Bien à vous, MG

Merci pour cette réponse franche, courtoise et cordiale, de plus en plus rare sur internet. J'admets une partie de vos arguments. Mais Ferrat a été sauvé de la shoah, de la police vichyste et des SS qui voulaient lui faire porter une étoile jaune après avoir déporté et assassiné son père. Il a été planqué et sauvé lui, sa soeur et sa mère, par un militant communiste, ce qui explique sa sympathie. Le PC a cautionné il est vrai des régimes staliniens, et c'était sans doute une faute grave rétrospectivement. Mais on ne peut pas réduire toute l'histoire du PCF à cela, pas plus qu'on ne peut juger les Etats-Unis uniquement à l'aune de leurs soutiens troubles et appuyés à des dictatures et des régimes racistes. Tous deux ont combattu le nazisme et ont contribué à la libération de la France, et le communisme a également contribué à l'élaboration d'une démocratie sociale, avec le gouvernement de Gaulle en 1945, dont nous sommes les héritiers. De plus, contre le colonialisme, l'engagement communiste était de mon point de vue là aussi très honorable. Ils n'étaient pas toujours dans le mauvais camp... Ayons en mémoire que l'histoire n'est pas blanche ou noire, elle est faite de nuances de gris... D'ailleurs, à l'époque, de Gaulle était-il aussi radicalement "antistalinien" (au sens large) que nos consciences d'aujourd'hui ? prenons un peu de recul... on peut rappeler que de Gaulle, même s'il était ouvertement dans le camp américain, et qu'il a condamné l'URSS dans les crises de Berlin, était globalement pour sa part loin d'être aussi hostile que les USA vis à vis des régimes du bloc soviétique lorsqu'il a exercé le pouvoir, d'abord en 1944-45 (visite à Moscou et signature d'un pacte d'alliance avec Staline), puis après son départ (opposition au réarmement de l'Allemagne et au projet d'armée européenne dirigée contre l'URSS) et enfin lors de la période de dégel entre 1963 et 1968 ( deux visites officielles, accords de coopération économique et scientifique avec l'URSS en 1966, reconnaissance de la Chine communiste, rupture avec l'OTAN, voyage au Mexique où il s'autorise de faire la critique de l'impérialisme américain en 1964 "la mano dans la mano" avec les tiers-mondistes... il fait un tabac ! Et ça plait aux Cubains (lol) qui se rapprochent de de gaulle à partir de 1967 (à l'époque de "Cuba si ! "les relations officielles franco-cubaines sont en réalité très détendues à ce moment là !), et en 1966 discours de phnom penh contre l'intervention américaine au viet nam. Sans parler de soutien ou d'adhésion à l'URSS comme le PCF, on ne peut donc pas parler d'une franche hostilité gaulliste vis à vis des régimes de l'Est, toute proportion gardée ... Tout cela prouve qu'à l'époque de Ferrat, le bloc communiste n'était pas l'incarnation du mal absolu pour de Gaulle... Enfin sur la chanson "Cuba Si !" il faut bien écouter le dernier couplet : "Adieu Cuba, adieu mon rêve à la peau brune Mes éperons d'argent sonnent sur tes galets Et mon cheval rêvé qui renifle la lune piétine déjà l'eau salée" beaucoup moins enthousiaste que le premier, la fin de la chanson montre un certain désenchantement : on promet la lune, la coupe, il faudra bientôt la boire salée et le rêve peut se briser comme verre... s'engager pour un idéal, mais pas pour un régime, c'était sa ligne de conduite ... Bonne journée et bien à vous...

@@carlierbruno1846 Merci de votre réponse. Je connaissais l’épisode de la guerre et cela explique sans doute beaucoup de choses dans l’attitude Ferrat. Vous oubliez quand même le pacte germano soviétique et le sabotage de l’effort de guerre et l’appel à la fraternisation avec les soldats allemands suivi des tentatives de faire reparaître l’Humanité en 1940. Si le courage des militants n’étaient pas en cause, les logiques de l.appareil étaient très éloignées de La Défense des intérêts de la classe ouvrière. De Gaulle était un réaliste en politique. Au sortir de la guerre le PC tutoyait les 30 % des voix et il ne pouvait faire autrement que les intégrer au gouvernement. C’était l’époque oû, selon Thoreau, le grève était l’arme des trusts et SétIf et Guelma une insurrection fasciste à écraser impitoyablement. Ce qui fut fait avec le concours de Charles Tillon, ministre de l’Air. Toute cette période est bien raconté dans le livre de Roger Pannequin «Adieu camarades » et dans le dumentaire de Bosco « Mémoires d’ex». Plus tard lors du Front républicain les députés du parti votèrent les pouvoirs spéciaux à l’armée (bataille d’Alger) dans le cadre du soutien à Guy Mollet. Parallèlement le mouvement des appelés fut brisée dans l’oeuf. Pour revenir à CdG, il était réaliste aussi en politique étrangère. Le discours de Pnom Penh, le rapprochement avec l’URSS et le soutien au tiers-monde, tournée en Amérique latine, reconnaissance de la Chine de Mao, rentrait dans le cadre d’une politique visant à l’indépendance de la France à l’égard des USA. Le PC et le mouvement gaulliste partagèrent des combats communs, notamment contre l’armée européenne. Ce qui n’empêcha pas le PC en 1958 de traiter le général de fasciste. Tout cela, le PC à fini par le payer très cher. Je vous accorderai que le vide qu’il laisse dans les banlieues est comblé par des forces tellement régressives (banditisme, salafisme) que parfois je me prends presque à regretter cette force militante sur le terrain qui savait combiner un puissant patriotisme et une défense des conditions de vie des travailleurs. Quel gâchis quand même le stalinisme ! La dernière phrase de Cuba Si est tout de même Que l’on peut vivre à Cuba pour une idée. Je ne fais pas de procès à Ferrat. C’était un homme qui respirait la sincérité, la générosité et bien sûr le talent, lequel lui a permis de fédérer des millions deFrançais de tous bords politiques. Mélancoliquement, MG

​@@michelgandilhon6613 Bonjour, merci pour vos remarques complémentaires. Certaines appellent néanmoins à être nuancées, car elles reprennent des polémiques politiciennes qui ne reposent souvent sur aucun fondement historique vérifié. D'abord, concernant le pacte germano-soviétique qui aurait conduit au "sabotage de l'effort de guerre" sur ordre et par les menées secrètes du PCF. D'abord, n'oubliez pas que c'est Daladier qui avec Chamberlain, a d'abord signé un pacte de non agression avec Hitler à Munich, bien avant Staline. Ce dernier dans ces conditions, se retrouvait isolé et a été amené, en raison de la lâcheté des puissances occidentales, à traiter avec Hitler. Il n'avait plus aucune confiance. C'est de la real politique, pas une déclaration d'amour. C'est en fait l'Angleterre qui a poussé la France à ne pas se rapprocher de l'URSS, par peur du communisme, la city de Londres voyant Hitler finalement plus comme un rempart que comme une menace, encourageait son gouvernement à traiter avec lui (voir article de la RTBF www.rtbf.be/article/l-angleterre-et-le-troisieme-reich-une-sombre-et-secrete-liaison-aux-ramifications-economiques-et-politiques-11182528). Concernant le "sabotage" en France en 1939-40, soyez honnête, les études historiques menées à ce sujet ne révèlent rien de probant, aucune archive, aucun indice, aucune élément concret qui permette de conclure à des actes massifs de détérioration suite à des appels délibérés du PCF et qui auraient eu un réel impact sur l'armement de la france (en réalité il y a eu seulement quelques actes isolés, et les tracts retrouvés concernaient uniquement l'envoi d'armes à la Finlande contre l'URSS). Sur la fraternisation avec les soldats allemands, idem. Tous les militants communistes ont rejoint leur cantonnement après la mobilisation, même Thorez cas isolé, qui a quitté la France sur ordre de Moscou mais pas de sa propre initiative. A partir de l'offensive allemande de mai 40, toutes les distributions de tracts pacifistes stoppent immédiatement. Les soldats français communistes mobilisés en 39-40 n'ont dans l'ensemble ni fraternisé ni déserté ni massivement ni même assez distinctivement pour qu'il en reste des traces vérifiables dans les archives militaires. Ces allégations sont juste du pipeau à prendre pour ce qu'elles sont faute de preuve.... Les tracts pacifistes étaient des formules politiques générales, pas des ordres de mission. Il n' y a pas eu de collaboration du pcf avec les nazis après la défaite, la demande de reparution de l'humanité ne suffit pas à établir d'actes concrets de collaboration, ni avec Vichy ni avec la puissance occupante. Les communistes arrêtés en 1939 pour pacifisme restent en prison et seront livrés comme otages en priorité lorsque la résistance communiste commence à tuer des officiers allemands (d'ailleurs contre l'avis des gaullistes). Entre 1941 et 1944, Il y a eu plus de communistes tués, torturés ou déportés pour faits de résistance que dans toutes les autres organisations politiques, et ça c'est du concret, du béton. Je trouve choquant qu'on continue à polémiquer sur des bases aussi insignifiantes : on a l'air de mettre en balance une demande de reparution de journal et des milliers de fusillées et déportés... C'est insoutenable et cela s'apparente à du négationnisme historique. Concernant Sétif, Charles Tillon a toujours dit dans ses mémoires parues en 1977 qu'il n'avait pas été mis au courant par le maréchal Juin (gaulliste chef de l'état major) de l'opération de répression et qu'il considérait que c'était un crime et qu'il avait sanctionné un général qui avait laissé faire (voir article mediapart blogs.mediapart.fr/yves-faucoup/blog/120513/8-mai-1945-les-massacres-de-setif-et-le-temoignage-que-m-avait-livre-charles-tillon). Sur les pouvoirs spéciaux il y a erreur : le PCF n'a pas voté les pouvoirs spéciaux lors de la bataille d'Alger de 1959. Ce sont ceux de 1956 octroyés à guy Mollet que les communistes ont accordés, alors n'oubliez pas que membre de la gauche SFIO, il avait pris ses fonctions pour ramener la paix en Algérie (ce qui lui valut de recevoir des tomates en arrivant à Alger lorsqu'il annonce la paix des braves). Guy Mollet avait donc entretenu une confusion sur ses objectifs. Le PCF lui donne les pleins pouvoirs pour stopper la guerre, et lorsque le pc comprend que Guy Mollet fait le contraire, il arrête son soutien... Enfin, le PCF a traité de gaulle de fasciste en 1958, recontextualisons : il dit cela au moment où l'armée française à Alger pousse de gaulle au pouvoir suite à un coup de force contre le pouvoir civil. Et il n'est pas le seul à crier à un déni de démocratie. A cette époque, l'ensemble de la gauche est contre le retour du général dans ces conditions, et contre le référendum sur la Ve république, dont les pouvoirs excessifs accordés au président a finalement conduit à la crise démocratique que nous connaissons aujourd'hui. Enfin, pour la dernière phrase de Cuba si ! vous oubliez juste les derniers mots : mais ceci est une autre affaire (c'est donc loin d'être une évidence pour Ferrat ! ).